Claude Vigée : Poèmes
30 septembre 2009
Par là-bas, quelque part
i.m. Evy
Sous l’horizon glacé des bouleaux et des hêtres
chemin pierreux du jour
sentiers en velours de la nuit
te rejoignent peut-être
déjà nulle part, dans le vide :
perdus à l’autre bout du Ried,
dans ton noir infini.
Soir du 19 avril 2009, Hasensprung, en Alsace
La double voix
J’emprunte au destin, tour à tour,
chemins terreux du jour,
sentiers de velours dans la nuit,
pour me rapprocher de la source intime
qui luit au cœur du roc, où bruit
le fin murmure de la clarté muette.
7 mai 2009
Passant près d’un banc vide
Bonsoir, petite Evy, bonsoir comme autrefois,
toi qui, depuis de si longs jours déjà,
demeures loin de moi.
Bonsoir dès que je passe à côté de ton banc
dans le parc étranger où nul ne va s’asseoir,
où personne dans le noir ne dresse les oreilles
quand le silence sur nous s’étend dans les buissons,
et que, très lentement, avec la nuit qui tombe,
s’éteint dans la pénombre le murmure de mes mots :
entre plaisir et peine,
à travers deuil et joie,
bonsoir, petite Evy, bonsoir et à bientôt,
comme alors, mon Evy, serrés l’un contre l’autre,
à deux sur ce vieux banc.
Parc du Ranelagh, Paris,
le 12 mai 2009
Ich geh àm e läre bänkel verbéi
Güede ôwe lièbs Evilé, güede ôwe wie frihjer,
dü wie so làng schun
witt ewegg bésch vun mièr.
Güede ôwe wenn’i verbéi geh àm läre bänkel dort
ém e fremde schtàdtgàarde wo jetz nièmets meh sétzt,
wo ken mensch ém dunkle sini ohre noch schpétzt
wenn’s rund um uns beidi én de hecke schtéll word,
un làngsàm noochem nàchtfàll
ém schàtte verschtummt min gemurmeldes word :
durich d’luscht sickert s’leid,
én d’r noot schprüdelt d’fraid,
güede ôwe, lièbs Evy, güede ôwe biss bàll,
wie vorhäre, lièbs Evy, uffem bänkel ze zweit…
Bàriss, parc du Ranelagh,
de 12. Mai 2009