Hiver
L’horloge marque une heure de moins. Les lumières des boutiques
inondent la chaussée mouillée, ces rubans brisés
des feux rouges et des phares bancs emplissent
l’après-midi. Je suis triste.
Je conduis en t’imaginant toujours à mes côtés,
désirant partager le film que j’ai vu hier soir,
– sur la guerre qui sépare, et cette fin
où de vieux époux se retrouvent –
Jamais tu n’as appris à discuter tout en trouvant ta route
en même temps, me dit ta voix, taquine.
Eh bien, tu as raison, j’ai oublié de tourner ;
un instant, je souris du souvenir,
ayant sans cesse à l’esprit le fait que tu reposes tranquille
et replié comme un embryon sous le sol spongieux
sans attendre de naître, pénétrant en tournoyant
cette nuit sans la moindre trouvaille.