Michel Cosem
25 avril 2015
Michel Cosem, L’Aigle de la frontière. Sayat : De Borée, 2014.
Ce nouveau roman de Michel Cosem prend pour décor les Pyrénées. Jean-Christophe vit de contrebande et, dès le premier chapitre, esquive la poursuite des douaniers, se trouvant dès lors en cavale. Le véritable sujet de ce livre, c’est l’errance du personnage qui met en valeur divers aspects de la montagne, ses parfums, ses gens, sa faune et sa flore. Sur cette toile de fond qui inspire réconfort et sentiment de permanence malgré l’éphémère de la vie humaine (le héros perd sa mère dans les premiers chapitres du roman), prennent forme peu à peu, au fil des pages ainsi que dans la conscience du jeune clandestin, les péripéties de l’Histoire, guerre d’Espagne, puis Seconde Guerre mondiale. Le romancier rappelle l’épopée pyrénéenne, et fondatrice, de Roland de Roncevaux. « La file indienne se reconstitua docile derrière Jean-Christophe. Il se dit qu’il ne savait rien de ces gens. La filière où il était progressivement entré tenait à cette sorte d’anonymat qui pouvait être utile en cas de danger, d’arrestation. » Là encore, la montagne inspire une prise de conscience plus profonde que la seule réponse à l’histoire et la révolte : « La montagne lui avait tout donné : la liberté, la connaissance, l’intelligence de la nature mais aussi celle des hommes, et cela était irremplaçable. » Elle offre une sorte de parcours initiatique, qui tient aussi de l’enchantement du conte.