Charles Walker : poèmes
1er mai 2008
DIMANCHE DES RAMEAUX EN ALSACE
On fait avec des branchesun bouquetune gerbeoù se mêlent le buisle laurierle sapinces rameauxon les liede papiers de couleurde rubansde ficellesqui s’agitent au ventà l’enfantqu’on habillede sa plus belle robed’un vêtementlégerde sandales pervencheson met entre les mainsle buissonnantPrintempsl’enfant porte l’éclatde cette joienouvelle.Vers cielil élèvele faisceauéclatantson espritqui exulteen l’airrejointl’oiseauil bâtit dans sa têtela citéedes merveillesl’idéogrammele traitconcrétion du désirl’inexistantbonheurqu’il nommeJérusalem.1983
SCHMEKCHAPO
Ma grand mère,qui survivait après la guerre,dans la misère,parfumait, quoique sans le sous, ses chapeaux de parfums délicieux. Aussi lui disais-je « grand maman Schmekchapo ! », c’est-à-dire « chapeau parfumé » Je lui dois une formidable inconscience et le goût de l’impossible. Elle mourut, la première d’entre les miens, des suites des camps ( Schirmeck- Struthof)
Radio Londres émettait lorsqu’on l’a emmenéec’était elle l’Afrique et les lions de Nubiela reine de Sabbat aux souliers de crocola parfuméela bellela librel’agonie.A la fin de l’Eté, le soir, près du canalnous marchions sous les grands marronniers et elle me disaitde Carthage les ruesles bateaux à Marseillela chaleurl’indigoles serpents, le sérum, le casque colonialle coffret en argent près du chien de porcelaine rougesa robe avait mille plisson pas était rapideet ses tallons claquaient sur l’asphalte des ruesIl y avait en elle un mystère inconnudu travail, de la joie et de l’amour perduelle était la chériela vision sur les toitsl’amie de la Volgacelle qui mourait sans sous.Par le trou de la haied’où il la vit partantl’enfant ne comprit pas ,son ombre s’éloignant,qu’il avait perduson seul et son premier amourcelle dont il tiendrait un jour ce goût de liberté.
8/12/1985.