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Eamon Grennan : poèmes

26 avril 2010

par Eamon Grennan

Traduction de Michèle Duclos
Bee Fuchsia

At the first brief lull
in terrible weather
bees are back, each
entering headfirst
the upside-down open
nectar-heavy skirts
of wet fuchsia flowers
and seeming to say
quite still in that laden
inner space, only
the smallest shudder
of the two together
when the bee-tongue
unrolls and runs together
its tiny red carpet
into the heart
of what is no mystery
but the very vanishing
point and live centre
of the flowers’s instant
irrevocable unfolding,
then still again
while this exchange
(layer after layer of
Dusty goodness lipped,
Given) is taking place –
The flower flushed
And swelling a little,
The bee gently but
Hungrily clutching.
Fuchsia et Abeille

Au premier bref répit
par un temps affreux
les abeilles sont de retour, chacune
entrant tête la première
dans les jupes ouvertes,
renversées et lourdes de nectar
des fleurs de fuchsia mouillées
et semblant rester
entièrement immobiles
dans cet espace intérieur chargé, seul
le plus petit frémissement
des deux ensemble
quand l’abeille
déroule et dirige
le minuscule tapis rouge
de sa langue jusque dans le cœur
de ce qui n’est pas un mystère
mais, évanescent, le point
même et centre vivant
du déploiement instantané,
irrévocable, de la fleur,
puis c’est le calme à nouveau
tandis que cet échange
(couche après couche de
suave poussière lapée,
accordée) se passe –
la fleur toute rouge
quelque peu enflée,
l’abeille, doucement
mais goulûment agrippée.
Signland
 
Cicadas tear the air to flitters.
Stitch it together again
as though nothing had happened.
 
All the leaves of the locust trees
have been leached of greenness, burned
the brown of a penitential habit :
Brother Fungus does it.
 
Spectral mushrooms
bulging out of leaf mulch :
here, believe me,
the resurrection of the dead.
 
And what is that phantom raccoon doing,
staring us down by daylight –
little black-mask sadly lolling ?
 
The signs are not propitious,
though locked
two by two in turquoise glimmer flight
the dragon- and damsel-flies
 
rise and fall,
thrusting and trusting each other
over water
 
where the lone heron stands
reading his own face, patient
as daylight and waiting
in a long day’s silence
 
for another life to happen
suddenly upon it
and be the sense at last –
 
sweet-pulsing, full-blooded, bright
and beyond question —
he was hoping for.
Terre de signes

Les cigales déchirent l’air.
Le recousent
comme si rien n’était arrivé.
 
Toutes les feuilles des caroubiers
Ont été saignées de leur vert, brulées
Couleur brun de bure :
La Faute à Frère Fungus.
 
Champignons spectraux
masse émergent du paillis de feuilles :
Ici, croyez-moi,
c’est la résurrection des morts.
 
Et que fait ce fantôme de raton laveur
qui en plein jour nous dévisage -
petit masque noir qui se prélasse tristement ?
 
Ces signes ne sont pas propices.
Bien qu’immobilisées
deux par deux dans un vol turquoise étincelant
libellules et demoiselles
 
s’élèvent et descendent,
se retirent et s’attirent l’une l’autre
Au-dessus de l’eau
 
Où le héron, solitaire, debout,
déchiffre son visage, patient
comme la lumière du jour et attend
dans le silence d’une longue journée
 
qu’une autre vie arrive
soudain sur lui
et soit le sens enfin –
 
palpitant, vigoureux, radieux
et hors de toute question -
qu’il attendait.

J’adresse mes remerciements à Sylvaine Marandon pour sa collaboration et son aide précieuse.


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