Poésie : Rome Deguergue
29 septembre 2007
passe-muraille d’une époque imbécile & perverse
grand naufrage à chair triste & grisâtre vieillesse
de son ventre las surgit une rose
une graine du peuplier d’argent
amenée par la brise traversière
la vie prise en otage dans le bec du goéland
apparaît cavalière d’une marée l’autre
sur son ventre las surgit une rose.
*
les parents somnolent
à pas de Wolf l’enfant s’approche du monstre
lui parle l’apprivoise tapote son échine
le bloc sert de décor à l’aventure qui se tisse
dans son esprit de lutin
place forte soucoupe volante site de lancement spatial…
vois un autre le rejoindre puis encore un !
le jeu se dilate et la bataille devient navale
dans les esprits des mutins
à l’abri du regard des grands
frappes sur l’ennemi surgi de l’onde.
*
Les yoles dispersées vérifient leurs filets
de norde légère brise
le maigre à sa rumeur sera pris
c’est le mois de juillet
Les grands haveneaux ailes de papillon
poursuivis par la pâleur lunaire
traquent la crevette tournent en rond
O fleuve sauvage soumis au dur régime des marées
des vents des cavalcades d’alluvions !
Revoir les tempêtes les remontées de vases de sables
de mattes arrachée de barques renversées
de rives inondées de plages effondrées
L’homme dompte les fonds
pour rendre la mer immense navigable
Les yoles dispersées vérifient leurs filets
Rester ici encore quelques saisons
pour distinguer en janvier la danse des feux follets
qui par millions s’engouffrent dans l’estuaire
rechercher l’eau douce et fuir la mer
Créac esturgeon fortunes d’antan
ne troublent plus les courants de printemps
Et puis frémir à la vue de cet autre Drac
qui hante les eaux de Garonne teintées d’ocre
étrange agnathe au baiser mortel au regard de nacre
tandis que les jardins s’emplissent de giroflées
de myosotis de lilas débordant par-dessus les haies
par-delà la mer
parfum d’amande amère
somme près d’un carrelet
Les yoles dispersées vérifient leurs filets.
[Extraits de Accents de Garonne. Fasano di Brindisi : Schena editore, 2004.]