Aphorismes
1er février 2006
(Extrait du recueil inédit Satori)
On peut vivre dans le monde sans être du monde.Il importe de se sentir présent à tout ce qui nous entoure, mais sans en rester encombré.◊ Il faut prendre plaisir à tout ce qui nous arrive. Le tragique est une idée fausse. Malheurs et deuils sont à retourner comme gants.◊ Qu’est-ce que le chaud et le froid ? Nous sommes nous-mêmes le chaud et le froid, car rien ne peut nous atteindre si tout est en nous.◊ Quoi que nous réalisions, c’est une œuvre. Que nous nous taisions, immobiles, ou bâtissions un instant, nous vivons pleinement.◊ Comment arrêter le carrousel des événements fous ? En s’arrêtant soi-même.◊ En allumant un grand nombre de lampes au ciel, l’univers nous montre à la fois la vitesse et l’immobilité.◊ Pour se vider de notre plein, une seule recette : refuser une à une les images dès qu’elles se présentent et fermer l’esprit.◊ Une source s’arrête de jaillir dès que nous détournons d’elle notre attention.◊ La plénitude est un chant intérieur. Si l’on bouge le moindrement, elle s’échappe aussitôt. Et si l’on reste immobile, elle ne chante plus.◊ Chacun est une infinité de mondes, tous différents et tous nous-même.◊ Il ne faut pas croire que les projets doivent être réalisés. Ils vivent en nous et cela suffit.◊ Les déserts sont vides. Nous seuls les emplissons de notre souffle. Et n’y rencontrons que nous-mêmes.◊ Comment marcher sans faire un pas ? En fermant les yeux pour mieux voir.◊ La conscience de soi ne peut venir que d’une distraction devant les spectacles du monde. Et si l’on n’est distrait, on n’est pas.◊ Aucune couleur ne pare les paysages. Les couleurs sont dans nos yeux, comme la beauté et les bruits de la pluie ou du vent.◊ Impossible de trouver meilleure vie que dans le détachement absolu, plus que par le simple sommeil. La mort elle-même n’y suffit pas.◊ Qui a osé parler du vin de Khayyam et du « trinc » de Rabelais sans avoir lu l’un ou l’autre et sans comprendre l’ivresse réelle de la curiosité ?