Poèmes de Patricia Keeney, traduits par Michèle Duclos et Magdelaine Gibson
24 septembre 2020
A Touch of the Goddess Crouched low in oven sand dunes, hiding She has pale sea-green eyes He’s a boy dazed She is red earth and billows of grain She wants him attentive- Acclaimed by crows in the aquamarine I feel her when there’s space and time | ![]() |
Approche de la déesse Tapie au creux des dunes brûlantes, Elle a des yeux de mer limpides, émeraude, Lui, c’est un jeune garçon ébloui Elle, c’est la terre rouge, les rouleaux de sable, Elle le veut attentif _ Acclamée par les freux dans l’aigue marine Je la sens quand l’espace et le temps |
Pen and Sword
I can do it in a book. Real life sings in silver wires You open your mouth and armies march out. So easy. Killing cannot bring acceptance while my mind revolted. It’s very female you say It is, I finally know, female. Any fine sharp point (nibs, needles) Our scrollwork of inclusion. Delicacy over pain. I will take my strong thin steel my slender line | ![]() |
La plume et l’épée
Je peux le faire dans un livre. La vraie vie chante sur des cordes d’argent Vous ouvrez la bouche et des armées s’élancent. Si facile. La guerre n’est pas ma façon à moi Tuer ne peut me faire accepter Alors que mon esprit se rebellait. Très féminin, dites-vous Féminin finalement, je le sais. Toutes pointes acérées (plumes, aiguilles) Notre rinceau d’inclusion. Jadis, c’était pour de petites bannières de soie La Tendresse sur la douleur. Je vais prendre ma lame d’acier, |
Poets Great and Small
Larger than life he held reluctant court roaring down his puny protégés "All poets. must be mad." And the trumpets of apocalypse Simple scorching answers : This prophet roaring under the sun on a pagan rock this man of timeless appetite. You and I my wounded hungry sister you and I hooked on kindness torsos trees the great Pacific shining spring’s sap running through us sexy tufted burrs hooking in won by wit and gentleness the strings of Spanish guitars waiting for hard and blunt and dangerous You and I he’d call minor poets | ![]() |
Poètes, grands et petits
Il tenait cour peu enthousiaste écrasant sous ses rugissements ses minuscules protégés « Tous les poètes se doivent d’être fous » Et les trompettes de l’Apocalypse Des réponses simples et brûlantes Prophète qui rugit sous le soleil sur un roc païen Homme à l’appétit intemporel Toi et moi, soeur blessée affamée Torses arbres le grand Pacifique brillant La sève du printemps coulant à travers nous sexy nous posant tel du pollen là où le vent nous dépose gratterons qui s’incrustent à gagnées à l’esprit et à la douceur Cordes de guitares espagnoles En attente du dur, du cru, du menaçant Toi et moi, pour lui des poètes mineurs |
War Babies Some friendly mirror drew us We accepted nothing on faith. I hung on for a while, stuck but you seemed to slide in quicksand. For the record Your Canadian evolution European culture turned You would unsettle me I’ve never forgotten them. Years later, your children. Pleased and hurt But look, the world gives you birthright. One newspaper story breaks Small phoenix flapping above the flame Your parents flipped the switch The face I know is charred Your face | ![]() |
Enfants de la guerre Nous n’acceptions rien sur parole. Je m’accrochai un temps, Mais toi, tu semblais glisser dans des sables mouvants. Pour mémoire Ton évolution au Canada La culture européenne s’avéra Tu me désarçonnais Je ne les ai jamais oubliés. Des années plus tard, tes enfants. Content et blessé Mais voici que le monde te donne ton droit de naissance. Un récit de journal rompt Petit phénix voletant au-dessus de la flamme Tes parents coupèrent le courant Le visage que je connais est noirci Ton visage |
Sleepless
She’s awake again. Count sheep, says her gentle snoring shepherd. Because numbers bore her. Words beckon and promise, play her. Count, drones her patient prodder Recklessly he’s evoked animal. Forlornly they bleat. What She must make narrative sense Anarchic, they refuse It’s not tragedy propping her eyes open. It’s the serenity of zero Not needing her. It’s not being needed. Not used up for the day Sleep tape tries its soothing mantra Lightning woman furiously herding sheep. | ![]() |
Sans sommeil
Eveillée une fois de plus Compte les moutons dit son gentil berger qui ronfle. Parce que les chiffres l’ennuient. Les mots font signe, prometteurs, se jouent d’elle Compte, susurre son patient conseiller Imprudent il a évoqué l’animal. Abandonnés tristement ils bêlent. Que Elle doit donner un sens narratif Anarchistes ils refusent Ce n’est pas la tragédie qui l’incite à garder les yeux ouverts. C’est la sérénité du zéro Sans besoin d’elle. C’est qu’on n’en ait pas besoin. Non pas usée pour le jour La bande du sommeil essaie son mantra apaisant Femme éclair furieusement rassemblant les moutons |
Sleepless est tiré de First Woman, Inanna, 2011. Les autres poèmes de Selected Poems of Patricia Keeney. Oberon, 1996.
Poèmes traduits par Michèle Duclos et Magdelaine Gibson