Voyez le tableau
Colère – cela vous pouvez l’imaginer dans les limites de la raison,
la colère de Dieu, je veux dire, comme lorsqu’il dit :
« Seule l’écriture peut les punir assez.
De un jusqu’à dix, cela leur apprendra. »
Et pensif. Impossible d’entrer une seule fois
dans une église en Italie sans voir là-haut
un front tenant un roc en équilibre au-dessus de vous,
nos mains se transformant en grues
dans l’espoir de lui faire conserver sa hauteur, à ce Dieu
des Fresques. Saint François, al contrario
nous a dit qu’en ne quittant pas des yeux, avec fermeté,
avec amour, les yeux couleur de bave
de Frère Loup, nous faisions ce que Dieu
désirait le plus de nous, Dieu qui marche
sur les eaux de la Création aussi simplement
que s’il traversait du lino, Dieu dénonçant
du doigt la chose à laquelle vous pensez,
quelle qu’elle soit. (« Balance » dit la Mafia
dénonçant le mouchard, au cinéma,
pas vrai ? « Joey a balanstiqué Scarface. »)
Voici plus difficile pourtant. Le sourire de Dieu.
Personne n’est à la hauteur. Quand Dieu pense, cette fois-ci
dans le mouvement et l’action,
en regardant l’horloge sonner en sa complétude.
Où est le tableau qui va vous montrer cela,
manches retournées, sincérité d’oreille à oreille,
pour quelle étrangeté tout du long ! Pas une expression
qui jaillisse, mais à peine « franchement heureux. »
Jusqu’à imaginer comme il faudrait que soient
parfaites les dents dans un tableau où Dieu
sourirait – c’est à ce point, mes frères,
que même un Buonarotti y connaîtrait sa douleur.
Même si autrefois j’ai vraiment rêvé que Dieu
rembobinait tout en le rappelant à Lui,
presque absent, comme s’il avait empeloté
de la laine. Dans ce rêve,
quand la farce tout entière, du premier jour
à cet instant-ci, fut rapatriée,
rembobinée, le poids du monde
Lui allant comme un gant exactement,
l’horreur de l’un égalant à l’once près
la déception de l’autre, l’écheveau
achevé, la conséquence venue à terme, aussi simplement
une Fin que « Début » au bout de Sa langue.