Michel Testut
29 septembre 2007
Michel Testut, Et mon cœur continue de battre. Périgueux : La Lauze, 2006.
L’auteur de ce livre qui conte le deuil refuse de se complaire dans la douleur et prône une littérature de la joie : « la joie d’être », en se réclamant de Giono.
« J’avais reçu en viatique une enfance heureuse et une adolescence romantique avec juste ce qu’il faut de révolte à une jeunesse épanouie. En bon petit militant du bonheur, j’avais adhéré à la cause des sens et du rêve au détriment d’ambitions plus rentables. J’étais résolu à être heureux comme d’autres à être riches. » (pp. 19-20)
Pourtant, Michel Testut fut confronté très jeune à la mort ; il en conclut que c’est cela qui l’a conduit à « refuser de céder au sentiment tragique de l’existence » (p. 26). L’évocation de la mort soudaine de l’épouse est introduite par un « Mais » (p. 29), car voici « le deuil qui surpasse en douleur tous les autres ». Le désespoir est tel que l’auteur parle de « la fuite des émerveillements » (p. 30) tandis que le passé s’impose. Michel Testut s’interroge sur le paradoxe qu’il y a, en pareil cas, à écrire, puisque la vie n’est pas contenue dans les mots, qui ne changeront rien au cours des choses.
« Personne ne peut rien pour moi. Quoiqu’on en dise aujourd’hui, et sans dénier la compétence des psychologues, le deuil est une affaire solitaire, silencieuse et intime. » (p. 53)
L’auteur de ce livre dit entrer « de force en dissidence, dans une sorte d’exil intime » (p. 54) et pense « qu’on peut pleurer une vie entière sans jamais en épuiser la terreur » (pp. 59-60). Il décrit les détails de l’absence et trouve tout de même dans le fait d’écrire une sorte d’issue curieuse : « Ecrire ne libère de rien, mais au contraire nous ramène. » (p. 98) Michel Testut parle pourtant de « triomphe de la vie » (p. 137). Son livre, très émouvant bien sûr, paraît le prolongement de cette parole incessante qui lie vraiment, dans la vie de chaque jour, là où se tisse l’amour, les gesn qui s’aiment : « Oui, nous nous sommes tant parlé ! Nous parlions tout le temps et partout, en voiture, à table, au lit, avant après l’amour. Longtemps, les murs de notre chambre me rediront ce que nous disions à voix basse, ces mots doux inspirés par l’amour. Oui, nous aimions tant parler ! » (p. 115)