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Joëlle Serve, Peinture. Fondation Taylor, du 5 au 28 janvier 2006. Catalogue Fondation Taylor. Préface d’Ambroise Valdi.
La peinture de Joëlle Serve s’avère mouvement, élan, élan de l’intériorité qui sur la toile se manifeste. Cet écho de l’invisible se marque dans les titres : « Plage de réflexion »,
« Le rêve porte loin », « Aux rivages de l’inconscient », « À la recherche du soi perdu », « Un ciel de réflexion », « Bouleversement intérieur ». On sait d’emblée que cet œuvre se situe sur le seuil de la manifestation, l’intériorité y prenant forme.
Celle-ci se révèle comme paysage, longues étendues mouvantes courant vers l’horizon. En voyant ces toiles pour la première fois, j’ai pensé aux paysages du peintre anglais William Nicholson, père de Ben, moins connu que son fils mais grand peintre. Sans doute cela tient-il au fait que les lieux sont similaires, hauteurs en bord de mer : la terre au ciel s’élève. S’ajoute à cela, chez Joëlle Serve, une dimension qu’on peut qualifier d’expressionniste. La touche picturale est un vecteur qui sans cesse mène le regard au-delà. Une fois encore, l’intention se manifeste dans les titres (« Le rêve porte loin », « En attente de la lumière », « Chemin vers l’infini », « Soleil noir de l’attente » ; c’est moi qui souligne). Ce dernier titre confine au romantisme, Hugo et Nerval.
La peinture, en « bouleversement », en « méandres », « orage » ou « big-bang », invite au dépassement, à l’explosion. Dans la toile dénommée « Big-bang », d’ailleurs, on pense aux nuages de Constable. On peut aussi évoquer Courbet et la grande peinture scandinave, mais surtout, en ces amples gestes qui se fixent sur la toile, je perçois une résonance musicale, un rythme fougueux, passionné, d’autant plus présent que les couleurs sont retenues. La palette se compose d’ocres, de bruns et de terre verte, à peine de bleu, à peine de rouge ou de jaune, en une touche qui anime le monde pour révéler, sur la toile et sous la dictée du démon intérieur, son au-delà.1, rue La Bruyère, 75009 Paris. 01 48 74 85 24.
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