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Introduction

24 septembre 2017

par Anne Mounic

L’audace, défiant la contrainte et refusant de se laisser intimider par la nécessité, ou la fatalité, fonde la liberté, consciente et assumée. L’enchaînement mécanique des causes et des effets s’enraie au moment où le sujet ose décider pour lui-même et dominer sa propre vie. La démarche, hautement personnelle, pose le particulier comme origine, puisqu’il s’autorise à commencer. L’audace, en ce sens, s’avère plus vigoureuse que la seule révolte, qui s’épuise à nier ce qui l’oppresse.
Robert Graves recommandait au poète une certaine intrépidité ; Benjamin Fondane remarquait que ce qui manquait à K. dans le célèbre roman de Kafka, c’était l’audace. Cette qualité, qui permet d’aller de l’avant en suivant sa propre voie, s’associe, dans l’œuvre, étroitement au singulier, si l’on entend par là l’individualité portée à l’oreille d’une seconde personne attentive. Elle permet de transcender le connu pour susciter l’inouï. Avec l’imagination, elle est une modalité de l’avenir, en son ouverture. Et il ne s’agit pas de transgression, concept qui implique un tel poids du passé qu’il en devient déterminisme auquel résister, mais de création, de disponibilité à l’inconnu qui s’esquisse dans l’œuvre. L’intrépidité, l’audace, s’accorde avec une conception fluide du temps qui passe.
Cette question peut s’aborder de plusieurs façons, comme en témoignent les contributions ici réunies. Christian Lippinois s’intéresse à « l’usage audacieux » que Mark Rothko fait de la couleur afin de créer dans le tableau un espace intérieur. Didier Lafargue veut voir, chez Antoine de Saint-Exupéry, une audace dans l’héroïsme. Nous examinerons ensuite, chez Victor Hugo, l’engendrement de l’avenir grâce à l’audace. Cette notion fut grandement mise en valeur par Chestov.


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