Martine Blanché, Indiennes. Colmar : Jérôme Do Bentzinger, 2011.
Nouveau recueil de Martine Blanché, où il est question de voyage et d’art. "Une procession d’éléphants d’un autre temps Invite un bouddha marcheur et son double écharpé Les yeux mi-clos Le bras en équerre A sourire à l’éternité dorée"
Haïm-Nahman Bialik, Le livre du feu. Traduction : Ariane Bendavid, Paris : Editions Caractères, 2008. 243
Le livre du feu de Bialik, donné à lire ici sous une très belle présentation et dans une traduction claire et précise, est en fait composé du long poème en prose qui donne son titre à l’ouvrage mais aussi de trois nouvelles, Regain, Derrière la clôture et Le clairon a eu honte. Le livre du feu a été écrit au cours de l’été 1905. Dans ce poème en prose, empreint d’un lyrisme ardent et symbolique, (...)
Pas d’ici, pas d’ailleurs. Anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines. Présentation et choix : Sabine Huynh, Andrée Lacelle, Angèle Paoli, Aurélie Tourniaire. Préface : Déborah Heissler. Montélimar : Voix d’Encre, 2012.
Ce recueil rassemble des poèmes inédits d’un certain nombre de femmes poètes s’exprimant en français et résidant en France ou ailleurs. Déborah Heissler, dans sa préface, parle de « polyphonie ». « Cette anthologie, pas d’ici, pas d’ailleurs, est née du désir de célébrer (...)
L’Inédit nouveau de Paul Van Melle
Pour janvier-février-mars 2017, Inédit s’annonce avec un portrait, par John Singer Sargent, d’Emile Verhaeren (1955-1916), le grand poète belge, des Villes tentaculaires notamment :
‒ O ces foules, ces foules,
Et la misère et la détresse qui les foulent !
Comme dans le numéro précédent, Paul Van Melle évoque les guerres, ici celle de 1914-1918. Il relatait à l’automne ses souvenirs de la Seconde Guerre mondiale, souvenirs d’enfant, avec son père.
Je veux rendre (...)
Alain Blanc, De la montagne et des premiers jours. Encres de Serge Saunière. Montélimar : Voix d’encre, 2003.
Les poèmes d’Alain Blanc apparaissent en rouge sur les encres de Serge Saunière, pâles ou contrastées.
« A peine émerge-t-elle de l’abîme,
cette chétive lueur que l’ensemble des êtres
humains peut produire d’instant en instant.
Conscience, gesticulations d’un insecte sur
le dos de vague en vague. »
Cette évocation de la vanité, mais aussi de la force chétive, de l’instant, qui évoque le (...)
Annie Briet, Désir de Lot. Périgueux : La Lauze, 2006.
Ce très joli volume, accompagné de photographies de Bernard Dupuy et Gérard Canou, et dédié à Michel Cosem, est le récit de promenades à travers le département du Lot : « Ces marches, je les ai vécues avec un intense enchantement de l’âme et j’ai connu comme une grâce inestimable ce que j’appelle des instants sans mémoire – ces instants où la plénitude de l’être est telle que l’avenir et le passé ne lui importent plus. » (p. 12) La marche constitue, pour (...)
Bertrand Degott, Plus que les ronces. Jegun : L’Arrière-Pays, 2013
Dans son dernier recueil Plus que les ronces Bertrand Degott se livre en déclinant, entre autres, son art poétique. Si celui-ci est fait de quintils en vers rimés comportant, d’après son auteur, des mots plus que du sens puisque « pour la théorie évidemment, c’est nul », c’est bien le lecteur qui, au final, décidera : « c’est à toi lecteur d’en décider / je fais de moins en moins confiance à mes idées. » Il devra alors constater que le (...)
Jakob Van Hoddis, Fin du monde. Traduit de l’allemand par Jean-François Eynard et Gérard Pfister. Edition bilingue. Paris-Orbey : Arfuyen, 2013.
Louis Aragon fut le premier traducteur en français de ce poète expressionniste né à Berlin le 16 mai 1887 et mort, dans des circonstances tragiques, en 1942, victime du nazisme en tant que juif et en tant que malade mental. Les poèmes de ce recueil couvrent la période qui va de janvier 1911 à décembre 1918.
Ces nuits n’étant pour nous que matins
de jours (...)
Eliane Biedermann, Le bleu des jours anciens. Photographies de Baya Kanane. Paris : Caractères, 2014.
Sous un titre un peu mélancolique, Eliane Biedermnn nous invite à une promenade poétique en deux temps : I. Solitude des roses ; II. Rituel de l’aurore. Il y est question de l’enfance, de tendresse et de souvenir. Les photographies de Baya Kanane accompagnent ce recueil de façon très élégante.
Le poème trace ses arabesques
sous une lune qui réinvente
les lézardes de la (...)
Claude Vigée, Etre Poète Pour que vivent les Hommes, choix d’essais, 1950 2005 Editions Parole et Silence, 2006
Ce volume regroupe un certains nombre d’essais sur des poètes et des prosateurs, pour la plupart français et contemporains, sans néanmoins suivre d’ordre chronologique ou thématique strict. La pensée de Claude Vigée s’élabore selon deux grands axes qui finissent par se rejoindre : en filigrane, l’influence double du Livre, à savoir de la pensée juive et chrétienne, accordant par la force des (...)
Eugène Braun, Promenade à chameau au clair de lune avec Touboul mon copain. Paris : Editions Marsa, http: // marsa-algerielitterature.info, 2013
Avant de disparaître en 1989, Eugène Braun avait raconté à ses enfants les aventures de ses jeunes années passées en Algérie puis celles de ses débuts dans la vie professionnelle. La famille en avait conservé des enregistrements. Ce sont ces derniers qui ont permis à Guy Braun, son fils, et Anne Mounic, sa belle-fille, de composer le plus fidèlement possible (...)
Georges Cathalo, Au carrefour des errances. St-Sulpice (Suisse) : Airelles, 2011.
« à quoi bon s’échapper
S’enfuir serait se fuir
Et se perdre en soi-même »
Georges Cathalo
(« L’échappée »)
Loin de toute rhétorique, au plus près des humbles et de leur quotidien, funambule des images et des mots, Georges Cathalo oscille entre détourner le cours du temps, décoder l’invisible et démêler l’écheveau des attentes. Dans ce court recueil (19 poèmes), la partie centrale intitulée « Les morts » (poème sensible et (...)
Singulier, rythme et dynamique de l’inaccompli
Henri Meschonnic ou l’énergie irradiante du poète
à Régine Blaig
et en mémoire d’Henri Meschonnic
Penser à partir du sujet, et non plus selon la fragmentation des divers objets qu’il produit, implique de saisir avant toute chose l’unité de l’élan créateur qui imprime sa marque singulière à tout ce qu’au fil du temps il énonce. Dans son Ethique de Nicomaque, Aristote associe l’art au possible, « dont le principe réside dans la personne qui exécute et non (...)
Hommage à Charles Tomlinson (1927-2015)
Né en 1927, universitaire, essayiste, traducteur du russe, de l’espagnol et de l’italien (éditeur de L’Oxford Book of Verse in English Translation), peintre reconnu en Grande-Bretagne et au Canada, Charles Tomlinson était avant tout un poète délicat qui tirait son inspiration de son Staffordshire natal, du Gloucestershire proche de Bristol où s’est déroulée toute sa carrière universitaire, et de nombreux voyages ou séjours en Italie, en Grèce, en Amérique du (...)
Entre corps et pensée, Jacques Ancet, Anthologie composée par Yves Charnet. Chaillé-sous-les-ormeaux : Le Dé Bleu, 2007.
Jacques Ancet, revue NU(e). N° 37, septembre 2007. Association NU, 29, Avenue Primerose 06000 NICE.
Deux livres paraissent simultanément autour de Jacques Ancet. L’un regroupe des fragments d’une grande partie de l’œuvre poétique de l’écrivain dans le cadre d’une anthologie et l’autre est composé d’entretien, de pages critiques ou poétiques accompagné d’une série de dessins (...)
Jacques Ancet, Portrait d’une ombre.
Alireza Rôshan, jusqu’à toi combien de poèmes.
Porchia, Voix éparses.
Toulouse : Erès, 2011.
Les éditions de sciences humaines érès se sont lancés dans une collection alliant deux termes, poésie et psychologie, avec Po&psy, car les poètes nous révèlent à nous-mêmes. Le format permet de glisser le livre dans une poche tout comme son prix unique. On obtiendrait presque « le petit futé » de la poésie avec, à chaque fois, une présentation différente dans des coffrets (...)
Jean Bensimon, Récits de l’autre rive. Paris : L’Harmattan, 2007.
Cet ouvrage est une nouvelle édition, revue et réécrite, d’un recueil de soixante-quatorze récits publié sous le titre L’Autre maison chez le même éditeur, en 2000. Trente-trois récits sont repris dans Récits de l’autre rive. Ils empruntent au fantastique l’extrême rationalité du style qui, à partir du réel, nous fait lentement dévier vers « l’autre rive », mais ne néglige pas le merveilleux des contes et ses figures, ange ou loup-garou. On (...)
Liliane Atlan, Le Maître-mur. Double hache, collection dirigée par Hugo Horst. Liancourt : Dumerchez, 2004. Couverture de Monique Marx. Relecture de Daniel Cohen.
Ce recueil de poèmes, en prose pour beaucoup, est traversé d’un espoir d’ouverture, mais aussi marqué de désillusion :
« Je ne parle à personne
Aucun chant personnel ne sauvera personne » (p. 58)
Le temps réserve des extases au sein d’une durée ingrate et sans joie – un enfermement :
« Nos moments de bonheur sont des pièces d’or
payées (...)
Marie-Françoise Bonicel, Entre mémoire et avenir : Essai sur la transmission. Paris : Editions du Palio, 2010.
Marie-Françoise Bonicel, docteur en psychologie, thérapeute et diplômée de sciences politiques et économiques, s’interroge dans cet ouvrage sur la question de la transmission aujourd’hui, partant du constat rebattu que le processus est « en panne » (p. 21) de nos jours, non seulement en ce qui concerne l’éducation, mais également dans le domaine politique, le Parti communiste et les (...)
Maurice Couquiaud, J’irai rêver sur vos tombes. Paris : L’Harmattan, 2010.
Ce recueil de poèmes se compose de quatre moments : « Le réel parle en fumée », « De l’ombre à la nuit », « Les clapotis du monde », « Par le bout du cœur ». Le premier vers, dans « Fumées », ouvre ainsi la lecture : « Mon visage d’enfant était encadré par la guerre. » (p. 13) Et l’ouvrage se clôt sur le vers qui donne son titre à l’ensemble, après cette belle strophe :
« Rêver, c’est enchanter les peut-être,
ouvrir le parapluie des (...)
Max Alhau, L’état de grâce. Brissac : Editions du Pavé, 2009.
Un prisonnier condamné à être pendu est subitement transféré au Palais de l’Empereur où il est affecté à la réorganisation de la bibliothèque. Il croit à sa rédemption quand deux gardes l’arrêtent de nouveau pour l’emmener dans une cellule du palais (« L’état de grâce »).
Un homme trafique la cocaïne avec une femme, Patricia, qui le dénonce. Il est condamné à trois ans de prison. A sa sortie il retourne chez elle, croit tuer Patricia, mais c’est sa (...)
Michael Edwards, Shakespeare, le poète au théâtre. Paris : Fayard, 2009.
« Pourquoi le plus grand poète anglais choisit-il d’écrire avant tout pour le théâtre ? » Telle est la question que se pose d’emblée, que nous pose, Michael Edwards dans son nouveau livre sur Shakespeare, qui reprend les cours donnés au Collège de France en 2007-2008. Cet ouvrage fait suite à la leçon inaugurale de la Chaire européenne au Collège de France, en 2001, Sur un vers d’ « Hamlet », à Shakespeare et la comédie de (...)
August Wilson, Gem of the Ocean, tr. V. Bada et C Pagnoulle. Besançon : Les Solitaires Intempestifs, 2020.
L’action se passé en 1904 et la scène d’un bout à l’autre se déroule dans la maison de Tante Ester, présentée comme « conseillère spirituelle, pilier de la communauté (noire) de Pittsburgh en Pennsylvanie. Aussi, pour réaliste et symboliquement contemporaine que soit l’action au départ (un ouvrier noir, Citoyen Barlow, un jeune ouvrier noir qui a fui le Sud et fait l’expérience de l’exploitation (...)
Jacques Ancet, petite suite pour jours obscurs, (peinture de Guy Calamusa). Arles : Editions Les Arêtes, , 2017.
Du 10 septembre au 3 décembre 2013, Jacques Ancet se penche sur la page dans une grande simplicité et un certain désœuvrement en épousant de brèves formes cadrées de cinq ou neufs vers blancs ou proses réduites à quelques phrases. Une paralysie semble prendre l’esprit de l’écrivain ou plutôt une certaine absence d’avenir. Quelque chose est compromis : « le couloir est sans issue ». « Les (...)
Anise Koltz, Pressée de vivre. Paris / Orbey : Editions Arfuyen, 2018. Après une parution récente dans la collection poésie aux éditions Gallimard, Anise Koltz poursuit son œuvre chez Arfuyen qui a déjà publié un certain nombre de ses recueils de poésie. Ainsi l’un des grands magazines de littératures, d’arts et sciences humaines québécois ne pourra plus ignorer cet écrivain luxembourgeois qui passait encore il y a moins de dix ans pour un grand inconnu ne valant pas vraiment la peine qu’on s’y (...)
Pierre Dhainaut, Et même versant nord. Paris : Editions Arfuyen, 2018. Il peut arriver que l’on commence la lecture d’un livre par la fin. C’est le conseil que l’on donnera au lecteur du recueil de Pierre Dhainaut, une prose de quelques pages qui s’intitule avec humour « prélèvement à la source ». Il n’y est nulle question d’impôts mais de l’enfance. C’est pourquoi ces pages sont intéressantes. Elles s’inscrivent entre l’essai et l’autobiographie. Elles situent le texte poétique dans l’éveil et la (...)
Markéta Theinhardt et Pierre Brullé, Kupka, Paris : Editions Centre Pompidou, 2018. « Pour l’artiste, la seule chose qui compte, c’est la démarche de la création dans laquelle les deux mondes – l’abstrait et le réel – s’affrontent. »
C’est tardivement que la publication des réflexions de Kupka, peintre d’origine tchèque (1871- 1957) et expatrié en France à partir de 1895, voit le jour. En 1989, nous avons enfin accès aux considérations du créateur sur l’art avec le livre La création dans les arts (...)
Richard Jefferies, L’Histoire de mon coeur. Paris : Editions Arfuyen, 2019.
Dans sa préface, « Une quête éperdue de la vie de l’âme », Marie-France de Palacio nous présente Richard Jefferies comme « un inconnu en France ». Il est tombé dans l’oubli après avoir traversé la seconde moitié du XIXème siècle et la première moitié du XXème. L’autobiographie spirituelle « L’Histoire de mon cœur », traduite et éditée aujourd’hui par les soins des éditions Arfuyen, était une référence importante pour certains écrivains (...)
Catalogue d’exposition, Veličković, Le grand style et le tragique, Paris : Adagp, 2019. Une exposition sur les créations de Veličković était attendue en France après celle qui s’était tenue il y a bientôt dix ans à Toulouse. C’est chose faite grâce à la fondation Hélène et Edouard LECLERC autour d’une centaine de peintures et dessins, études préalables aux peintures, exposés du 15 décembre 2019 au 26 avril 2020. Le lieu accueillant et paisible, autrefois couvent puis petit centre commercial, est désormais (...)
Robert Misrahi, Intensités : Lumières sur les petits bonheurs de la vie quotidienne et des loisirs. Lormont : Le Bord de l’Eau, 2016. Les voies de l’accomplissement : Itinéraire pour l’existence dans la littérature et la philosophie. Paris : Belles Lettres, Encre marine, 2016.
Paraissent simultanément deux livres importants de Robert Misrahi, qui se complètent tout en suivant chacun un axe différent. Ni l’un ni l’autre ne s’écartent des fondements de la pensée philosophique de leur auteur, mais (...)
Silvia Baron Supervielle, Sur le fleuve. Paris-Orbey : Arfuyen, 2013.
Ce recueil se compose de poèmes brefs, écrits en un langage simple et direct qui lie l’immédiateté de la notation à sa résonance existentielle.
ici venu de loin
le rêve se mêle
à la brume autour
des réverbères
d’or le voyageur
perd le désir
de passer
En dépit de la brièveté, la langue est liée :
le pas recommence
à réunir les ombres
semblables répandues
à expier le reflet
de l’abîme sur le sol
à graver les traces
vives (...)
De l’extrême importance du croquis pris sur le vif
puisque le ciel est sans échelle
Dessins d’Arthur Goldschmidt au camp de Theresienstadt
Publié sous l’égide du Ministère de la Défense par Créaphis Editions en 2015, ce livre, paradoxalement, est un beau livre, extrêmement soigné dans sa présentation, et frappant par la qualité de ce qu’il nous donne à voir. Père de Georges-Arthur Goldschmidt, qui introduit l’ouvrage, Arthur Goldschmidt, né à Berlin le 30 avril 1873 dans une famille juive convertie au (...)
Alain Borne, Treize suivi de Indociles, poèmes. Postface de Philippe Biget. Sagnat : Fondencre, 2008.
Un accident de voiture a mis fin prématurément, à l’âge de 47 ans, à la carrière prometteuse d’Alain Borne, né en 1915, ami dans la résistance d’Aragon et de Pierre Seghers, avec qui il fonde la revue Poésie 40 promise à une longue et brillante carrière en changeant son chiffre au fil des années. Hommage lui a été rendu à mainte reprise après sa disparition, à partir de ses nombreux poèmes laissés inédits (...)
ARESER, Christophe Charle et Charles Soulié (dir.), Les ravages de la « modernisation » universitaire en Europe. Collection « La politique au scalpel ». Paris : Syllepse, 2007. Ouvrage publié avec le soutien de la Chaire de sociologie historique de l’Institut universitaire de France.
L’Université française subit depuis plusieurs années un certain nombre de « réformes », dont on nous dit qu’elles visent à l’unification européenne, de façon à favoriser la « mobilité » des étudiants au sein de l’Union. Au (...)
Claude Vigée, L’extase et l’errance. Paris : Orizons, 2009. Première publication, Grasset, 1982.
La double voix. Paris : Parole et Silence, 2010.
Dans cet ouvrage capital pour la compréhension de l’œuvre de Claude Vigée et pour une approche de l’éthique et de l’œuvre littéraire et poétique en Occident, le poète commente sa volonté de mêler conjointement, sans les confondre, prose et poème dans ce qu’il nomme le « judan », dont le premier eut pour titre L’Eté indien et fut (...)
Annie Briet, Eveil de feuilles et de racines. Colomiers : Encres Vives, 2006.
L’univers d’Annie Briet est un univers de l’instant, des moments du jour dans la nature : « Soleil levant » (p. 2), « Soirs d’été » (p. 3), l’aube (p. 2), la nuit (p. 3), « ce matin », dans « Stupéfiante nouvelle » (p. 6). Qui dit nature, dit rythme des saisons, (« Saisons », p. 7), l’été étant la préférée, même si la neige est invoquée (p. 10), et « Testament d’avril » (p. 5), le cours du monde se voyant confier au coucou « qui (...)
Gabrielle Bernheim Rosenthal, Journal (1897-1932). Présentation et commentaires de Claude Bremond. Préface de Bertrand Tillier. Collection Sources. Dijon : Editions universitaires, 2014.
Nos lecteurs, qui connaissent le Journal de Gabrielle Bernheim Rosenthal par les extraits que nous en avons publiés, trouveront dans ce volume l’intégralité du projet, publié par les soins de Claude Bremond, accompagné d’une préface de Bertrand Tillier, dont nous reproduisons ces lignes : « Claude Bremond nous (...)
Georges-Emmanuel Clancier, Mémoires inédits. Pages choisies.
Cahiers Robert Margerit, n° XV - décembre 2011. Revue d’auteurs limousins.
A la suite d’une évocation, en de nombreux articles, de Robert Margerit et de son œuvre, la revue consacrée à cet écrivain publie des extraits des mémoires de Georges-Emmanuel Clancier. Il y parle de son ami romancier, qui fut aussi graveur, témoin la reproduction d’une linogravure, Odette nue, et retrace également quelques souvenirs du Limousin autour de 1937. On (...)
Gérard Bessière, La sève de nos vies. La Riche : Diabase, 2011.
En exergue au livre, une comparaison de l’être humain au végétal est établie autour de deux sèves qui circulent en suivant deux mouvements opposés. L’une s’inscrit dans l’instantané, l’autre est pénétrante, « brute » ou « élaborée ». Elles sont basées sur la réminiscence de ce qui s’est infiltré en soi. C’est donc autour du souvenir que les fragments de récit trouvent leur source avec une relation constante aux arbres et aux plantes. L’auteur nous (...)
Gösta Ǻgren, Une vallée dans la violence. Traduit du suédois (Finlande) par Christina Thorn. Édition bilingue. Gardonne : Fédérop, 2004.
J’ai entendu pour la première fois la poésie de Gösta Ǻgren, poète finlandais de langue suédoise, par la voix de sa traductrice, Christina Thorn, lors d’une lecture de poésie à laquelle nous participions, Vivienne Vermes et moi, l’an dernier, à la Maison de l’Europe, dans le cadre du Printemps des Poètes. Tout de suite, je me suis sentie en accord avec ce poète qui (...)
« Le livre d’une vie », notes de lecture autour de Poésie complète, de Henry Bauchau, éd. Actes Sud, 2009.
Il y a des livres qu’on lit, et d’autres que l’on vit. Non par je ne sais quel bovarysme foncier, mais d’abord par nécessité existentielle de « manger le livre » (Gérard Haddad), de s’y ressourcer profondément, de rêver sa vie de « rêveur définitif » (André Breton), par goût de vivre, enfin, rythmant le goût des livres.
Et puis surgit la rencontre.
L’œuvre d’Henry Bauchau est pour moi de ces (...)
Le style d’une existence ?
Notes sur Le Boulevard périphérique, d’Henry Bauchau, éd. Actes Sud, 2008.
Qu’est-ce qui fait tenir un grand livre ? Peut-être pourrions-nous répondre assez facilement à cette question, en trouvant une réponse toute prête, toute faite : « La force d’un style ». Ce ne serait pas faux.
Ce ne serait pas faux concernant Le Boulevard périphérique, d’Henry Bauchau, paru aux éditions Actes Sud au début de cette année.
Pourtant, il faudrait immédiatement se reprendre : le (...)
Hommage à Jean Luc Wauthier
Apprenant le décès brutal de Jean-Luc Wauthier, une poète japonaise domiciliée en Belgique habituée des Biennales Internationales de Poésie de Liège s’écriait : « Il était comme la Meuse : un fleuve calme qui ne laisse personne indifférent par son récit qu’il raconte avec sa belle voix sonore et qui traverse la Wallonie et la France. » Calme, Jean-LucWauthier, JLW pour ses amis, ne l’était pourtant pas, boute-en train infatigable qui animait de sa belle voix sonore les (...)
Jacques Ancet, Les travaux de l’infime. Dessins d’Alexandre Hollan. Toulouse : érès, 2012.
L’infime, pour Jacques Ancet, ce serait presque l’invisible si le poète ne s’y intéressait. « On entre dans ce qu’on ne sait pas », écrit-il au début du recueil. La situation s’avère paradoxale : « Mais dans l’infime, on n’entre pas. / On y est soudain, sans le savoir. » Et l’infime ressemble à l’inouï, qu’il faut savoir percevoir même si : « Ce qu’on entend est sans mot. » On remarquera l’emploi du « On », (...)
Jacques Ancet, Ode au recommencement. Corse : Editions Lettres Vives, 2013.
Retour après absence. Sans doute est-il question dans cette Ode au recommencement d’une absence à l’écriture puisque le poète ne semble exister qu’au moment où il prend voix dans la langue. Lorsqu’il revient c’est pour une année traversant toutes les saisons. « Je reviens, oui, mais qui dit je dans le ballet des ombres ». « (…) il y a tout ce que je ne dirai pas et qui m’accable, j’ouvre un cahier et j’écris autre chose, (...)
Jacques Ancet, Les livres et la vie, peintures d’André-Pierre Arnal, St Jean-La-Bussière : Editions Centrifuges, 2015.
Les livres et la vie se présente comme une autobiographie de la création, c’est-à-dire un retour sur une vie rythmée par la lecture, la traduction et la production personnelle. Ce livre intéressera surtout celui qui a déjà une approche de la création de Jacques Ancet. Dès les premières pages, celui-ci fixe ce qui fut essentiel à sa formation : quatre poèmes d’auteurs retenus au cours (...)
Jacques Éladan, Poètes juifs de langue française. Paris : Courcelles Publishing, 2009.
Ce beau travail d’anthologie, très attachant, constitue l’entière refonte de l’ouvrage paru en 1922 aux Éditions Noël Blandin sous le même titre. Il s’en dégage une véritable harmonie qui prend sa source dans la justesse avec laquelle sont présentés les auteurs, la qualité du choix des poèmes (on aimerait qu’il y en eût davantage pour les auteurs qu’on apprécie particulièrement mais c’est aussi le rôle d’une anthologie (...)
Martine Blanché, Carmin sur glace. Préface de Jacques Goorma. Colmar : Jérôme Do Bentzinger éditeur, 2013.
« Un carnet de croquis », annonce Jacques Goorma. Le recueil débute en effet avec du « Rouge vénitien » ; la quatrième séquence est « rose pétillant », et l’on se promène en Europe, en Inde ou bien en Alsace. On reconnaît ci-dessous Berlin. Il suffit d’avoir lu Alfred Döblin :
Un goût de curry près de l’Alexanderplatz et ses mosaïques marxistes
Un parfum de basilic et de riz gluant sur la chaise de (...)
Michel Cosem, L’Aigle de la frontière. Sayat : De Borée, 2014.
Ce nouveau roman de Michel Cosem prend pour décor les Pyrénées. Jean-Christophe vit de contrebande et, dès le premier chapitre, esquive la poursuite des douaniers, se trouvant dès lors en cavale. Le véritable sujet de ce livre, c’est l’errance du personnage qui met en valeur divers aspects de la montagne, ses parfums, ses gens, sa faune et sa flore. Sur cette toile de fond qui inspire réconfort et sentiment de permanence malgré (...)
Michèle Finck, Balbuciendo. Paris : Arfuyen, 2012.
Dans Balbuciendo de Michèle Finck on entend avant tout un combat où la parole poétique se heurte à deux deuils : « mon amant fou mon père mort ». Deuils qui ne se répètent pas, ne se confondent pas, mais renvoient la parole à une errance de l’un à l’autre. Balbuciendo creuse ces deuils, tombeaux du poème. Tombeaux des corps, de « l’amour mort » (« l’amour et l’échec de l’amour »).
Dans Balbuciendo s’énonce une poétique de la destruction, qui prend la (...)
Mildred Clary, Benjamin Britten ou le mythe de l’enfance. Paris : Buchet/Chastel, 2006.
Cet ouvrage propose une biographie très documentée, sensible et tout acquise à son sujet – ce célèbre musicien anglais né à l’aube de la Première Guerre mondiale et mort en 1976, Benjamin Britten, auteur, entre autres, du fameux War Requiem (1961), écrit à partir de poèmes de Wilfred Owen, poète de la Grande Guerre, tué en 1918 à l’âge de vingt-cinq ans, comme nombre de jeunes gens de cette génération sacrifiée. (...)
Bernard Grasset, Pascal et Rouault (Penser, écrire, créer). Nice : Ovadia, Chemins de pensée, 2016.
Fenêtre sur l’infini
Bernard Grasset, familier de l’auteur des Pensées, et grand amateur d’art pictural, prend plaisir dans ses derniers écrits, Pascal et Rouault, à faire dialoguer l’apologiste du christianisme selon Port-Royal avec le créateur du Miserere, dont certains noirs annoncent déjà ceux de Soulages, habité du tragique de la Passion. Peintre et penseur sont brûlés par la foi. L’auteur fait (...)
Philippe Dautais, Eros & liberté, Clés pour une mutation spirituelle. Bruyères-le-Châtel : Nouvelle Cité, Spiritualité, 2016. Dans Le Chemin de l’homme selon la Bible, Essai d’anthropologie judéo-chrétienne (1) le Père Philippe Dautais se proposait de retracer à travers les grands personnages du Premier Testament l’itinéraire symbolique de l’Homme (la majuscule désignant le masculin et le féminin présents dans la Divinité elle-même) progressant depuis Adam à travers Noë, Abraham, Moïse, David et (...)
Martine Morillon-Carreau, Dans la chambre de Juliette. Montreuil-sur-mer : Editions Henry, 2018. Peut-on parler d’un roman épistolaire, avec pour unique narrateur l’un des protagonistes, pour dire l’histoire d’une passion charnelle plus que sentimentale entre deux étudiants à l’orée de la vie active ; d’une passion qui se termine très mal pour chacun des deux, à partir d’une mise en accusation pour meurtre de la jeune femme, entrainant un suicide ? Or, d’un bout à l’autre du récit la jeune femme est (...)
Charles Tomlinson Swimming Chenango Lake, Selected Poems, edited by Charles Morley. Manchester : Carcanet Classics, 2019.
En 2009, les éditions Carcanet publiaient dans un magnifique volume (740 pages) les New Collected Poems du poète, né en 1927 et décédé en 2015 après une longue carrière d’universitaire à l’Université de Bristol entrecoupée de longs voyages et d’invitations par les universités américaines. En France, il est surtout connu par l’admiration que lui témoigne le poète franco-britannique Sir (...)
Emmanuel Hiriart, nés d’un tombeau vide, préface de Jacques Ancet. Lyon : éd. Jacques André, coll. POESIE XXI, 2020. Les lecteurs habitués aux petites églises montagneuses et à la végétation riante du Pays basque chers au poète seront surpris et peut-être désarçonnés de le retrouver dans une région du monde inhabituelle, sans la nommer mais identifiable aux nombreux toponymes naturels et urbains qui introduisent ses poèmes, et aussi au titre même du recueil qui suggère un pèlerinage en terre (...)
Jacques Ancet, Huit fois le jour. Castellare di Casinca : Editions Lettres Vives, 2016, 18€. L’âge du fragment. Baume-Les-Dames : Ǽncrages & Co, 2016, 21€. De nouveau quelqu’un s’assoit, regarde et écrit. On a pris place dans l’espace scriptural, réveillant la langue ou la langue venant lentement à soi. Cet espace est temporalisé de manière quasi maniaque : huit épisodes se découpent en huit sous-parties entre le 16 avril et le 29 août 2011. Cependant cela prend place dans une espèce de flou, (...)
Les Cahiers de la rue Ventura. Périodique littéraire. Sablé-sur-Sarthe : Les Amis de la rue Ventura, n° 36, 2ème trimestre 2017.
Cette revue très soignée se consacre à la poésie et à la littérature. Les auteurs mis en valeur ont pour nom Julien Gracq, Pierre Reverdy ou Jean Joubert. On est heureux de voir citée Marguerite Audoux. Le numéro en cours est consacré à René Guy Cadou (1920-1951), poète proche de l’Ecole de Rochefort.
Nous recevons en septembre le n° 37, qui comporte un dossier sur le nouveau (...)
Rainer Maria Rilke, Le livre de la vie monastique, Paris : Editions Arfuyen, 2019, bilingue, traduit et présenté par Gérard Pfister. Circonstances, influences et impacts de l’écriture de ce livre sur d’autres écrivains comme Etty Hillesum par exemple sont présentés dans la préface éclairée de Gérard Pfister soulignant l’importance immodérée de la Russie pour Rilke qui admire Lou Andreas-Salomé, muse et mère avec laquelle il se rend dans cette patrie au printemps 1899.
Le moine, auteur des poèmes du (...)
Robert Browning, The Ring and the Book / L’Anneau et le livre. Traduction de l’anglais et “Etude documentaire” par Georges Connes. Préface de Marc Porée. Paris : Le Bruit du Temps, 2009.
Avec L’Anneau et le livre (1868-69), Robert Browning écrit ce qu’on pourrait nommer d’après le titre, qui n’est pas de lui, donné aux nouvelles de Stendhal, une « chronique italienne ». Dans l’histoire de la littérature anglaise, on peut voir un précédent au poème épique de Browning dans la pièce de Shelley, Les Cenci (...)
Yves Bonnefoy, L’amitié et la réflexion. Sous la direction de Daniel Lançon et Stephen Romer. Tours : Presses Universitaires François-Rabelais, 2007.
Dans cet ouvrage sont recueillis les moments essentiels des Journées consacrées en avril 2005 à Tours, sa ville natale, au poète Yves Bonnefoy. Daniel Lançon et Stephen Romer introduisent ce qui sera une réflexion sur la poésie, l’art, le langage ainsi que sur Shakespeare, sa réception en France et sa traduction en français – le tout sous le signe de « (...)
Annie Briet, La Chair des Jours. Vingt et un poèmes d’Annie Briet d’après vingt et un tableaux de Louttre B. La Meilleraie-Tillay : Soc&Foc, 2009.
Intéressante expérience que d’écrire à partir d’une œuvre picturale. Les mots deviennent des formes, des substances. Le résultat est assez savoureux :
La chair des jours
Déferlement de bleu
par la fenêtre ouverte
Nous retenons le jour entre nos cils
la terre est en équilibre
par la grâce des pommes. »
Ou bien :
« Peindre
l’ardente douceur de la terre (...)
Annie Briet, Ces artistes qui ont choisi le Lot. Albi : Un Autre Reg’Art, 2010.
« Quel pouvoir le lieu où nous résidons a-t-il sur nous ? Nous transforme-t-il ? Participe-t-il à la création d’une œuvre ? » Telles sont les questions que se pose Annie Briet au tout début du Préambule qui ouvre ce très beau livre consacré aux artistes ayant séjourné ou séjournant dans le Lot. L’auteur s’attache à décrire avec précision les lieux et leurs abords avant d’évoquer chaque artiste en sa vie et son œuvre. Elle (...)
Bertrand Degott, Battant. Paris : La Table ronde, 2006.
Dans ce recueil qui a pour titre le nom de la rue où demeure le poète à Besançon, se mêlent tradition poétique, érudition, existence quotidienne et drame personnel. Les « quatre fleurs » dont il est question dans l’épigraphe sont les quatre enfants du poète, qui leur dédie le premier poème de la dernière partie, intitulée « demandes ». Le drame de la séparation, évoqué auparavant dans « album », s’y exprime en vers de quatorze syllabes, mais c’est en (...)
Claire Garnier-Tardieu, Le voyage poétique de Kathleen Raine. Paris : L’Harmattan, 2014.
Plaçant en exergue de son ouvrage Kathleen Raine elle-même et Rabindranath Tagore, Claire Garnier-Tardieu nous offre un parcours à la fois biographique et géographique de l’œuvre de ce poète anglais de l’imaginaire, qui puisa aux sources néo-platoniciennes. Au Chapitre 8, « Londres ou l’exil », l’auteur évoque d’ailleurs la « nature antithétique de l’âme d’Elias Canetti », l’auteur, entre autres, de Masse et (...)
Daniel de Foe, Relation véridique de l’apparition d’une certaine Mrs. Veal, le jour suivant sa mort, à une certaine Mrs. Bargrave, à Canterbury, le 8 septembre 1705 … ed. bilingue, tr. Emmanuel Malherbet. Thonon-les-Bains : Alidades, 2014.
Auteur immortalisé par un Robinson Crusoë à la descendance multiple et plurielle (un film des années soixante expédiait le naufragé sur la planète Mars avec solitude et rencontres appropriées), Daniel de Foe est aussi le célèbre romancier de Heurs et malheurs de la (...)
Eric Faure, Histoires japonaises de moines, de maitres du yin-yang et de guerriers. Paris : L’Harmattan, 2015.
Succédant à Histoires japonaises d’esprits, de monstres et de fantômes et à Les fêtes traditionnelles à Kyoto parus aux éditions de l’Harmattan respectivement en 2005 et 2003,
ce tout récent et impressionnant (250 pages) volume d’Eric Faure nous plonge dans une période médiévale, « l’époque Heian [qui] débuta en 794 avec l’établissement d’une nouvelle capitale à l’emplacement de ce qui est (...)
Francesca Caroutch, Les enfants de la foudre. Mortemart : Rougerie, 2011.
La poésie de Francesca Caroutch oscille entre mythe, légende, sacré, termes abstraits et notations concrètes. Assez elliptique, elle rassemble des impressions à la façon de fragments détachés de leur instant. Parfois hyperbolique, elle revient également à la vie menue, comme dans cette première strophe de « L’oraison des chenilles » :
Nous nous aimions
au bois sacré des petits pauvres
dans les chemins creux de l’insomnie (...)
François-René Daillie, Elisa ou La Maison malaise. Gardonne : Fédérop, 2006.
Ce roman à double titre, femme et demeure lointaine, se fonde sur le chiffre deux – deux époques, à vingt-cinq années d’écart, jeunesse passée ; deux femmes à chaque moment, et deux d’entre elles à la fin s’avèrent mère et fille, au moment où le personnage principal, François ou Vincent, lui-même et son double littéraire, passe de la troisième personne de l’absence, « il », au « je/tu » de la subjectivité.
Ce roman est non (...)
Georges-Emmanuel Clancier, Vive fut l’aventure. Paris : Gallimard, 2008.
Sous ce titre qui met en valeur l’existence en sa merveille et en consonance la force de la vie et les risques de l’aventure, Georges-Emmanuel Clancier chante la joie d’exister, celle de l’amitié, rassemble ses amis et les êtres qui lui sont chers – auxquels nombre de poèmes sont dédiés – et se souvient. Ce très beau recueil se situe donc dans la continuité de l’œuvre en son entier. L’ « être de langage / – ou d’image » qu’est (...)
Gérard Bocholier, Belles saisons obscures. Paris-Orbey : Arfuyen, 2012.
Ce recueil de poèmes se compose de trois parties : « I. Consentir à la nuit », « II. Jeunesse des morts », « III. Le veilleur ». Si l’on passe du premier vers : « De longs trains de nuées grises » (p. 9) au dernier : « D’une seule flèche de lumière », en considérant aussi le second et le troisième : « Courent sur le ciel le vert / Foncé des arbres les verts » (p. 9) ainsi que l’avant-dernier : « Maintenant lui l’haleine des herbes », on (...)
Gérard Bocholier, Psaumes du bel amour. Paris : Ad solem, 2010.
Autour d’un titre où l’harmonie sonne juste, la langue poétique détient sur toute autre langue un supplément d’âme qui lui autorise de se soustraire à la ponctuation. Sur chaque page du recueil bipartite, deux quatrains équilibrés structurent les psaumes pour suivre le souffle liminaire annoncé dès le premier vers et tenter de capter, dans « la caverne » de l’être et du monde, « l’aube » prête à « resplendir ». Un jaillissement, une (...)
Gérard Bocholier, Le village emporté. Jégun : L’Arrière-Pays, 2013.
Fils de vigneron, Gérard Bocholier fait entrer la terre dans ses brèves proses formant un damier de ceps de vigne. Des tableaux se succèdent issus d’une mémoire où les disparus et les conditions de vie rustique et élémentaire sont venus se nicher pour être réveillés quelques années plus tard alors que la modernité a pris le pas sur tout. A l’ère de l’informatique et du cybermonde, le lecteur croirait retourner vivre dans l’Antiquité, à (...)
Gorgées de braises. La Chevallerais : Sac à mots éditions, 2006.
Michel Cosem est un poète qui se fie au paysage, car ce dernier constitue une présence dont on puisse espérer qu’elle ne se dérobe pas. A preuve, dans la première partie de son nouveau recueil, « Gorgées de braises », la circularité du premier poème et du trente-huitième. Le premier, une seule phrase, revient sur lui-même en une note qui, si l’on n’admettait les mystères du monde phénoménal, pourrait passer pour inquiétante
« Sur un (...)
Jacques Brosse, Le bonheur du jour. Paris : La Table ronde, 2008.
Naturaliste reconnu, Jacques Brosse, qui vient de disparaître à l’âge de quatre-vingt-six ans, nous invite, au jour le jour, à participer à son émerveillement de promeneur solitaire : « A chaque promenade solitaire sa trouvaille. Il suffit d’ouvrir l’œil et de ne penser à rien, alors, au sein du connu, se révèle l’imprévisible. ». (p. 192) Ce livre contient aussi des aphorismes : « Voler en rêve est banal, mais dormir en volant, quel rêve ! (...)
Jean-Paul Blot, La Croix d’Aix. Poèmes et photographies. Gardonne : Fédérop, 2004.
Ce recueil de poèmes consiste en un cheminement de mémoire, à partir de papiers anciens dormant dans un tiroir et faisant surgir des noms :
« Ils murmurent entre les lignes se parlent et se répondent par quittance ou testament par reconnaissance ou contrat interposé, documents que je lisse sous la lampe, que j’ausculte et dépouille, rumeur qui monte et se déploie. » (p. 11)
Et les poèmes mettent « au jour », (...)
Jean-Paul Dadelsen, La beauté de vivre, poèmes et lettres à l’oncle Eric. Préface de Gérard Pfister. Paris : Arfuyen, 2013.
A propos de son neveu Jean-Paul Dadelsen dont il fut très proche, Erik Jung dit : « Il avait trop de pudeur pour parler de lui-même et de ce qui le travaillait dans son for intérieur. » C’est pourquoi, dès son adolescence, le jeune poète écrit et envoie des poèmes qu’il accompagne de missives au rythme alerte et au ton convaincant mais où ses interrogations, ses doutes, ses (...)
Joël Cornuault, Ce qui fait oiseau. Paris : Isolato, 2011.
Ce recueil d’essais se place sous le signe de l’oiseau, qui suspend « le contact avec le monde sensible et porteur de chagrins » et permet de créer « un univers mental qui ne soit pas trop dépendant du visible ». Il y est question d’« esprit de l’interstice, cette recherche de l’échappée par où s’infiltre la lumière aux moments les plus inattendus. Afin, jurerait-on, de nous suggérer une décision, de nous montrer une voie à suivre à travers (...)
Maurice Couquiaud, L’éveil des eaux dormantes. Paris : Le Nouvel Athanor, 2007 (3ème édition).
Maurice Couquiaud fut de 1984 à 2001 le rédacteur en chef de la très belle défunte revue Phréatique. Il collabore désormais régulièrement, avec des articles de fond, à la revue Aujourd’hui Poème. Poète, essayiste, il place sa pensée et la fonction de la poésie sous le signe de l’Etonnement.
On est frappé d’emblée par la variété de sa thématique. Les premiers poèmes sont dédiés à l’astrophysicien, aussi poète, (...)
Nicolas Go, Pratiquer la philosophie dès l’école primaire : Pourquoi ? Comment ? Paris : Hachette Education, 2010.
Cet ouvrage se présente tout d’abord comme une défense et justification de la philosophie qui permet à tout un chacun de trouver une « bonne raison de vivre » (p. 12), qu’il faut « créer » et « inventer » en créant un sens : « Pour que la vie devienne une valeur et qu’elle prenne un sens, il faut donc qu’elle soit désirée » (p. 12), nous dit Nicolas Go, qui ajoute : « Les tyrans de tout poil (...)
Ludmilla Podkosova, Ce qu’il faut pour aimer. Soisy-sur-Seine : Editinter poésie, 2017
Cette lente méditation-souvenir d’un amour défunt, apaisé, se déroule dans la présence intense d’un paysage tranquille, solide, de montagne, de forêt et de fleuve, qu’identifient discrètement les cigognes : « Au loin une ville (…) Certains apprécient son chant métallique / S’y lovent / Mais ici c’est silence (…) // Amour en partage ».
Rosamond Richardson :‘A Terrible Beauty’ Francis Bacon : Disorder and Reality / « Une (...)
Harry Guest, Comparisons & conversions. Exeter : Shearmans Books, 2009. La première partie de ce recueil est présentée comme « compte rendu de voyage ». Le poète y évoque le Mexique, le Japon, la Grèce ou l’Italie (Paestum), et s’adresse à
« toi, l’autre indéfinie, mon vocatif particulier, cette seconde personne, au singulier, du mariage »
« you, the shadowy other, my private vocative, that second person singular of wedlock. »
La seconde partie élargit la complicité à des voix poétiques (...)
Harry Guest, The Light and the Smoke. Milton Keynes UK : Lightning Source UK Ltd, 2018. Comme il est précisé en quatrième de couverture : « The Light and the Smoke offre une étonnante solution au mystère des meurtres perpétrés à Londres, dans l’East End, dans les années 1880. » Harry Guest construit l’intrigue en une série de scènes juxtaposées, qui finissent par établir à la fois un suspense et une continuité. Si la majeure partie du roman se déroule en Angleterre, et à Londres notamment, l’histoire étend (...)
France Burghelle Rey, Après la foudre. Dinant : Bleu d’encre, 2018. Je me prépare une mort riche et sans regrets
Orpailleur du présent, femme-homère le poète s’embarque dans un voyage vers un lieu indéfini avec pour seuls compagnons : la rose, le silence, le souffle. Ce recueil de France Burghelle Rey, divisé en trois parties, « Mémoire », « Au cœur de la fonte », « Le poids des rêves ») trace un itinéraire entre le poète et son jumeau (son double, son frère).Effacer les mirages, éloigner les chimères, (...)
W.S. Graham, Les Dialogues obscurs /The Dark Dialogues, Poèmes choisis, édition bilingue. Paris : Black Herald Press, 2013.
Tourmenté, puissant, parfois obscur et inspiré comme Dylan Thomas, admiré par T.S.Eliot et le Prix Nobel Harold Pinter, le poète d’origine écossaise William Sydney Graham (1918-1986), dont les New Collected Poems ont été publiés en 2004 par Faber, était pratiquement inconnu en France jusqu’à la parution de cette belle sélection de ses poèmes, remarquablement et très utilement (...)
Alexandre Guelman, Les mots veillent sur nous, Poèmes, aphorismes et proses. Traduit du russe par Marc Sagnol. Préface d’Anne Mounic. Chalifert : Editions Atelier GuyAnne, 2016.
« Les mots veillent sur nous », donnant le titre à cette petite anthologie de l’écrivain russe Alexandre Guelman, est sans doute une des plus belles expressions qui puissent exister pour dire toute l’importance que l’écriture prend pour un être engagé dans l’aventure de la langue et la recherche, constante, de ce qui fonde (...)
Études Romain Rolland, Cahiers de Brèves n° 44, janvier 2020.
Outre les articles consacrés à Romain Rolland et aux diverses publications autour de cet auteur, Martine Liégeois annonce la mort de Bernard Duchatelet, professeur à l’Université de Brest et président d’honneur de l’association, qu’il a soutenue dès le début.
*** Marcel Blanchet, Des tranchées de 14 à la table des vivants. Présenté par Danièle Corre. Senones : Edhisto, 2019. Lors d’un rangement contraint, Danièle Corre retrouve le carnet de (...)
Ory Bernstein, Le temps des autres. Poèmes traduits de l’hébreu par Emmanuel Mosès. Encre de Liliane Klapisch. Préface de Nissim Calderon. Paris : Caractères, 2009.
Né en 1936 à Tel-Aviv, Bernstein est « un des tout premiers poètes israéliens » (p. 9) : « Dans une culture qui a subi de nombreux traumatismes historiques et qui est irriguée par une énergie publique bruyante, nombreux sont ceux qui estiment Bernstein précisément parce qu’il veille à tourner son regard vers l’intérieur, à nous rappeler que (...)
Vincent O’Sullivan, Being Here : Selected Poems. Wellington : Victoria University Press, 2015. Dans ce très beau livre (on doit la couverture à Karl Maughan), on trouve une sélection des recueils publiés depuis 1973 ainsi que de nouveaux poèmes (2014). Parmi la sélection, on se souvient de « Blame Vermeer », que voici en version française :
Vermeer l’a bien cherché
Une femme, la trentaine, verse les quelques doigts de lait
qui restait dans la cruche, pose celle-ci là-haut sur l’étagère
dans un (...)
André Dhôtel, Le club des cancres. Postface de Jean-Claude Pirotte. Paris : La Table Ronde, 2007.
Je remercie vivement Jean-Claude Pirotte de nous avoir adressé ce merveilleux récit d’André Dhôtel. Dès la première phrase, en effet, on ne peut que se laisser emporter par l’émerveillement : « L’hiver illuminait la salle de classe où les élèves de cinquième traduisaient l’histoire des oies du Capitole. » (p. 9) Cet épisode de l’invasion de Brennus (- 390 avant J. C.) est conté par Tite-Live au livre V de son (...)
Anise Koltz, Soleils chauves. Paris : Arfuyen, 2012.
Dans le poème, Anise Koltz projette toutes ses origines aussi bien que sa conscience d’être amputée de la présence réelle de son compagnon mort prématurément. Les « ailes cassées », elle se sent dépourvue de cette identité qui permet de se tenir en équilibre sur terre. Seule la voix lui reste fidèle, une voix sans corps qui tente pourtant de préserver sa force pour vaincre le néant car « elle se soulève contre le mort / comme l’écrit / contre le non (...)
Annie Briet, Cueillir l’éphémère (Les métamorphoses de la neige).Colomiers : Encres Vives, 2013.
Jean Maureille et Annie Briet, Mira Perpignan. Albi : Une Autre Reg’Art, 2012.
Ces deux ouvrages ont un point commun : la parole et la photographie s’y répondent. Dans le recueil intitulé Cueillir l’éphémère, la méditation sur la neige se ponctue de photographies, prises sans doute par le poète. Elle sont très belles et donnent un souffle original à la suite des vers, très brefs : « On invente les chemins ». (...)
Béatrice Bonhomme, Variations du visage et de la rose. Jégun : Ed. L’Arrière-pays, 2013.
Et depuis , il n’a cessé de créer du lien, de son pinceau au visage, les liens sortaient de la bouche et du corps pour aller vers le monde et, du mort, faisaient du vivant
Avec un frontispice de Stello Bonhomme, s’appuyant sur le Fayoum et ses portraits funéraires, se servant d’Anubis et d’Osiris pour voyager vers l’au-delà, Béatrice Bonhomme crée du lien entre les vivants et les morts, entre le peintre et sa (...)
Une moniale, Le Repos inconnu. Paris : Arfuyen, 2010. Préface de Max de Carvalho.
Dans l’amour désintéressé et passionné d’un Dieu insondable, la Sœur Catherine-Marie, « mendiante d’infini » selon les termes de Max Carvalho, prête aux mots la substance de son désir comme une femme entamerait un dialogue avec l’amant idéal de toute une vie. La poésie d’une croyante offerte à Dieu est une ouverture pour qui voulait sortir d’un désespoir. « J’étais cet aveugle / au bord du chemin, / accablé de trop / lourdes (...)
Christian Delacampagne, Où est passe l’art ? Peinture, Photographie et Politique (1839 – 2007). (Cyclo – collection dirigée par Roger Pol Droit.) Paris : Editions du Panama, 2007.
Duchamp m’a tuer !
Un tas de cailloux répandus au milieu d’une vaste salle, dans un musée ; ou un fil tendu horizontalement d’un mur à l’autre : « l’amateur d’art ordinaire », qui se trouve confronté à ce spectacle, peut présenter des réactions étranges. Il est vrai que ce sujet, « l’art contemporain », suscite les passions. (...)
Colette Gibelin, Dans le doute et la ferveur. Colomiers : Encres Vives, 2012.
Ce nouveau recueil de Colette Gibelin, 407ème numéro d’Encres Vives, nomme un « tu » avant de dire « je » : « Le sais-tu, j’aurais beaucoup à dire », puis vient « Le monde », comme déduit de cet échange intersubjectif, « dans sa beauté cruelle ».
Tant de regards disparus, ensablés
tant de sources qui jaillissent et s’assèchent
En longs frissons, les caresses du vent,
les cavernes du souvenir,
la lune, oh ! la lune, ca (...)
Eliane Biedermann, Calme des feuillaisons. Photographies de Baya Kanane. Paris : Caractères, 2009.
Ce recueil s’ouvre sur des vers de Claude Vigée, extraits du poème « Epiphanie », dans les Poèmes de l’été indien (Mon heure sur la terre, p. 341) :
« dans le nid du matin le poème et l’enfant,
promesses faites chair naissent d’un même feu,
ils portent la pourpre immédiate du soleil.
L’oiseau s’il chante n’a qu’un cri : TON CŒUR FAIT MONDE,
le double empire uni sous la simple couronne » (...)
Emmanuel Hiriart, Je voulais grandir davantage. Saint-Estève : Éditinter, 2005.
Ce recueil de poèmes, accompagnés par des encres de Robert Brandy, peintre, débute par une variation sur une « inconnue ». L’équation se métamorphose, de mathématique en poésie, à partir d’un « cercle C » que l’existence, le paysage, le jeu de l’esprit sans cesse étoffent, prenant la tangente pour échapper à l’enfermement : « On en déduira les corollaires suivants : Un vol d’oies sauvages sur la mer en automne Le soleil sur (...)
Francesca Y. Caroutch, Clameurs nomades. Paris : Editions du Cygne, 2009.
Dans ce recueil, chaque poème est fait de touches impressionnistes, souvent nominales, ou parfois à l’infinitif. Le poète puise au monde des mythes et des créatures imaginaires, qui rencontrent parfois l’image de l’instant :
« Musique des sphères
autour des pommes esseulées »
Ou bien :
« Féerique ce jardin nocturne
suspendu entre ciel et terre
dans une sérénité de fin du monde »
Le souvenir atteint cette précision de (...)
Jenny Bornholdt, The Hill of Wool. Wellington : Victoria University Press, 2011.
Jenny Bornholdt faisait partie du groupe d’écrivains et de poètes néo-zélandais invités à l’occasion des Belles Etrangères à l’automne 2006. Ce recueil est un recueil de souvenirs, familiaux ou amicaux.
Sometimes we forget that we remember ;
find it distressing that the past
could so evade us, remain as merely tremor
in our brains, so that we know the former
life is there, but can’t quite grasp
the detail. Sometimes (...)
Jacques Goorma, Le vol du loriot. Paris : Arfuyen, 2005.
Le recueil de Jacques Goorma, qui place en exergue Thérèse d’Avila : « Le vol de l’esprit est un je ne sais quoi, qui monte du plus profond de l’âme. », puis Jean Racine, dans la première partie, « La Fourmilière », en appelle à l’enfance, « le royaume de l’indifférencié » (p. 11), et évoque ces « rêves de vol » qui donnent tant de bonheur : « Brassée après brassée, mon vol était toujours le fruit d’un effort et c’est ce qui le rendait si jubilatoire. » (...)
Yves Kéler, Les 43 chants de Martin Luther. Textes originaux et Paraphrases françaises strophiques rimées et chantables. Sources et commentaires, suivis de Chants harmonisés à quatre voix pour orgue et chœur, par Yves Kéler et Danielle Guerrier Kœgler. Paris : Beauchesne, 2013.
Edith Weber, directrice de la collection « Guides musicologiques » dans laquelle ce livre paraît, nous présente ainsi le projet : « Depuis de nombreuses années, le Pasteur Yves Kéler, théologien et hymnologue, spécialiste de (...)
Maximine, Somme d’amour. Paris : Arfuyen, 2010.
A l’instar des deux vers de Louis Aragon placés en exergue – « Comme une étoffe déchirée / On vit ensemble séparés … » –, Maximine poursuit en trois actes poétiques la traversée du courant amoureux, du plus mouvementé au plus serein. Chacun des titres accompagné d’un avertissement d’ouverture retrace d’ailleurs ce parcours : « Belliqueuse, Parfois chagrine, Visages de la primevère ». De la colère d’être quittée, en passant par la tristesse de la perte d’un amour (...)
Michel Cosem, Ainsi se parlent le ciel et la terre (extraits). Colomiers : Encres Vives, n° 402, janvier 2012.
On retrouve, dans ce recueil, le rythme propre à Michel Cosem, rythme de la marche et de l’observation du chemin qui se mêle au poème. Le cheminement lui-même est voix, voix du recueillement dans les deux sens que l’on peut imaginer à ce terme ‒ recueillement des impressions, des choses menues ; recueillement en soi par la grâce de l’extériorité. Le poème exprime cette unité de l’être qui (...)
Istanbul : Kilim des sept collines. Textes de Michel Ménaché. Photographies de Josette Vial. Genouilleux : La passe du vent, 2014.
« A l’origine de ce livre, la transmission brisée... »
Cet ouvrage original rassemble des lettres imaginaires du grand-père de Michel Ménaché à son petit-fils, dans lesquelles ce dernier le fait revivre à travers son histoire et les lieux dans lesquels sa vie se déroula. « Je veux t’offrir Constantinople... » En résidence en 2012 à Istanbul, Michel Ménaché rechercha les (...)
Michèle Duclos, Kenneth White, nomade intellectuel, poète du monde. Grenoble : ELLUG Université Stendhal, 2006.
Dans cette monographie très agréable à lire, Michèle Duclos retrace l’itinéraire poétique de Kenneth White. Dans l’introduction, l’auteur de cette étude fouillée, qui est aussi membre du Comité de rédaction de Temporel et active collaboratrice de notre revue, insiste sur le refus du dualisme occidental chez ce poète, et universitaire, d’origine écossaise, mais vivant en France, et justifie son (...)
Michèle Finck, La Troisième Main. Paris-Orbey : Arfuyen, 2015.
« Ne plus savoir vivre / sans Ecrire », énonce Michèle Finck dans le premier poème, « Cicatrisation », de son nouveau recueil, entièrement consacré à la musique. Il se compose de sept parties, Vers l’au-delà du son ; Musique : opus neige et feu ; Pianordalie ; Violoncelle psychopompe ; Musique devance l’adieu ; Golgotha d’une femme, et Musique heurte néant. Les morceaux musicaux se rapportent à la musique baroque comme aux œuvres (...)
Michèle Finck , La Troisième main. Paris-Orbey : Arfuyen, 2015.
« Cloître de sons et de silence »
Sept sections composent ce recueil, qui s’ouvre sur une forme de prologue, « Cicatrisation », et s’achève sur un poème intitulé « Lévitation ». Quatre sections sont plus spécifiquement consacrées à l’écoute de la musique vocale, les autres, à celle de la musique instrumentale. L’écho se fait entendre dès le début, puisque le verbe « brûler », présent dans le vers d’Anna Akhmatova placé en épigraphe, l’est (...)
Sophie Benech, Une Elégie du Nord D’Anne Akhmatova. Lormont ; Le Bord de l’Eau, 2018. Sophie Benech, traductrice du russe, nous propose ce qu’elle annonce d’emblée comme une « réflexion concrète sur la traduction qui prend pour point de départ la juxtaposition de plusieurs versions françaises d’un même poème russe » (p. 7), à savoir la sixième « Elégie du Nord » d’Anna Akhmatova (Odessa, 1889 - Domodedovo, près de Moscou, 1966), poète russe majeur du vingtième siècle. La traductrice nous prévient : d’une (...)
Dominique Lemaître, Quatuors à cordes, String quartets, Forlane, 2019 (distributeur Dom disques) (Quatuor Stanislas, Kaoli Isshiki, soprano). L’œuvre de Dominique Lemaître, ce musicien ami des poètes, s’inscrit notamment dans l’héritage du courant spectral français (Tristan Murail, Gérard Grisey…) et dans celui d’Henri Dutilleux qui alliait clarté et mystère. Il y a dans sa musique un mouvement ascensionnel, une recherche de suspension du temps, un silence habité de lumière. S’il aime privilégier les (...)
Maurice Couquiaud, Enchanter Les « Peut-Être », Essai poétique sur le principe d’incertitude, préface de Jean-Pierre Luminet. Paris : L’Harmattan, 2017.
Quel beau et riche titre qui en quelques mots résume et met en valeur toute une carrière de poète penseur de la science et de l’ontologie contemporaines avec des oxymores, associant « principe » et « incertitude » comme chez Gödel ; « essai » et « poétique » ; et surtout par le pluriel d’un « Peut-être » appliqué à l’épistémologie du cosmos, à la (...)
Temporel, notes de lecture
Danièle Corre, Lorsque la parole s’étonne. Nancy : Aspect, 2016.
En lisant ce recueil, on trouve nombre de poèmes dans lesquels s’exprime le désir de retenir ce qui fut. L’usage de l’imparfait dans certains soutient cette aspiration à préserver l’émotion passée dans le présent ; la maison se fait « receleuse », gardant les « mirages » « entre les murs ». On n’est dès lors guère surpris d’apprendre que « La mémoire est une grande maison / qu’on traverse souvent / à grandes (...)
Marc Dominicy, Un mystérieux prince baudelairien : « Une gravure fantastique », poème LXXI des Fleurs du Mal. Collection Études de style », dirigée par Nicolas Martin. Lormont : Le Bord de l’Eau, 2020. Il est vrai, comme l’indique la quatrième de couverture, que ce « livre s’offre comme une enquête » visant à résoudre une énigme littéraire. Professeur émérite de linguistique, de rhétorique et de poétique à l’Université libre de Bruxelles, Marc Dominicy raisonne sur les mots et les expressions à partir d’une (...)
Respirer, le poème
Paul Claudel, Psaumes, traductions 1918-1953. Paris : Gallimard, 2008 & Les Sept Psaumes de la Pénitence, 1945. Paris : Seuil, 2007.
A Claude Vigée
« « Oui, la poésie, c’est respirer », m’écrivait Henri Meschonnic le 27 avril 1990. » Claude Vigée, Dans le creuset du vent, Parole et silence, 2003, p.86.
« Nous ne comprendrons rien à la poétique des Psaumes (…) (...)
William Cliff, Epopées. Paris : La Table ronde, 2008.
Ce recueil, célébrant son titre, est traversé de gens qui marchent, de passants et de lieux divers comme Philadelphie, Madrid, Berlin, ou Gorée, au Sénégal, lieu de départ des esclaves pour l’Amérique. Le poète y rend hommage à d’autres poètes, comme Verlaine, Queneau ou Perros. Le dessein ultime de cette déambulation au rythme du décasyllabe, c’est de déceler ici-bas la « puissante présence » incarnée dans les choses :
« depuis lors je n’ai plus (...)
Henri Meschonnic, Et la terre coule. Paris : Arfuyen, 2006. Vivre poème. Liancourt, Reims : Dumerchez, 2006.
Mouvement, dynamique, rythme et vigueur, tels sont les mots qui viennent à l’esprit en refermant le recueil de poèmes d’Henri Meschonnic, Et la terre coule. Mouvement mis à nu (« à chaque mouvement / que je vois de toi que je vois des autres » p. 15), rien que lui-même, de je à tu, puis nous, mouvement du regard, des yeux et des dieux (pp. 85-88) ; mouvement du (...)
Anthologie bilingue de la poésie anglaise. Préface de Bernard Brugière. Édition établie par Paul Bensimon, Bernard Brugière, François Piquet et Michel Remy. Paris : Gallimard Pléiade, 2005.
Somme considérable de travail, sur plusieurs années, cette anthologie offre un panorama à la fois complet et détaillé de la poésie anglaise, des origines (Beowulf, vers 700, « monument de la poésie anglo-saxonne », préface p. VIII) jusqu’à nos jours (les derniers poèmes sont ceux de Simon Armitage, pp. 1620-1627). (...)
Lines of Resistance : Essays on British Poetry from Thomas Hardy to Linton Kwesi Johnson. Edited by Adrian Grafe and Jessica Stephens. Jefferson, North Carolina, and London : McFarland & Company, inc., Publishers, 2012.
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Ce recueil d’essais reprend le travail entrepris lors du colloque Résistance organisé par Jessica Stephens et Adrian Grafe à l’Université d’Artois. « Le poème existe », disent les deux responsables de publication, « parce que, d’une façon ou d’aune autre, il résiste. » Les (...)
Bertrand Degott, A chaque pas. Bassac : L’Arrière-Pays, 2008.
Ce recueil, et ceci ne peut nous étonner de la part de Bertrand Degott, rassemble une séquence de sonnets, le début du troisième quatrain du sonnet 55 de Shakespeare en exergue à « ce bouquet de langage » (p. 11). Le poète s’adresse à une deuxième personne, le « tu » du désir et de l’étreinte, dans l’atmosphère bucolique d’un printemps renouvelé :
« et s’il se trouve que tu veux m’étreindre
usant ainsi d’un verbe désuet
ou poétique, on n’a pas (...)
Chantal Dupuy-Dunier, Creusement de Cronce. Encres de Michèle Dadolle. Montélimar : Voix d’Encre, 2007.
Sous ce titre allitératif râpeux, en exergue deux vers d’Yves Bonnefoy, il nous est donné de lire une méditation sur le nom du village de Cronce, dans la Haute-Loire, où demeure le poète. A l’imparfait, l’évocation des gestes usuels dans le village de jadis alterne avec le présent des descriptions – de rapides esquisses – qui nous mène vers ce moment, au futur, où se prédit l’avenir des signes que le (...)
David Gascoyne, New Collected Poems, edited by Roger Scott. London : Enitharmon, 2014.
Sous la direction du Professeur Roger Scott, grand spécialiste et ami de David Gacoyne dont il avait déjà assuré entre autres en 1998 la publication des Selected Prose 1934-1996 et en 2007 avec Despair has Wing, un volume de traductions par David Gascoyne de poèmes et d’essais de Pierre-Jean Jouve, toujours chez l’excellent éditeur de poésie Enitharmon, voici un magnifique volume qui regroupe non seulement les (...)
Gérard Dessons, La manière folle : Essai sur la manie littéraire et artistique. Paris Manucius, 2010.
Entre « manie », « maniérisme » et « folie », Gérard Dessons, professeur de langue et littérature française à l’université de Paris 8 et signataire, avec Henri Meschonnic du Traité du rythme : Des vers et des proses (1998, réédition Armand Colin, 2005), aborde la définition de la manière, la portée du concept et ses incidences en ce qui concerne tout à la fois l’œuvre et sa critique. Poème et poétique, dans (...)
Guy Braun, Anatomie d’un geste, poèmes d’Anne Mounic. Chalifert : Atelier GuyAnne.
La préface condensée d’Anne Mounic à ce catalogue poétique ne peut être plus explicite sur la création, l’évolution et la visée que Guy Braun poursuit depuis déjà plusieurs années. « Profondeur » et « mouvement » prennent les formes les plus variées qui soient, du figuratif aux approches plus abstraites, et sur divers supports. Cette production est reliée à « l’être » et à sa « quête » existentielle. La préfacière, compagne de (...)
Jacqueline Merville, Jusqu’à ma petite, Paris : Editions des femmes, 2014.
Une lettre d’un tout jeune pied-noir remise à la narratrice devient un objet initiateur de l’écriture de ce récit. La destinataire ne se rendra pas au rendez-vous proposé et ne reverra jamais ce jeune homme. Quelques années plus tard, l’invitation refoulée se renverse. La narratrice demande à son ami de l’accompagner en Algérie sans but, sans motif réel si ce n’est celui peut-être de réparer le non départ de son adolescence en (...)
Jean Joubert, L’éternité de la rose. Colomiers : Encres Vives, décembre 2015.
Michel Cosem évoque avec émotion Jean Joubert, disparu en novembre 2015, en quatrième de couverture à ce numéro 449 d’Encres Vives : « J’ai rarement rencontré un écrivain comme Jean Joubert qui aimait autant la littérature et en avait fait le grand embrasement de sa vie : que ce soit le roman, les livres pour la jeunesse et surtout la poésie. Il avait aussi un regard amoureux sur le monde et s’intéressait à tout. » (...)
Marlena Braester, Presque v’île. Paris : Caractères, 2009.
D’origine roumaine, Marlena Braester vit en Israël depuis 1980 et écrit en français. En un style elliptique aux rythmes brefs, elle chante ce qu’elle nomme la « presque v’île » :
« deux rythmes avancent enchevêtrés
s’enroulent s’annulent dans la césure » (p. 34)
C’est une méditation abstraite (au sens où l’on parle de peinture abstraite) sur l’existence qui se coule dans l’arborescence de la cité :
« dans la dégradation de nos descentes
dans le (...)
Martin Melkonian, L’enfance du regard et Un cahier pour se perdre. Dol-de-Bretagne : Editions d’écarts, 2010.
L’enfance du regard est un petit fascicule du désir. C’est par le regard se focalisant sur une cible qu’il se manifeste et lutte perpétuellement contre la mort prochaine qui guette chaque être humain. « En touriste existentiel », le narrateur photographie un homme qui se trouve dans le couloir de sa vision. Le point attractif est alors décrit dans ses plus infimes détails. La rencontre d’un (...)
Martine Blanché, Tu t’en iras joyeuse. Préface de Martine Hiebel. Colmar, Strasbourg : Jérôme Do Bentzinger, 2015.
Dans ce recueil de poèmes, on retrouve les impressions de voyage de l’auteur ainsi que son attachement à l’Alsace.
Parmi les étincelles du pissenlit dans les hautes herbes
Accroupie sous les murs aux ailes vibrantes
Je charge la hotte comme le fusil sur l’épaule
Transpercée par le grain noir de la nostalgie.
Les impressions sont très partagées, entre le « printemps gorgé d’espérances » (...)
Maurice Couquiaud, A la recherche des pas perdus. Paris : L’Harmattan, 2012.
Dans ce recueil sont rassemblés des poèmes en prose où affleurent quelques aphorismes : « Le temps est la progéniture de ses contradictions. » Le poète également questionne : « Qui chercherait la pointure du matin dans le sillage d’un voilier ? » Viennent ensuite des poèmes en vers libres :
« S’attendrir,
C’est monter dans l’arbre
plus haut que les dernières cerises,
non pour les cueillir avant les oiseaux
mais afin (...)
Michael Edwards, Le Génie de la poésie anglaise. Paris : Le Livre de Poche, 2006.
Comme le mouvement de sa propre poésie le suggère, Michael Edwards revient au familier, la poésie anglaise, par le biais de l’étranger : « S’il me semble un peu singulier d’écrire un tel livre en français, le fait de penser à la poésie anglaise dans une langue qui, en dépit des très bonnes relations que j’ai avec elle, doit me demeurer étrangère dans son être intime, rend encore plus apparentes les caractéristiques de cette (...)
Michel Cosem, Justine et les loups. Riom : De Borée, 2008.
Justine et les loups est un conte qui met en valeur, avec beaucoup de délicatesse, les paysages de l’Aubrac. Le style du récit, sobre et d’un rythme tranquille, est contemporain – notamment par son abord de la sexualité –, mais ce qu’il conte est d’une autre époque, non précisément datée, d’ailleurs. Chaque chapitre, précédé de son exergue en prose poétique, nous fait pénétrer le temps de la légende et de la merveille. L’auteur fait revivre (...)
Michel Cosem, Repères et nuées. Paris : L’Harmattan, 2009.
Les confins ensemble. Jonzac : Editions de l’Atlantique, 2009.
Le premier recueil est un voyage poétique sous divers horizons, une chronique du vagabondage :
« On n’oublie rien
lorsque l’on est vagabond
lorsqu’il faut grimper la côte
et dormir au milieu des pierres » (p. 10)
Et bien sûr, à Tipaza, Michel Cosem songe à Albert Camus :
« On a le droit d’être heureux sur cette terre d’argile
où pousse l’absinthe grise en des saisons que je (...)
Olga Votsi, L’escalier (Poèmes métaphysiques). Présentation et traduction du grec moderne par Bernard Grasset, éd. bilingue. Châtelineau (Belgique) : Le Taillis Pré, 2019.
par Jean-Pierre Lemaire Les poèmes d’Olga Votsi frappent par leur force dans l’expression d’une expérience radicale, soit de détresse, soit d’extase. La première se traduit par les images d’une descente aux abîmes, de puits, de grottes au fond desquels nous attend une « vérité » douloureuse ; l’autre par les images d’une nage heureuse (...)
France Burghelle Rey, Petite anthologie : Confiance Patiences, Les Tesselles du jour. Saint-Chéron : Editions Unicité, 2017. Tantôt phénix tantôt sitelle France Burghelle Rey chante, pleure, crie, dans l’ombre de Pessoa et de Whitman. Elle joue une grande symphonie du vent de ses poèmes : « Je prends la relève d’un souffle par une blanche image d’un temps absolu ». Poursuivant ses voyages (à Charleville, à Valldemossa), France Burghelle Rey croise Rimbaud, George Sand, Lautréamont, Shakespeare ; elle (...)
Patricia Eakins, Les Affamées et autres nouvelles. Présentées et traduites par Françoise Palleau-Papin. Postface de Paul Violi. Grenoble : ELLUG, 2010.
Comme le dit Françoise Palleau-Papin dans son introduction, Patricia Eakins, née en 1942, est « un oiseau rare de la littérature américaine contemporaine » (page 7). La traductrice parle d’« enchantement » et le mot n’est pas trop fort. Les contes empruntent à diverses traditions, orientale, extrême-orientale ; nous nous rendons dans le Grand Nord ou (...)
Patrick Devaux, Elle a dansé avec les loups. Brest : Littérales, 2012.
Sous ce titre qui en rappelle un autre, on retrouve la poésie brève de Patrick Devaux, qui esquisse des silhouettes évanescentes avec ses « dérisoires mots / de canne blanche », écrit-il. S’ébauche « L’audace / automnale / d’un vigoureux noyer », ou bien un « dessin / d’enfant / dans / le silence / des pâquerettes / de / rosée ». La notation peut aussi être drôle, comme celle-ci :
la chaise
en osier
se souvient
des dos nus
à petits (...)
Raphaël Enthoven, Un jeu d’enfant : La philosophie. Paris : Fayard, 2007.
Prenant pour exergue à son ouvrage une affirmation d’Albert Camus : « Le monde est beau et, hors de lui, point de salut. » (« Le désert », Noces, 1939), l’auteur nous fait le récit à la première personne, mi réel mi imaginaire, de ce qui motiva dès l’origine son enthousiasme philosophique et ses choix en la matière. D’une famille qui a les mêmes attaches géographiques, et sentimentales, que Camus, l’Algérie, le narrateur nous livre (...)
Seymour Mayne, On the Cusp : Word Sonnets / Albores : Sonetos de una palabra / A làorée : Sonnet d’un mot. Prόlogo y ediciόn del volumen : Marίa Laura Spoturno. Version espagnole : Marίa Laura Spoturno ; version française : Sabine Huynh. La Plata : Universidad Nacional de La Plata, 2013.
On retrouve ici, en version trilingue, anglaise, puis espagnole et française, les sonnets d’un mot de Seymour Mayne.
Force
The
vanity
of
summer
begins
its
timely
retreat
before
the advancing
force
of Fall. (...)
Anne Mounic, Cobra sous le chant, médusé, dansant, conquis pour un instant…et … La houle sous la langue… . Colomiers : Encres Vives, 2009.
Anne Mounic, Quand on a marché plusieurs années. Paris : Orizons, 2008.
Anne Mounic, Jacob ou l’être du possible. Paris : Caractères, 2009.
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Poésie, roman, essai : Des mots pour creuser l’abîme, se relever, se diriger vers une communauté.
Après la disparition d’Evelyne Vigée, l’épouse de l’écrivain et essayiste Claude Vigée, Anne Mounic avait retenu une (...)
Béatrice Libert, L’aura du blanc. Châtelineau : Le taillis pré, 2016.
Aux encres de Motoko Tachikawa qui sont comme des mobiles ou des particules en suspension, le recueil de Béatrice Libert fait écho avec ses brèves compositions de cinq, quatre ou deux vers blancs en miroir sur la page. Le blanc envahit d’ailleurs l’espace scriptural, du titre même « l’aura du blanc » avec son pouvoir de miroitement, jusqu’au cœur des créations qui tendent un bouclier à tout ce qui semblerait trop violent à l’âme (...)
Catherine Chalier, La nuit, le jour : Au diapason de la création. Paris : Seuil, 2009.
L’auteur de ce livre, philosophe et spécialiste du judaïsme, vise, comme elle l’explique dans son introduction, à « rendre à la nuit une dignité qu’elle risque de perdre pour cause de sa ressemblance avec la souffrance » (p. 13). Catherine Chalier distingue en effet entre les ténèbres insondables du tohu-bohu primordial, qui demeure une inquiétante énigme, et la nuit créée, en liaison avec le jour, après la (...)
Christian Lippinois, Sur la piste, Du territoire à la pensée : l’espace estuarien d’Aquitaine, essai, 2012.
Le projet du livre, déjà énoncé clairement par le titre, est défini d’entrée : questionner en profondeur la notion de territoire en étudiant le rôle qu’il joue dans la genèse de la pensée ; plus essentiellement, centrer cette recherche sur l’espace estuarien d’Aquitaine. Nul n’était mieux placé pour le faire, à plusieurs titres, que cet ingénieur en aménagement du territoire qui partit à la (...)
Claude Esteban, La mort à distance. Paris : Gallimard, 2007.
Ce recueil de poèmes, publié à titre posthume, mêle poésie et prose, un peu à la façon de Claude Vigée quand il compose ses judans, c’est-à-dire, quand il n’oublie pas la suite des jours, des joies et des douleurs, qui mènent, au fil du temps, à l’instant du poème. Ainsi, la seconde partie de l’ouvrage, intitulée « La mort à distance », et la quatrième, « Trajet d’une blessure », pour sa plus grande part, se composent-elles de proses qui disent la (...)
Robert Misrahi : Pour une éthique de la joie. Sous la direction de Véronique Verdier. Nantes : Editions nouvelles Cécile Defaut, 2013.
Cet ouvrage constitue le recueil des actes du colloque réuni en juin 2012 par Véronique Verdier à Cerisy en hommage à Robert Misrahi et en sa présence. Nous nous souvenons de journées chaleureuses et enrichissantes et ce volume en témoigne. Comme l’explique en son « Ouverture » Véronique Verdier, le choix des participants, et des contributeurs, fut guidé par le fait de (...)
Franco Buffoni, Depuis que la mort va / Di quando la morte va. Traduction de Philippe Di Méo. Thonon- les -Bains : Ed .Alidades, 2011.
Ornés d’une belle gravure de Favorski, traduits et présentés par Philippe Di Méo, ces vingt-trois poèmes (en édition bilingue italien-français ) sont extraits d’un recueil intitulé Guerra. Pas de rhétorique ni de grandiloquence dans ce recueil de Franco Buffoni mais plutôt de la rigueur ,du réalisme et souvent de la cruauté. Franco Buffoni se contente de nous décrire (...)
Gérard Pfister, Présent absolu, Oratorio, Paris : Editions Arfuyen 2014.
Présent absolu est le dernier volet d’un triptyque poétique et musical présenté en neuf mouvements. Il est dédié à la mère, « voie vacante dans l’espace de personne ». Il est suggestif autour d’une économie de mots suggérant quelque chose de précieux niché en chacun de nous ainsi que Gérard Pfister le commente dans sa défense de la poésie placée en fin de volume. Le lecteur s’engage dans une suite ininterrompue où il glisse d’un motif à (...)
Prométhée sorti tout armé du cerveau de Jan Fabre
On reste plusieurs jours dans la sphère de ce Prométheus infernal sorti du cerveau d’un flamand prodigieux, Jan Fabre, « artiste-alchimiste » dont le travail choque, étonne, détonne.
Juste après cet énorme spectacle au théâtre de la Ville, Jan Fabre expose ses Chimères : des cerveaux (sculptures) et des dessins (autoportraits) au crayon à la Galerie Daniel Templon, au 30 rue Beaubourg, également siège des éditions de la Maison des (...)
Jean-Claude Leroy, Aléa second, suivi de Nuit élastique. Mortemart : Rougerie, 2013.
Parmi les recueils de Jean-Claude Leroy depuis 2001, retenons des titres significatifs Comédie du suicide, Entrée en matière, Progrès de carence, Corrige la mort. Ce qui frappe à la première lecture d’Aléa second, c’est cette langue tronquée (où règne le non-dit), cette syntaxe martyrisée, une économie de ponctuation et un texte traversé de fulgurances. Jean-Claude Leroy décline le corps (corps passage, corps dilaté, (...)
Le sonnet au risque du sonnet. Actes du Colloque international de Besançon (8, 9 et 10 décembre 2004). Publication de l’Equipe de recherche « Poétique des genres et spiritualité » de l’Université de Franche-Comté. Textes réunis et présentés par Bertrand Degott et Pierre Garrigues. Paris : l’Harmattan, 2006.
Ce passionnant recueil d’études sur divers aspects du sonnet, en Italie, en France, en Angleterre, en Espagne, en Belgique et en Pologne, des origines à nos jours, se compose, après la préface de (...)
Martine Dubarry-Gastambide, Armgart de Montfreid, de la Prusse à la mer Rouge, témoignage. Paris : ed.du Panthéon, 2012
Ce petit livre simple, très bien écrit, témoigne de deux amours fidèles : celui de l’auteure pour une aïeule admirée qu’elle n’a connue qu’à travers des confidences de sa propre mère et des correspondances multiples, Armgart Freudenfeld ; et surtout, sujet du livre, l’amour passionné indéfectible d’Armgart, jeune aristocrate prussienne belle, intelligente, cultivée et courtisée, qui sut (...)
Maurice Couquiaud, Chroniques de l’Etonnement, de la science au poème, l’Harmattan 2008
Préface de Charles Dobzynski et Avant-propos de Basarab Nicolescu
Gaston Bachelard, historien et philosophe des sciences, menait parallèlement mais séparément son analyse épistémologique de la rationalité appliquée et son exploration chez les poètes des « images matérielles », éléments du cosmos présents dès les penseurs poètes présocratiques mais dédaignées par la Modernité dualiste.
Maurice Couquiaud, de formation (...)
Max de Carvalho, Les Degrés de l’incompréhension. Paris-Orbey : Arfuyen, 2014.
« Sans quitter ta demeure / ni les tiens tu partiras » : c’est sous l’angle du paradoxe, pour un exil particulier, que Max de Carvalho place son recueil. Des strophes brèves qui, parfois, s’étofferont, comme dans « Poème-phare », décrivent dès le début sensations, sentiments et remarques diverses sur les voix, l’appel, les odeurs, la nature. Les phénomènes observés parlent « au voyageur sa langue / mortelle ». La vision (...)
Michael Edwards, De l’émerveillement. Paris : Fayard, avril 2008.
Cet ouvrage, issu du cours donné par son auteur au Collège de France en 2006-2007, se compose dialectiquement, ce qui n’est pas surprenant puisque l’émerveillement, comme l’écrit Jacqueline de Romilly, citée par Michael Edwards dans son Avertissement, est aussi l’angoisse, tous deux « étroitement enlacés, comme des tiges de vigne vierge » (p. 8). L’émerveillement, nous avertit d’emblée l’auteur, qui est poète, n’est pas seulement « le (...)
Michael Edwards, Le bonheur d’être ici. Paris : Fayard, 2011.
Ce nouveau livre, dont Michael Edwards emprunte le titre à Claudel, est issu du cours donné au Collège de France en 2007-2008. « Le bonheur nous hante, comme un beau souvenir ou un rêve, comme une perte ou une promesse. » (p. 7) Et l’auteur précise aussi, dans le préambule, qu’il n’oublie pas le « malheur de l’ici » : « … c’est précisément parce que les hommes souffrent et souffriront toujours que l’on doit parler du bonheur véritable et de (...)
Michael Edwards, At the Root of Fire / A la racine du feu, Choix de poèmes (1972-1985), traduction d’Anne Mounic, fusains de Catherine Day. Paris : éditions Caractères, 2009.
Jusqu’en 1990 la bibliographie de Michael Edwards, poète et essayiste, était essentiellement anglaise ; à partir de 1996 elle sera française, suivant la biographie d’un poète britannique, aujourd’hui intégré dans notre Bourgogne et qui s’en évade volontiers pour Paris et le Collège de France où, de 2001 à 2008, il a il occupé la (...)
Jacqueline Sudaka-Bénazéraf, Le Journal de Franz Kafka : L’impasse de l’écriture et le dessin de l’acrobate. Collection « Études de style ». Lormont : Le Bord de l’eau, 2019. Cette étude vise à considérer l’œuvre de Kafka sans en omettre ce qui dans la publication de ses écrits se voit généralement négliger, à savoir les dessins qui accompagnent le cheminement de la réflexion. Jacqueline Sudaka-Bénazéraf le dit avec justesse, dessin et écrit « entrent moins en opposition qu’en ‘vis-à-vis’ », ouvrant « un (...)
Michèle Duclos, Un regard anglais sur le symbolisme français : Arthur Symons, Le mouvement symboliste en littérature (1899) généalogie, traduction, influence. Paris : L’Harmattan, 2016. Michèle Duclos entreprend, dans cet ouvrage, de retracer le cheminement spirituel d’Arthur Symons jusqu’à la composition de cette somme importante que fut The Symbolist Movement in Literature (1899). Ce livre permit à nombre de poètes anglais de découvrir le symbolisme français. L’auteur de cette introduction nous (...)
Philippe Dautais, Le Chemin de l’homme selon la Bible, Essai d’anthropologie judéo-chrétienne. Paris : Desclée de Brouwer, 2010.
Dans la préface Bertrand Vergely définit l’Homme créé « par Dieu à son image (…) ni être, ni néant, mais un devenir », non comme « une figure de savoir censée concurrencer Dieu, mais [comme] une merveille à découvrir au cours d’une expérience de ces profondeurs, avec l’aide de Dieu (…) » (p.8 et 9). Dès l’Introduction, Le Père Dautais présente la Bible comme « le livre de la (...)
La saison de mon contentement de Pierrette Fleutiaux. Arles : Actes Sud, 2008.
La féminité en cause.
La saison de mon contentement sonne comme une phrase shakespearienne, clin d’œil au « Now is the winter of our discontent », « Voici l’hiver de notre déplaisir » qui ouvre la tragédie de Richard III. Le livre de Pierrette Fleutiaux n’est ni une pièce de théâtre, ni un roman, ni un essai sociologique. C’est un livre dans la tradition des ouvrages du XVIIIème siècle qui embrasse plusieurs domaines, explore (...)
Valentin Feldman, Journal de guerre 1940-1941. Tours : Farrago, 2006.
En découvrant ce livre grâce à une note de lecture du Matricule des Anges, je me doutais fort peu que son auteur, fusillé au Mont Valérien le 27 juillet 1942 pour faits de résistance, était le père de Léone Teyssandier, qui était ma collègue à Paris 3. Le journal de cet homme, né le 23 juin 1909 à Saint-Pétersbourg dans une famille aisée, orphelin de père en 1916 et arrivé en France avec sa famille en 1923 après avoir traversé les (...)
Véronique Cohen (direction), Grands-mères : Un amour tendre et féroce. Paris : Autrement, 2005.
La couverture de l’ouvrage déjà attire. On y voit le portrait d’une femme âgée, les cheveux blancs flottant au vent, le regard assuré et, au lobe de l’oreille, de menues boucles, un petit diamant, une petite étoile. Le recueil se compose d’études sur le personnage complexe de la grand-mère, les noms qu’on peut lui donner selon les milieux, selon les époques (Entretien avec Pierre Encrevé, linguiste) ; ses (...)
Alice Clark-Wehinger, William Shakespeare et Gérard de Nerval : Le théâtre romantique en crise (1830-1848). Paris : L’Harmattan Critiques littéraires, 2005.
Cette étude très documentée, parue dans la collection Critiques littéraires dirigée par Maguy Albet, s’intéresse au paysage théâtral en France entre 1830 et 1848 à travers les chroniques de Gérard de Nerval. Le théâtre romantique en crise se cherche de nouveaux modèles pour mettre fin à l’antagonisme entre avant-garde et ancienne école. Nombre de (...)
Entre Jérusalem et Athènes : Benjamin Fondane à la recherche du judaïsme. Textes réunis par Monique Jutrin. Paris : Parole et Silence / Lethielleux, 2009.
Benjamin Fondane, Poèmes d’autrefois. Le reniement de Pierre. Traduits du roumain par Odile Serre. Postface de Monique Jutrin. Cognac : Le temps qu’il Fait, 2010.
Plaçant en exergue de cet ouvrage ces mots de Benjamin Fondane dans Le Mal des fantômes : « Juif, naturellement, tu étais juif, Ulysse », Monique Jutrin, spécialiste du poète et (...)
Christopher Ricks, True Friendship : Geoffrey Hill, Anthony Hecht and Robert Lowell Under the Sign of Eliot and Pound. New Haven and London : Yale University Press, 2010.
Ce livre rassemble les conférences données à la mémoire d’Anthony Hecht au Bard College dans le cadre des Anthony Hecht Lectures in the Humanities, en 2007 par Christopher Ricks, critique très renommé, qui fut, entre autres, Professeur de poésie à Oxford. Si dans son titre est utilisée l’expression « under the sign of », « sous (...)
Daniella Pinkstein, Que cherchent-ils au ciel, tous ces aveugles ?. Bruxelles : M.E.O., 2015.
Mezza voce pour une Europe défunte. A mi voix, entre cantate polyphonique et roman à la trame labyrinthique, Daniella Pinkstein dresse le constat d’une Europe perdue, sombrée dans l’aveuglement des néons consuméristes et les bavardages nauséeux « Le langage qui ne nous sert pas à dire suffisamment ce que chacun de nous voudrait dire révèle par contre et à grands cris, sans que nous le voulions, la condition (...)
Geoffrey Hill, Le triomphe de l’amour. Traduit de l’anglais par René Gallet, en collaboration avec Michael Edwards. Edition bilingue. Préface de Michael Edwards. Notes établies avec l’aide de Jennifer Kilgore. Le Chambon-sur-Lignon : Cheyne éditeur, 2006.
La publication de ce recueil, qui consiste en une séquence de cent cinquante poèmes, nombre des psaumes bibliques, s’accompagne désormais de celle de deux autres livres, utiles, voire nécessaires, pour la compréhension de l’œuvre de Geoffrey Hill : (...)
Henri Meschonnic théoricien de la traduction, sous la direction de Marcella Leopizzi et Céleste Boccuzzi. Préface de Giovanni Dottoli. Paris : Hermann, 2014.
Marcella Leopizzi écrit, dans sa notice introductive ‒ dans laquelle elle exprime toute son admiration affectueuse pour Henri Meschonnic ‒ que ce « livre constitue l’une de études visant à la réalisation du projet de recherche, intitulé Henri Meschonnic : poeta, traduttore, linguista », qu’elle supervise à l’Université de Bari Aldo Moro, en (...)
Jean-François Mézil, Hier est en route. Paris : Feuilles Fictions, 2014.
Ce roman, divisé en trois parties, – « Aujourd’hui », la plus longue, le corps énigmatique du montage, « Demain », « Hier ? » –, commence au futur : « Je vais vous raconter DEMAIN. / HIER était trop triste. » Le récit débute donc sur le ton de l’extrêmement probable, dicté par l’habitude, mais nous sommes prévenus ; Charles se rend à l’hôpital pour voir sa femme. Quand au narrateur, il ne méritait pas ça. De quoi nourrir le suspens sur (...)
Joël Vernet, Les petites heures précédé de Au bord du monde et suivi de La maison immobile. Castellare-di-casina : Editions Lettres Vives, 2014.
Chacune des proses vagabondes de ce recueil s’ancre dans un pays natal que l’auteur revisite régulièrement : la Margeride, au nom doux et sonore pour une enfance éloignée. La langue doit être capable d’épouser la nostalgie aussitôt gommée par la vivacité du souvenir et l’acuité d’un regard qui se pose sur la campagne simple, paisible et élémentaire. La compagnie (...)
Jean Bensimon, L’homme aux gniasses, et autres récits de la nuit. Nouvelles. Paris : L’Harmattan, 2006.
Au centre de chacune de ces nouvelles, un personnage masculin, qu’il soit enfant, jeune homme ou d’âge mûr, voire âgé, évalue, à la première ou à la troisième personnes, son existence, ainsi que l’existence en général, qu’il ne considère pas d’un point de vue extérieur, sous l’angle des faits ou des événements, mais dans l’intériorité de la conscience et de la sensibilité. Il s’agit donc plus de valeur et (...)
Mauro Fabi, Le domaine des morts. Evian : Alidades, 2010.
"La mort est une inutile
Une pierre éclose qui ne fleurit jamais
Dans l’humide place qui t’est due"
D’un coté l’adieu à la grand-mère, à ces os qui s’effritent, de l’autre le dénuement dans la ville, cet immense cœur fatigué et l’enterrement des rapports humains avec en sourdine le passé qui rejaillit et se dilate. Dans ce recueil tout en nuances et en finesse, Mauro Fabi nous fait ressentir le passage imperceptible d’une vie à l’autre, (...)
Michael Edwards, Paris aubaine. Bruxelles : Editions de Corlevour, 2012.
Alors que dans un chapitre de son essai, Le bonheur d’être ici (Fayard, 2011 ; voir Temporel n° 11), Michael Edwards, faisant de Paris sa demeure, évoquait le Pont des Arts, à travers ce recueil dédié à son épouse, Dani, il se promène dans Paris rue de Rivoli, le long de la Seine, à l’Opéra-Bastille, au Trocadéro, au jardin du Luxembourg ou au square Saint-Jacques. Retenons cette réflexion sur le poème, « verbe au futur présent », (...)
Michel Cosem, Les Oiseaux de la Tramontane. La Geneytouse : Editions Lucien Souny, 2013.
La photographie de couverture ne nous trompe pas ; il s’agit d’un des châteaux cathares (Quéribus ?), et le roman nous invite à une promenade dans le très beau paysage des Corbières. Michel Cosem nous invite à suivre son héros, Gabriel, dans l’Occitanie d’aujourd’hui, mais nous réserve également des évocations historiques du temps des chevaliers cathares. La tramontane se glisse entre les lignes du récit, laissant (...)
« La souffrance est aussi un royaume de l’homme »*
(Une lecture des poèmes de Michèle Finck : Les larmes de l’oreille.
Dijon : Poliphile, 2007)
Dans un monde nocturne en proie à une guerre intestine perpétuelle, où « Blanche-Neige et Noire-Neige luttent au poignard » (p. 8) sans jamais remporter la victoire, seule « l’ouïe est ouverte », « l’ouïe est noire disent-ils en creusant » (p. 9). Michèle Finck reprend ainsi, mais en inversant peut-être son sens, le verset du psaume où le roi David remercie le (...)
Paul Edwards, Soleil noir : Photographie et littérature des origines au surréalisme. Rennes : Presses Universitaires, 2008.
La première chose à dire, sans doute, pour rendre compte de ce très beau travail, c’est que le livre lui-même, en tant qu’objet, est magnifique. On admire tout d’abord, sur la couverture, une photographie de l’auteur lui-même, suggérant à la fois un œil ou une étoffe, dans les jaunes, les bruns et les noirs qui évoquent le duvet des abeilles. Paul Edwards était, en effet, (...)
Pierre Dhainaut, Vocation de l’esquisse. Encres d’Isabelle Raviolo. Paris : La Dame d’Onze Heures, 2011.
Isabelle Raviolo édite et illustre le recueil d’un poète qui ne désire pas s’isoler dans l’écriture du poème, mais s’attache à dire « nous ». Le poème paraît également un acquiescement à la réalité du monde :
Oui, les fruits du sorbier
sous les becs des merles, la terre
en, est rouge, où tu n’oses marcher,
oui, la feuille d’érable
qui se détache de la branche, qui plane,
tu l’attends, rien ne presse (...)
Raphaël Enthoven, Les Vendredis de la philosophie :
Kant, la tête dans les nuages, avec Jacques Darriulat et Luc Ferry.
Sartre, la liberté dans tous ses états, avec François George, Frédéric Worms et Juliette Simont.
Paris : Naïve, 2008.
Deux petits livres originaux : dans chaque cas, une présentation et quelques extraits des œuvres commentées, et le CD de l’émission de France-Culture, consistant en ce commentaire lui-même. On peut regretter toutefois que les œuvres en question ne soient pas (...)
Roger Munier, Vision. Paris : Arfuyen, 2012.
L’éditeur annonce que l’écriture de ce recueil de pensées composé de trois parties distinctes Néant, Vision et Amen, a pris fin deux mois avant que l’auteur ne disparaisse.
Au seuil de sa vie, Roger Munier tient une dernière fois « le néant » au bout de sa plume dans une pensée qu’il développe sous l’influence d’Heidegger dont il fut le traducteur. On le reconnaîtra au détour de ce fragment : « L’être est ce qui permet l’étant de se dresser, un temps au (...)
Serge Martin-Ritman, Dédicaces Poèmes : Vers Henri Meschonnic. Mont-de-Laval : L’Atelier du Grand Tétras, 2012.
Cet ouvrage se définit dès l’entrée comme une « tentative d’écrire Meschonnic » et l’on perçoit bien en le lisant, dans le rythme et dans le style, la portée de l’influence du poète et poéticien sur son ami. « Henri Meschonnic est pour moi chaque jour l’ouvert de la légende ». Le titre rappelle le recueil d’Henri Meschonnic intitulé Dédicaces proverbes, caractéristique, selon Serge Martin, de (...)
La « néant-morphose » d’Aurélien, portrait du personnage en « homme minuscule » ?
Notes de lecture sur Hors champ, de Sylvie Germain, éd. Albin Michel, 2009.
« Il se refuse encore à reconnaître l’énormité de son désastre (…) alors même que, de cette réalité, de la
communauté humaine, il entend comme jamais les pulsations du cœur. Ce n’est d’ailleurs pas tant qu’il la refuse,
cette néant-morphose, il est sidéré. Et soudain, devant tant d’aberration, il éclate de (...)
Ted Hughes, Selected Translations, Edited by Daniel Weissbort, Faber and Faber, 2006.
L’activité de traducteur de Ted Hughes (1930-1998) accompagna continuellement son activité d’écriture poétique. L’ouvrage conçu par Daniel Weissbort, qui fut un très proche collaborateur du poète, fondant avec lui la revue Modern Poetry in Translation en 1965, a pour vocation d’éclairer le sens de ce travail en relation avec l’écriture de création. La richesse de la sélection des extraits traduits par Ted Hughes, la (...)
Tony Harrison : Cracheur de feu. Edition bilingue. Traduit de l’anglais par Céline Marshall. Paris : Arfuyen, 2011.
Voici un recueil auquel a été attribué le Prix Européen de Littérature 2010 représentant trente années de création poétique. Un titre provocateur, agressif, a été choisi pour finalement englober une poésie formelle du point de vue métrique. Mais ce cadre semblait indispensable pour resserrer une nécessaire prise de parole et réalisation de celle-ci. Entre les Sonnets de l’école de (...)
WITH BORGES by Alberto Manguel, Telegram Books, 80pp, £6 99p
The other night I saw someone on the television news demonstrate a prototype digital book that unfolds like an ancient parchment scroll. As I recall, its memory (much better than mine and perhaps even better than that of Borges) contains eighty entire books, books the length of, say, Manguel’s The History of Reading, to which the text under review is an enchanting coda. I say “an” rather than “the” enchanting coda because any (...)
Anne Simonnet, Pierre Emmanuel, poète du samedi saint. Préface de Dominique Ponnau. Paris : Parole et Silence, 2010.
Nos lecteurs connaissent bien Anne Simonnet, spécialiste de l’œuvre de Pierre Emmanuel, qui nous donne aussi, dans ce numéro, un article sur Georges Bernanos. Cet ouvrage sera d’un grand intérêt pour ceux qui voudront approfondir leur connaissance de la poésie et de la pensée de Pierre Emmanuel. En trois chapitres argumentés et assortis de nombreuses citations du poète, « Où est-il, (...)
Bluma Finkelstein, La petite fille au fond du jardin. La Riche : Editions diabase, 2010.
Le récit autobiographique composé de brefs chapitres en deux grandes parties est écrit sous le signe de la solidarité. Viennent s’ajouter un ensemble de photographies de famille scandant le récit en deux parties égales et un à deux textes poétiques qui ravivent la prose. « Je sais à présent : j’ai été une erreur / comme cette gerbe monotone sur une tombe défoncée / et pourtant je vis / j’en donne même la preuve : (...)
Christian Poirier, L’aubier des jours. Châtelineau : Editions Le Taillis Pré, 2015.
Pour commencer l’année avec l’âme légère mais toujours aux aguets, Christian Poirier nous offre deux ensembles de textes poétiques libres qui se font écho, Encré d’aube et L’aubier des jours. Le lecteur de poésie aime qu’un recueil commence par un paysage regardé au travers lequel l’écrivain interroge les interstices de bleu sous l’égide de Baudelaire. Le poème balaie aussi bien l’horizon que la profondeur. C’est pourquoi, (...)
Christopher Okemwa, Purgatorius Ignis, traduction de l’anglais (Kenya) par Alice-Catherine Carls. Recours au Poème éditeurs (recoursaupoeme@gmail.com), 2005
Kenyan d’origine et de formation, enseignant actuellement à l’université de Kisii au Kenya, Christopher Okemwa est conteur, dramaturge, critique littéraire, acteur et poète de réputation internationale, invité des festivals de poésie d’Irlande du Nord et de Colombie à Medellin et,en 2012, de la Biennale Internationale de Poésie de Liège.
Ce (...)
Colette Gibelin, Fluctuations. Bergerac : Les Amis de la Poésie, 2007.
(Prix du Poémier de Plein Vent 2007 de la Ville de Bergerac.)
Ce long poème débute par un impératif : « Ouvre les yeux » et tient du dialogue avec soi-même et de l’exhortation. Toutefois, ce Tu qui doit tour à tour ouvrir ou fermer les yeux, ouvrir ou fermer la porte, ouvrir le livre, prendre son carnet, fermer le livre et oublier ces pages, peut aussi bien être le lecteur. Le poète, être de la communication par excellence, (...)
Gérard Pfister, Le temps ouvre les yeux. Oratorio. Paris : Edition Arfuyen, 2013.
Le temps ouvre les yeux est le second Oratorio que Gérard Pfister offre à l’édition. Il est de même composition : neuf mouvements suivent un rythme binaire, celui de l’homme, celui du monde, dans l’économie des mots. Deux à trois syllabes suffisent pour construire des phrases « suspendue[s]/dans le/vide » comme une note de musique ou une main levée avant qu’elle ne frappe. Ce n’est donc que « balancement » et « (...)
Celebrating Katherine Mansfield : A Centenary Volume of Essays. Edited by Gerri Kimber and Janet Wilson. Basingstoke : Palgrave Macmillan, 2011.
Ce recueil, dû au patient travail de Gerri Kimber et de Janet Wilson, est le fruit du colloque qui se tint à Londres en septembre 2008, célébrant l’arrivée de Katherine Mansfield dans la capitale britannique en juillet 2008. Les différents essais qui composent cet ouvrage renouvellent l’approche critique de cet auteur. Le colloque lui-même avait suscité (...)
István Kemény, Deux fois deux. Poèmes traduits du hongrois et présentés par Guillamume Métayer. Illustrations d’Ana Kozelka. Paris : Caractères, 2008.
Né en 1961 à Budapest, István Kemény est non seulement poète, mais également romancier. Guillaume Métayer nous présent ici un certain nombre de poèmes, dont le dernier en sa version originale et sa traduction, « L’Affaire d’un Rien » (p. 85). Un certain humour, une certaine ironie, parcourt ce volume aux intérêts divers, de la Révolution française aux « pas de (...)
Jacques Goorma, Le séjour. Paris : Arfuyen, 2009.
Autour de huit ensembles aux titres lapidaires et dont le premier – Le Séjour – vient fonder le sujet d’inquiétude du recueil, Jacques Goorma réunit de petites proses écrites sur trois saisons et deux lieux différents, une île grecque et la maison familiale. Dans chacune de ces proses, lumière présence, éveil sont des vitalités naissantes qui se diffusent progressivement dans l’écriture. Celles-ci n’ont de sens que par rapport à la présence du lieu dans (...)
Jean-Louis Giovannoni, Ce lieu que les pierres regardent, suivi de Variations, Pas japonais, L’invention de l’espace. Paris : Lettres Vives, 2009.
Les éditions Lettres Vives réunissent pour la première fois quatre recueils de Giovannoni parus entre 1984 et 1992. Ainsi nous est donné un éventail de la création de cet auteur et une évolution sur huit années.
Avec Ce lieu que les pierres regardent , Giovannoni répète, dès les premières pages, l’acte de création ou de naissance se confondant dans les (...)
Pierre Furlan, L’atelier de Barbe-Bleue. Nouvelles. Arles : Actes Sud, 2002.
Une grande inquiétude parcourt ce recueil de nouvelles de Pierre Furlan, qui porte en exergue ces lignes de Christa Wolf : « Comme nous connaissons tous ce péché qu’est l’absence d’amour, nul n’en gardera le souvenir. C’est ce que nous appelons bonheur. » Cette inquiétude naît avec les faux-semblants, l’indifférence ou le manque d’authenticité. C’est ainsi que la nouvelle éponyme présente une satire des ateliers d’écriture et (...)
Louise Warren, Voir venir la patience. Outremont (Québec) : Editions du passage, 2014.
Le mouvement s’affirme parfois dans l’immobilité. Le silence s’y laisse entendre. La lenteur rythme la brièveté des textes. Un paysage prend forme en un seul coup de pinceau. La poésie de Louise Warren est celle de l’observation voire de la contemplation de l’éphémère, du presque rien. Pour écrire, il semble que tout doive s’effacer pour que de nouveaux signes du monde puissent apparaître avec le regard neuf de l’état (...)
Maurice Couquiaud, Anthologie poétique 1972-2012. Paris : L’Harmattan, 2012.
Dans la Collection des Poètes des cinq continents, Maurice Couquiaud publie son anthologie poétique, qui recouvre quarante années, et qui est dédicacée à la mémoire de Léopold Sédar Senghor. L’humour et la sensibilité du rédacteur de ce qui fut la revue phréatique se révèlent, par exemple, dans les « Confidences au mur de mon jardin » :
Je l’ai récemment découvert dans une déchirure...
certains murs nous cachent qu’ils ont un (...)
Michèle Finck, Balbuciendo. Paris-Orbey : Arfuyen, 2012.
Giacometti et les poètes : « Si tu veux voir, écoute ». Paris : Hermann, 2012.
Dans l’essai sur Giacometti et les poètes, Michèle Finck, dans la perspective de la poétique du son, qui lui est propre, montre à quel point, en ce qui concerne l’œuvre d’art, le principe cistercien : « Si tu veux voir, écoute », énoncé comme sous-titre de cette étude fouillée, donne à la perception artistique un profondeur de révélation inégalée. « Cette formule de (...)
« La souffrance est aussi un royaume de l’homme »
Une lecture des poèmes de Michèle Finck : Les larmes de l’oreille, Dijon, Poliphile, 2006
et L’ouïe éblouie, Voix d’encre, Montélimar, 2007.*
I
Dans un monde nocturne en proie à une guerre intestine perpétuelle, où « Blanche-Neige et Noire-Neige luttent au poignard » sans jamais remporter la victoire, seule « l’ouïe est ouverte », « l’ouïe est noire disent-ils en creusant ». Michèle Finck reprend ainsi, mais en inversant peut-être son sens, le verset du (...)
Rock Photography Cover Art, from the Beatles to Post-Punk. Edited by Paul Edwards. Paris : Ouphopo Editeur, 2012.
Alphonse Daudet / Henri Magron, L’Elixir du R.P. Gaucher. Préface de Paul Edwards. Paris : Ouphopo Editeur, 2011.
Dans la ligne de son ouvrage consacré à la photographie et la littérature, Paul Edwards publie, à l’Ouvroir de Photographie Potentiel, une série d’études, dans la collection « Bibliothèque lunaire », sur la photographie illustrant les pochettes de disques dont la (...)
Pierre Furlan, Le Rêve du collectionneur. Pirae, Tahiti : Le Vent des Iles, 2009.
Pierre Furlan, comme il le dit dans une note placée à la fin de l’ouvrage, a trouvé en Nouvelle-Zélande l’inspiration de ce roman, travaillant à partir d’archives notamment. Le collectionneur, qu’il nomme Will Bodmin, fils d’un inventeur, Franklin Bodmin, père un peu écrasant sans doute, et souvent absent, est aussi art-thérapeute. Ayant quitté la Nouvelle-Zélande en 1949, Will exerce sa profession à l’hôpital d’York. (...)
Robert Misrahi, La Liberté ou Le Pouvoir de créer. Paris : Autrement, 2015.
Dans ce livre à la fois très beau et très éclairant, dont certains chapitres reprennent des articles publiés pour la première fois dans Peut-être, revue de l’Association des Amis de l’Œuvre de Claude Vigée, Robert Misrahi se demande pourquoi « l’idée au moins vague et générale d’une liberté à la fois certaine, malheureuse d’abord, et créatrice potentielle de sa joie et de son indépendance ensuite ne [fait] pas encore partie intégrante (...)
Seymour Mayne, The Old Blue Couch and Other Stories. Toronto : Ronald P. Frye & Company Book Publishers, 2012.
Ce recueil se compose de sept nouvelles qui mettent en scène des situations comiques, traitées avec humour par Seymour Mayne, poète canadien. Dans la nouvelle éponyme, il est question d’un canapé bleu volé, puis rendu, vu l’efficacité de la magie... noire :
Puissiez-vous vous y étendre
avec une migraine atroce
Il est question dans ce recueil d’immigrants ayant fui l’Europe de (...)
Benjamin Fondane, Poèmes retrouvés 1925-1944 : Edition sans fin. Paris : Parole et Silence, 2013.
« Edition sans fin », nous dit Monique Jutrin dans sa présentation de cet ouvrage, « c’est ainsi que Fondane avait sous-titré la deuxième version d’Ulysse. Ce titre conviendrait à toute l’œuvre entière. » (p. 9) Ce livre doit beaucoup à la ténacité de la Présidente de la Société d’études Benjamin Fondane, qui nous conte que, rendant visite en 1996 à la sœur aînée de Geneviève Fondane, celle-ci lui remit un grand (...)
Autour d’Emile Hemmen. Colomiers : Encres Vives, janvier 2014, n° 425.
Le fascicule d’Encres Vives consacré au poète luxembourgeois Emile Hemmen, né en 1923, contient des extraits d’un recueil inédit intitulé L’ailleurs n’est à personne, qui contient de beaux passages, tel celui-ci :
L’ailleurs marche au désir.
Mordu dedans dans nos paroles,
avec la nuit en nous,
avec des feux d’argile dans notre chair.
Comme une promesse de fruit
dans la mémoire des sables immortels,
dans les yeux vides du temps
qui (...)
Gerri Kimber, A Literary Modernist : Katherine Mansfield and the Art of the Short Story. Foreword by Vincent O’Sullivan. London : Kakapo Books,2008.
Katherine Mansfield : The View from France. Bern : Peter Lang, 2008.
Dans le premier ouvrage, Gerri Kimber, spécialiste de l’œuvre de Katherine Mansfield, s’intéresse de près à l’étude des techniques narratives d’un auteur qu’elle place à l’avant-garde du modernisme et dont le style révèle la philosophie. L’auteur de la « Garden Party » invite à un (...)
Henri Meschonnic, Langage, histoire, une même théorie. Lagrasse : Verdier, 2012.
Nous pouvons manifester notre reconnaissance à Régine Blaig, car c’est grâce à sa patiente saisie des essais rassemblés dans Langage, histoire, une même théorie que nous bénéficions de cet ouvrage dont Henri Meschonnic disait qu’il n’avait jamais cessé de l’écrire, ainsi que nous l’indique l’exergue choisi par Gérard Dessons pour sa préface : « Toujours annoncé, jamais terminé, pendant plus de trente ans ce livre est passé, (...)
Patricia Martin-Deffrennes, Jeu de dames. Paris : L’Harmattan, 2001.
Ce roman, qui peut être lu, à certains égards, comme une variation sur le thème du Portrait ovale de Poe, - même indétermination sur le visage de la femme, morte et vivante à la fois, que chez le conteur américain, atmosphère étrange aussi, un peu à la Georges Rodenbach, dans Bruges-la-Morte -, met en présence au fil des mots, et par eux uniquement, un homme, peintre, dont le journal ouvre et clôt le récit, et une femme, écrivain, (...)
John Montague, Dans l’entre-deux / Border Sick Call. Edition bilingue. Traducteurs : Michèle Duclos, Magdelaine Gibson, François Loppenthein, Sylvaine Marandon. Thonon-le-Bains : Alidades, 2014.
Né à Brooklyn en 1929, John Montague a vécu en Irlande à partir de l’âge de quatre ans. Sa vie s’est ensuite partagée entre l’Irlande, les Etats-Unis et la France. Ami de Claude Esteban, il a traduit de ses poèmes.
De longues années en France
j’ai vu peu de choses comme ça,
même dans la guerre algérienne, (...)
Martin Rodan, Camus et l’antiquité. Berne : Peter Lang, 2014.
A première vue, l’antiquité dans l’œuvre de Camus ne paraît pas constituer un aspect majeur de son œuvre, mais à lire le livre de Martin Rodan, Camus et l’antiquité (Peter Lang, 2014), on est vite persuadé du contraire. Issu d’une thèse de doctorat d’Université, le livre a été mûri au cours de quelques années de réflexion. Il conserve néanmoins certains traits du travail d’origine : la division en trois parties (« Première partie : Les études, les (...)
Michel Henry, Romans. Paris : Belles Lettres, collection « encre marine », 2009.
Préfacé par Anne Henry, ce volume contient les trois romans – Le Jeune Officier (1964), L’Amour les yeux fermés (1976) et Le Fils du roi (1981) – écrits par celui qui est connu pour son œuvre de philosophe – notamment L’Essence de la manifestation (1963), Philosophie et phénoménologie du corps (1965), Voir l’invisible – sur Kandinsky (1988), C’est moi la Vérité. Pour une philosophie du christianisme (1996) ou Incarnation. (...)
A noter : Cette note de lecture a donné lieu à un dialogue entre l’auteur de cet ouvrage et l’auteur de la note critique. Vous trouverez cet échange à la suite de la note de lecture.
Nicolas Go, Les printemps du silence. Paris : Buchet-Chastel, 2008.
En philosophe, sous le signe du Faust de Goethe, puis de Marc Aurèle, Nicolas Go explore en cinq moments les domaines du silence. Premier moment : Le printemps du silence. Les formes sociales du silence. Viennent ensuite La leçon du silence et (...)
Nicole Gdalia, Alphabet de l’éclat. Paris : Caractères, 2005.
par Anne Mounic
Cet ouvrage est une anthologie poétique qui retrace l’évolution créatrice du poète de Racines (1975) au recueil éponyme, chant huit, jusqu’alors inédit. L’œuvre entière s’y révèle d’une extrême cohérence. En cette quête de « l’Insondable » (p. 185), de « l’Unique » (p. 27), la « foi » (p. 20) se ressaisit grâce au verbe. L’existence est « vallée de fabrique d’âme » comme le disait Keats, comme le dit aussi, dans la Genèse (28, 12-22 et (...)
Nicole Gdalia, treize battements du respir incertain. Paris : Caractères, 2011.
Ce recueil s’inscrit dans la collection « Arts en résonance » et rassemble un peintre, Masha Schmidt, un musicien, Irakly Avaliani, autour du poète, également traduite en russe par Nicolas Bokov. Sur la couverture se trouve reproduit un fragment de la partition. Le premier mot du poème est un « Tu » : « Tu écris un livre », et le dernier : « amour » : « où les vides / appellent l’amour ». Et cette œuvre en résonance en (...)
Patricia Izquierdo, Devenir poétesse à la Belle Epoque. Paris : L’Harmattan, collection « Espaces littéraires », 2010.
Devenir poétesse à la Belle Epoque de Patricia Izquierdo interroge un phénomène littéraire exceptionnel, bien qu’occulté par le mouvement surréaliste qui lui a succédé : l’éclosion de talents poétiques féminins à l’aube du XXè siècle, « l’invasion » ont écrit les critiques, car on n’avait jamais vu autant de femmes écrire de la poésie, à une époque où ce genre connaissait un essor (...)
Patricia Martin-Deffrennes, Les sept prédictions de Tamet. Dessins de Inge Kresser. Paris : Le Jardin d’Essai, 2005.
Les sept prédictions de Tamet est un récit construit à la façon d’un puzzle : deux époques s’y confrontent, le premier siècle avant l’ère chrétienne et l’an 2005 de notre ère, caractères italiques et caractères romains, troisième personne dans les deux cas, féminine dans l’Antiquité, masculine à la période moderne. Un jeune chercheur paléographe étudie une stèle funéraire trouvée en Libye (...)
Paula Rego, Oratorio, 7 July – 20 August 2010 – Marlborough Fine Art – 6 Albemarle Street London WIS 4BY.
Dans ce récent catalogue, Paula Rego nous présente peintures et gravures, toutes d’un grande violence dénonçant la violence. Comme le remarque dans son Introduction T.G. Rosenthal, ce sont souvent des femmes qui sont figurées dans l’œuvre de ce peintre, parce que celles-ci comptent parmi les premières victimes des cruautés quotidiennement pratiquées dans notre monde. Discutant avec T.G. (...)
Pierre Furlan, Paekakariki, nouvelles. Illustré des dessins d’Olivier Sonck. Noville-sur-Mehaigne (Belgique) : Esperluète, 2011.
Ce nouveau recueil de nouvelles de Pierre Furlan, débute avec « Ma vie de boxeur » :
Les mots me sortaient des yeux et du nez, je me répétais : « Je vais arriver à un poème », parce que les poètes, paraît-il, expriment les coups qu’ils ont reçus. (page 7)
Mais l’amour vient après les coups et tempère, ou plutôt allège (« nuage contre nuage », page 29) l’obsession réifiante (...)
Pierre Gonthier, Les heures cerf-volant. Illustrations de Marcel Pajot. Bergerac : Les Amis de la Poésie, 2007.
Un recueil de poèmes fondé sur des jeux de mots, de sonorités et une joie de dire qui enchaîne des phrases, des vers et des strophes sans se prendre au sérieux : « Tout est dit j’arrive bien tard / Aussi plus rien n’est de hasard » (« Tout est dit », p. 27) Cette gaieté pleine de tendresse n’est pas exempte de discrète mélancolie : « Et c’est déjà moins une / Et c’est déjà l’hiver / Vois, ce (...)
Un ciel de sang et de cendres : Piotr Rawicz et la solitude du témoin. Sous la direction d’Anny Dayan Rosenmann et Fransiska Louwagie. Paris : Editions Kimé, 2013.
Le devoir de mémoire émerge en France à partir de 1990. Il corsette le témoignage, exigeant de lui la véracité des faits, la pudeur de l’expression et le respect des victimes. Par ces exigences de scrupuleuse honnêteté, favorisant la « distance anesthésique », il jette aux oubliettes, en exil de son temps, un livre pourtant déjà oublié, le (...)
Seymour Mayne, Ricochet. Translated by / Traduit par Sabine Huynh. Ottawa : University of Ottawa Press, 2011.
Sous une très belle couverture dont le dessin, sans doute à l’encre, est dû à Sharon Katz, on découvre les sonnets d’un mot de Seymour Mayne, « version ‘miniature’ du sonnet, concise et produisant un certain effet visuel », nous dit l’auteur en sa préface, ajoutant : « Chaque sonnet d’un mot de ce recueil se veut piquant et suggestif, spirituel. » La traductrice, Sabine Huynh, décèle dans cette (...)
Sylvie Reff, Schrei. Strasbourg : BF Editeur, 2014.
« Schrei », le nouveau recueil de poésie de Sylvie Reff paru aux éditions BF à Strasbourg réunit deux poèmes : « De Zopf = La natte » qui évoque la fin tragique d’une grand-mère placée par ses enfants dans une maison de retraite et « De Zwang = La contrainte », un dialogue entre une fille et son père âgé et malade.
« La natte » est la reprise d’un texte publié en 2000 chez le même éditeur. Comme le second, il se caractérise par sa composition alternée en (...)
Alain Lacouchie, De temps à l’autre, incertain. Saint-Estève : Editinter, 2007.
Ce recueil de cent poèmes, dont certains gnomiques (« L’attente n’est pas une pierre : elle est du sang des autres », 23), tient aussi du surréalisme par le collage d’images surprenantes en leur association (« L’océan tomba dans le crépuscule, / quand les flamants roses frissonnèrent de saxo », 17). Alain Lacouchie bouscule le lexique : « J’insomniaque parmi les nomades » (20), « comme si la mort apeurait » (1). Le rythme (...)
Anne Mounic, Le Dit du corbeau et autres nouvelles. Paris : Editions Feuilles 2014.
Les quatre nouvelles, écrites dans la ferveur du verbe, prennent leur source dans la réalité pour très rapidement enclencher une réflexion ou s’évader vers l’imaginaire. C’est d’ailleurs le lot de tous les écrits d’Anne Mounic. La première nouvelle fait parler un corbeau blanc devenu noir. Cet oiseau mal aimé, maléfique, souffrant des a priori, redore un peu son image. Un seul homme au terme de sa vie engage une (...)
Nous reproduisons ci-dessous, avec l’aimable autorisation de son auteur, Paul Van Melle, cette recension de mon dernier livre, car nous sommes sensibles au sentiment d’amitié qui en émane.
*
La prose-poésie raconte
Ne s’agirait-il pas de théâtre, ou même de voyages dans le temps et l’imaginaire ? Anne Mounic, quoi qu’elle écrive ou même peigne ou dessine, ne quitte jamais pour longtemps les mondes étranges de ce que j’appelle les rêves, même si par exemple La Dame à la licorne ne paraît que raconter (...)
Autour de l’Irlande
La mise en valeur de l’Irlande au dernier marché de la poésie de Saint-Sulpice, à Paris, a suscité plusieurs publications, dont celles-ci :
Harry Clifton, L’Observatoire des Oiseaux / The Bird-Haunt. Plusieurs traducteurs. Thonon-les-Bains : Alidades, 2013.
Né à Dublin en 1952, titulaire d’une chaire de poésie à l’University College de Dublin, Harry Clifton évoque Giacometti, Stendhal, René Char, Gottfried Benn ou Dante. Les poèmes choisis ici concernent le voyage, le passage, le (...)
Christian Laval, L’homme économique : Essai sur les racines du néolibéralisme. Paris : Gallimard, 2007.
L’homo œconomicus n’est pas derrière nous, il est devant nous […]. L’homme a été très longtemps autre chose ; et il n’y a pas longtemps qu’il est une machine, compliquée d’une machine à calculer.
Marcel Mauss, Essai sur le don.
Cité par Christian Laval. Christian Laval, L’Homme économique, Gallimard, 2007 envoyé par fbses
L’Économie, par sa quête de légitimité scientifique, commune à toutes les (...)
Four Irish Poets / Quatre poètes irlandais. Pat Boran, Katherine Duffy, Mary Montague, Gerry Murphy. Edited by Clíona Ní Ríordáin. Dublin : The Dedalus Press, 2011.
A l’initiative de Clíona Ní Ríordáin, avec la complicité de Pat Boran, responsable de The Dedalus Press, et le soutien du Centre culturel irlandais de Paris, paraît, à l’occasion de Bloomsday, le 16 juin 2011, ce recueil qui réunit quatre poètes d’Irlande et quatre traducteurs français, parmi lesquels Paul Bensimon, qui traduit Gerry Murphy, (...)
François Lescun, Eté indien. Monotypes originaux de Véronique Trimming. Paris : Caractères, 2009.
Ce recueil poétique se compose de trois parties, « Rose d’automne », « Au pied du mur » et « Antagonies ». Les deux premières parties composent chacune une séquence, de vingt et un poèmes pour la première, sous le signe d’Agrippa d’Aubigné : « Une rose d’automne est plus qu’une autre exquise » ; de vingt poèmes pour la seconde. La dernière partie, qui s’ouvre avec La Rochefoucauld : « Le soleil ni la mort / ne se (...)
Geneviève Huttin, Cavalier qui penche. Peintures de Christelle Rousseau. Paris : Le Préau des Collines, 2009.
Lors de la lecture que Geneviève Hutin, invitée par Camille Aubaude, a donnée cet automne à la Librairie Wallonie Bruxelles, le poète a beaucoup parlé de son père, lorrain et « riche de ses deux langues, le français et l’allemand » (p. 81). Cette langue, l’allemand, Geneviève Huttin dit en être « exclue » (p. 5). Elle conte les traumatismes que laissa la guerre dans la vie et dans l’esprit de ce (...)
Johann Wolfgang von Goethe, Faust : Urfaust, Faust I, Faust II. Edition établie par Jean Lacoste et Jacques Le Rider. Paris : Bartillat, 2009.
A l’occasion du bicentenaire de la publication en 1808 de la version définitive du Premier Faust, Jean Lacoste et Jacques Le Rider nous proposent une édition complète de l’œuvre magistrale de Goethe, incluant la toute première version, dite Urfaust, mais qui, plus qu’une version primitive comme l’indique le préfixe ur-, en est une version antérieure, très (...)
Harry Guest, A Puzzling Harvest : Collected Poems 1955-2000. London : Anvil Press Poetry, 2002.
Cette note sur les poèmes complets de Harry Guest accompagne les poèmes que nous traduisons de ce poète dans cette édition de Temporel, ainsi que, en janvier, dans le numéro 5 de Peut-être. L’auteur écrit, en préface à cette édition, qui n’est plus complète désormais, puisque d’autres recueils ont suivi :
Le processus de création ressemble à une déconcertante recherche, suscitée par le souhait présomptueux (...)
Isabelle Guigou, Instants des bas champs. La Meilleraie-Tilay : Soc et Foc, 2007.
Le parfum des pierres aveugles. Martigny : Editions Clarisses, 2008.
Plat pays de polders
blanc de craie
blanc de mouettes.
Terre et eau
étroitement enchâssées
« Pour qu’entre terre et mer
Le souffle ne s’interrompe. »
Tel est le cadre dans lequel une voix murmure dans le beau recueil Instants des bas-champs d’Isabelle Guigou, illustré de façon émouvante par Jacques Trichet et édité aux éditions Soc et (...)
Jean-Baptiste Para, La Faim des ombres. Sens : Obsidiane, 2006.
La lecture de ce recueil laisse une impression de grande retenue, de réticence même. Si le « je » apparaît au second vers du premier poème, « Svetla », il s’efface la plupart du temps, derrière le « nous » : « Nos voix sont des barques sans lien. » (p. 11) ; le « tu » : « Poème est la table par toi dressée » (p. 18), ou bien une multitude de troisièmes personnes, « Vieillard » (p. 10), « Belle endormie » (p. 38) ou « Iannis » (p. 39) pour ne (...)
Jean-Louis Giovannoni, Envisager. Corse : Lettres Vives, 2011. (18€)
D’étranges visages apparaissent à travers cinq portraits de Gilbert Pastor que l’écriture de Giovannoni vient accompagner dans le nouveau recueil Envisager. Déchirée, chaotique, bouleversée, renversée, hachée, est la langue ouverte dans ses viscères avec laquelle Giovannoni s’approprie l’autre. On ne peut ignorer les longues entrevues que peut avoir l’auteur dans le cadre de son travail d’assistant social en hôpital psychiatrique et au (...)
Jean-Yves Le Disez, On achève bien Auden. De l’interprétation à la traduction. Brest : Les Hauts-Fonds, 2008.
Dans ce petit livre, l’auteur, Maître de conférences à l’Université de Bretagne occidentale (Brest), s’interroge sur la traduction, son histoire, en prenant appui sur un poème, parfois intitulé Funeral blues, de W. H. Auden. L’auteur établit un parallèle entre traduction et interprétation. Selon lui, l’acte de traduire après s’être tenu résolument à distance de l’acte d’interpréter se sent appelé (...)
Joël Vernet, La vie tremblante. Angoulême : Le paresseux Editeur, 2015 et L’adieu est un exil. Fontfroide le Haut : Fata Morgana, 2015.
Comme dans son précédent récit où Marina Tsvetaïeva tenait la place d’une figure tutélaire, Joël Vernet vient mêler son propre destin à celui de Christian Dotremont, chef de fil du bref mouvement artistique d’après guerre Cobra. Vernet le rejoint post mortem dans le grand nord, un ailleurs auquel les enfants rêvent lorsqu’ils scrutent la mappemonde accrochée au mur de (...)
Jean-Pierre Naugrette, Les Variations Enigma. Rennes : Terre de Brume, 2006.
Le titre du roman de Jean-Pierre Naugrette place l’énigme sur lequel il se fonde sous le signe d’Edward Elgar, célèbre auteur des marches de Pump and Circumstance, qui font le délice des Proms au Royal Albert Hall de Londres, mais il s’agit ici des Enigma Variations (1899), composées d’un thème, lyrique et passionné, et de quatorze variations, dédiées à des personnes de l’entourage du musicien, seulement désignées par leurs (...)
Centenaire d’Au-dessus de la mêlée de Romain Rolland : Regards sur un texte de combat. Sous la direction de Landry Charrier et Roland Roudil. Dijon : Editions universitaires, collection Sociétés, 2015.
Les regards qui célèbrent, à l’occasion du centenaire d’Au-dessus de la mêlée, cet ouvrage courageux et perspicace, sont multiples, selon le vœu des organisateurs du colloque d’octobre 2014, l’Association Romain Rolland en premier lieu. Landry Charrier et Roland Roudil notent, dans leur introduction, à (...)
Yannis Ritsos, Δευτερόλεπτα / Secondes. 1988-1989. Poèmes traduits du grec et présentés par Marie-Cécile Fauvin. Photographie d’Alain Blancard. Toulouse : Erès, 2012.
Les poèmes ici rassemblés possèdent la nostalgie des dernières années d’une vie active sur les plans poétique et politique. Yannis Ritsos (1909-1990), en des poèmes brefs, s’attache à de menus détails qui content l’existence en son « monde infime, / le monde entier ».
Que pensent les oiseaux
à l’orée de l’automne
quand la brouette au jardin
avec ses (...)
Yves Namur, La tristesse du figuier. Castellare-di-Casinca : Lettres Vives, 2012.
Plaçant en exergue un verset de l’Apocalypse (6, 12) : « ... comme les figues vertes d’un figuier secoué par un vent violent » ainsi que quelques vers de la Sixième Elégie de Duino de Rilke sur le figuier qui se hâte « vers le fruit », Yves Namur compose un recueil selon dix degrés, pourrions-nous dire, dont les titres mêlent les échos mythiques, religieux, poétiques et existentiels. On pense d’emblée, par exemple, à (...)
Alain Roussel, Ainsi vais-je par le dédale des jours. Strasbourg : Cahiers du loup bleu, Edition Les Lieux-Dits, 2013.
Dans ce petit fascicule poético philosophique, le rythme épouse le sens en suivant les syntagmes sans qu’aucune ponctuation ne soit nécessaire si ce n’est le point d’interrogation qui laisse entendre son écho plus prégnant encore dans sa solitude. L’exister et le non-exister prennent corps. Il n’est que l’être humain pour donner conscience à ce qui n’existe pas. « Le rien ? / Par (...)
Anise Koltz, Galaxies intérieures. Paris : Editions Arfuyen, 2013.
Brièveté, concision, netteté participent de la ciselure des textes poétiques du nouveau recueil d’Anise Koltz. Le tranchant les traverse : « Il y règne / une lumière polaire / glaciale / aiguë ». Il s’agit là de creuser, de faire le tour. Le titre épouse tous les textes. L’auteur s’engage en elle-même et avec elle-même, le monde entre les deux et les mots pour s’approcher tout en s’éloignant. Plurielle dans une, c’est ainsi que se considère (...)
Anne Mounic, Jacob ou l’être du possible, monotype de couverture de Guy Braun. Paris : éditions Caractères, 2009.
Ce volume imposant de trois cents pages dans un format modeste et élégant se répartit sur deux parties distinctes à peu près égales : Jacob dans la culture biblique et occidentale ; et le parcours
paradigmatique du personnage dans cette culture. L’accent dans sa longue et diverse carrière est mis sur « La lutte de Jacob avec l’ange (Genèse 32, v.25-32) », sur la rencontre nocturne de (...)
Catherine Malabou, Changer de différence : Le féminin et la question philosophique. Paris : Galilée, 2009.
L’auteur de ce livre s’interroge, en tant que « femme philosophe » sur la question du féminin, en quatre études : « Le sens du ‘féminin’ », « Grammatologie et plasticité », « Le phénix, l’araignée et la salamandre » et « Possibilité de la femme, impossibilité de la philosophie ». Disciple de Jacques Derrida, Catherine Malabou, explorant cette dimension féminine de son être, cherche aussi à se distinguer du (...)
Etienne Gotschaux, éditeur. Transmettre le judaïsme… Témoignages d’aujourd’hui. Paris : Editions du Palio, 2008.
Ce recueil de témoignages très divers sur la question de la transmission du judaïsme aujourd’hui est d’une lecture passionnante à plus d’un titre. Etienne Gotschaux, nous confiant en postface ses intentions à l’égard de cet ouvrage, remarque qu’il aurait pu « engager un travail chiffré, plus scientifique » (p. 351), mais nous ne pouvons que l’approuver quand il énonce finalement que l’« émotion (...)
Arnaud Delcorte, Méridiennes, poèmes, photographies de Brahim Metiba. Bruxelles : Editions M.E.O, 2015.
Dans une belle présentation sur papier glacé, bien espacée avec d’agréables jeux de caractères, déjà le titre suggère et les photographies le confirment, mais axées sur l’humain et non sur les paysages, ces courts poèmes souvent proches du haiku japonais retracent un voyage au Maroc ouvert sur « une conque l’Univers », un voyage moins quête de pittoresque que de rencontres et de sensations sensorielles (...)
Eva Srittmatter, Du silence je fais une chanson, traduit de l’allemand et préfacé par Fernand Cambon, bilingue. Cheyne, 2011.
Les éditions Cheyne proposent un florilège de six recueils parus entre 1973 et 1988 en ex RDA où vécut Eva Strittmatter (1930-2011). La parole comme relation, la parole comme ouverture à l’autre, est une ligne directrice essentielle pour cette poétesse car elle « peut abolir toutes les frontières ». L’humanité se construit aussi sur la parole échangée. Son regard franchit les (...)
Franz Marc, Ecrits et correspondances. Traduction Thomas de Kayser. Introduction de Maria Stavrinaki. Paris : Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, 2006.
Après une introduction de Maria Stavrinaki, qui met en relief la capacité, et le désir, d’empathie de Franz Marc, son mysticisme et sa « nécromancie », sont rassemblés les écrits du peintre, à l’exception de ses Lettres du front, partiellement publiées par son épouse après la guerre et traduites en français par Laurent Bonzon (Editions Fourbis, (...)
Jean Witt, A l’écoute de ton visage : L’ultime accompagnement d’une malade d’Alzheimer. Paris : Desclée de Brouwer, 2016.
Après La plume du silence (2007), Jean Witt poursuit dans cet ouvrage sa méditation sur le visage de Janine, son épouse, qui fut lentement dépossédée d’elle-même par la maladie d’Alzheimer. Les détails âpres de la maladie – la dégradation non seulement mentale, mais également physique, qu’elle induit – s’accompagnent d’une réflexion qui met en lien l’expérience avec les Ecritures, (...)
Jean-Claude Pirotte, Un bruit ordinaire, roman-poème, suivie de blues de la racaille. Paris : La Table Ronde, 2006.
Une adolescence en Gueldre. Roman. Paris : La Table Ronde, 2005.
Ces deux ouvrages, chacun en sa forme particulière, témoignent d’une vie en littérature, où l’on se réclame de Mac Orlan, d’Henri Thomas, de Francis Carco et de son ami Tristan Derème, ainsi que de bien d’autres.
Dans Un bruit ordinaire, roman-poème composé en majeure partie de quatrains, souvent rimés, (...)
Edourad Zarifian, Le goût de vivre : Retrouver la parole perdue. Paris : Odile Jacob, 2005.
Edouard Zarifian, professeur émérite de psychiatrie et de psychologie médicale à l’université de Caen, prend, dans cet ouvrage, la défense de la parole, de l’intersubjectivité et de la créativité individuelle contre les tentations de réification, « d’objectivation », du psychisme. En un avant-propos et six chapitres (« La souffrance psychique », « Naître », « Vivre », « Donner, « Parler » et « La science s’arrête (...)
Michael Heller, This Constellation Is a Name : Collected Poems 1965-2010. Calicoon, New York : Nightboat Books, 2012. Ce recueil de poésie complètes de Michael Heller contient également de nouveaux poèmes, écrits dans le même style sensible et pudique qui caractérise l’œuvre entière. L’auteur s’y trouve sur la tombe de son père, y déposant un caillou.
This pebble is a weight upon a stone,
a weight upon a weight, a presence
upon an absence. I do not part
with my love for you. It is never apart. (...)
Monique Jutrin, Avec Benjamin Fondane au-delà de l’histoire. Paris : Parole et Silence, 2011.
Dans ce livre, Monique Jutrin, utilisant le « Tu » aussi bien que la troisième personne, instaure un dialogue avec le poète dont elle côtoie activement l’œuvre depuis plusieurs années, organisant, en tant que Présidente de la Société Benjamin Fondane, nombre de colloques ainsi que des journées d’études, chaque été, à Peyresq ou à Annot. En août prochain, nous nous pencherons de nouveau sur Baudelaire et (...)
Genre, arts, société : 1900-1945. Etudes réunies et présentées par Patricia Izquierdo. Colloque international interdisciplinaire. Châtillon : Amis d’Axieros, 2012.
Avec un avant-propos d’Anne Berger, ce recueil rassemble les communications du colloque qui s’est tenu à Paris, au Reid Hall à Montparnasse les 22 et 23 janvier 2010. « Loin des oppositions réductrices et stériles hommes/femmes et des clichés toujours vivaces à propos des féminismes ou du féminin qui marginalisent encore un peu plus les (...)
Vincent O’Sullivan, The Families. Wellington : Victoria University Press, 2014.
Comme le titre l’indique, les nouvelles rassemblées dans ce recueil évoquent les péripéties de la vie familiale et cette instabilité qui la caractérise de nos jours et provoque l’inattendu. Dans la nouvelle éponyme, « The Families », « Les familles », les parents se séparent tandis que l’une de leurs filles se heurte à l’indifférence de la famille de Sammy, son ami. Les relations sont complexes et labiles. Comme dans le reste (...)
Vincent O’Sullivan, The movie may be slightly different. Wellington : Victoria University Press, 2011.
Nous recevons le nouveau recueil de notre ami Vincent O’Sullivan, dédié à son épouse Helen, dans lequel nous retrouvons certains poèmes récents, tel celui-ci, dont nous avons publié l’original et la traduction dans le numéro 2 de la revue Peut-être :
Shaping Up
Most of one’s life – the better part,
let’s say – we’re up to our wrists
in clay, liking that potter’s image
for what we’re handling, (...)
Yvon Le Men, Douze mois et Toi. Dessins de Baudouin. Toulouse : Milan Jeunesse, 2005.
Très joli recueil de poèmes aux allures de comptines au fil des mois de l’année :
« A l’ombre des jours qui s’achèvent
un rêve se lève et t’apaise
comme un nid qui luit dans la nuit
des amis de nos vies. »
Les dessins sont très réussis.
Yvon Le Men, Chambres d’écho. Mortemart : Rougerie, 2008.
Ce recueil majoritairement écrit à l’imparfait, temps de la nostalgie, chante l’absence :
« Nous avions la vie
entre nous
elle coulait entre les rives
et nos bras
que le temps
prenait dans ses bras
comme les rives
prennent la rivière
les talus
le chemin
comme ton silence prend la parole
aujourd’hui. » (p. 50)
Yvon Le Men, dans un autre poème, associe par paronomase « les morts et les mots » (p. 41) qui « se retrouvent » dans le (...)
Dominique Sampiero, Bégaiement de l’impossible et de l’impensable. Corse : Editions Lettres Vives, 2012.
Motif du passage et de surcroît motif poétique, la fenêtre ouvre simultanément sur deux mondes, l’extérieur et l’intime, car dans sa transparence elle renvoie un reflet du regardé aussi bien que du regardant. Il n’est donc pas surprenant que dans l’imaginaire de Dominique Sampiero, elle devienne « regard » qu’il conviendrait alors d’écrire au pluriel selon les saisons habitées et traversées par le (...)
Emmanuel Poudiougo, Paraboles au pays Dogon. Choix des textes et coordination éditoriale : Danielle Fournier. Emma Poudiougo. 2006.
Dans ce petit livre fort bien illustré (conception graphique par Fannette Cohen), on apprend tout d’abord quelques petites choses sur le nom de l’auteur, Poudiougo signifiant "Qui ont survécu" et son nom dogon, Denem, signifiant "j’aime". Ceci est important : nous entrons tout de suite en un monde de réalités concrètes, existentielles. La sagesse que contiennent les (...)
Par Nelly Carnet :
Jacques Goorma, Irrésistible. Strasbourg : Editions Les lieux dits, Strasbourg, 2015.
L’on reçoit un petit fascicule sous la forme d’un cahier dans la boîte aux lettres au titre irrésistible pour une future lecture qui ne saurait tarder puisqu’il faudra peu de temps pour s’en imprégner où que l’on soit. Finalement, mieux vaut le lire bien calé sur une chauffeuse douce et moelleuse, un environnement épuré et un profond silence qui laisse entendre le crépitement d’un feu de bois et (...)
Etienne Paulin, Contours du piège. Nantes : Lanskine, 2014.
Voici le sixième recueil d’Etienne Paulin depuis 2010 avec quelques titres significatifs comme Voyage du rien (Prix Thyde Monnier 2012) et Extrême autrui (2012). C’est entre vie rêvée et enfance un étonnant carrousel d’images et métaphores dont les personnages importants sont les monstres, les ours, les félins. Du chant (ou du contre-chant) à l’illusion (« l’illusion comme un étendard »), nous assistons à une construction étonnante de thèmes (...)
Henri Meschonnic, Parole rencontre. Avec six dessins de Catherine Zask. Mont de Laval : Atelier du Grand Tétras, 2008.
De monde en monde. Paris-Orbey : Arfuyen, 2009.
Le premier recueil constitue pour Henri Meschonnic une reprise : en rangeant des papiers, le poète découvre « des choses écrites oubliées, jamais parues » (p. 7) et ce passé lui fait l’effet d’un « présent toujours présent, mais enfoui, et qui voulait sortir ». Les poèmes sont un peu réécrits, pour y supprimer « les petites (...)
Jean-François Mathé, La vie atteinte. Mortemart : Rougerie, 2014.
Sous ce titre énigmatique, au moins à double sens, on procède à pas tranquilles à la lecture de poèmes écrits dans un langage sans emphase et suivant un rythme patient.
Pendant que toutes les voix
autour de nous
font un feuillage sans ramure et sans ombre,
nous aimons glisser le fil qui nous relie
par le chas d’aiguille du silence.
Peut-être le titre « La vie presque chantée » aurait-il donné au recueil une ouverture plus (...)
Jean-Marc Sourdillon, Les Miens De Personne. Préface de Jean-Pierre Lemaire. Lavis de Gilles Sacksick. Paris : La Dame d’Onze Heures, 2010.
Comme le suggère Jean-Pierre Lemaire dans sa préface, « Le Chœur à venir », le poème est, pour Jean-Marc Sourdillon, une réponse au « balbutiement » du monde, réponse qui nous fait naître à nouveau.
« Au commencement
est l’écoulement de l’eau,
l’origine des bruits. »
De l’écoute se déduit l’espace, « un espace immense / vaste comme les plaines et comme les fleuves (...)
Jean-Yves Masson, Neuvains du sommeil et de la sagesse. Le Chambon-sur-Lignon : Cheyne Editeur, 2007.
Cette séquence de quatre-vingt-dix-neuf neuvains, qui s’ouvre sur un poème introductif : « … mères, sœurs de la fièvre aux mains tendues, gardez / intacts les dons du vide et leur loi d’excellence » (p. 11) et se ferme, dans le poème de conclusion, sur ce vers : « Dormez sans peur. Tout en moi vibre et recommence. » (p. 113), est une traversée de la nuit et du deuil, variation sur le motif de la (...)
The Collected Letters of Katherine Mansfield – Volume 5 – 1922-1923. Edited by Vincent O’Sullivan and Margaret Scott. Oxford : University Press, 2008.
Grâce au travail patient de Vincent O’Sullivan et Margaret Scott, nous pouvons désormais aborder en son entier la dernière année de la correspondance de Katherine Mansfield. Dans sa très sensible introduction, Vincent O’Sullivan insiste sur l’évolution intérieure de l’écrivain durant cette période et cite sa fameuse prière du 17 décembre 1922 : « I want (...)
Lionel Jung-Allégret, Ecorces. Marseille : Phœnix, 2011.
Dans un mélange équilibré de proses poétiques et de poèmes, l’auteur du recueil récompensé par le prix Léon-Gabriel Gros dresse un constat : renouer avec une écriture délaissée durant plusieurs années permet de « remettre des mots dans [ses] alvéoles en attente ». Le retour à un langage poétique sans cesse réinventé s’est avéré soudain une nécessité pour qui s’est mis à l’écoute de son être intérieur en perpétuelle inquiétude. Circonscrire l’insondable (...)
Moussa Ag Keyna , Parcours d’un combattant, avec Maguy Vautier. Coaraze : Editions Sahira, Coaraze. 2010.
Toumast, entre guitare et kalachnikof. Film de Dominique Margot (2010)
Les migrations, beaucoup plus énormes que les anciennes invasions
Arthur Rimbaud (Génie, Les Illuminations)
Les Touaregs furent chassés du Maghreb par les invasions arabes, à partir du 7° siècle. Venus de l’Est, ils (...)
Philippe Mathy, Un automne au creux des bras. Paris : Ed l’Herbe qui tremble, 2009
« Le monde est si dénué de sens,mon amour,qu’il me faut
Souvent me dénuder du monde pour retrouver le sens »
Accompagné d’illustrations d’André Ruelle(comme travaillées au burin), ce livre se scinde en quatre parties : Sentier dans les collines, Autres lieux autres lumières, Au bord de l’encre, La maison d’absence.
Entre l’appel d’un commencement et un chant lumineux, Philippe Mathy, des strates de l’ombre aux routes (...)
Robert Misrahi, Construction d’un château : Comment faire de sa vie une œuvre. Paris : Entrelacs, 2006. Première édition : Seuil, 1981.
Cet ouvrage, initialement paru en 1981, puis republié en 2006, se lit comme une allégorie – philosophique en ses fondements, poétique en son expression et son déploiement – de l’être. Après une préface retraçant les conditions d’écriture de ce premier volet du Traité du bonheur, dont le second parut sous le titre Ethique, politique et bonheur, en 1983, le livre, s’ouvrant (...)
Roger Munier, , Pour un Psaume. Paris : Arfuyen, 2008.
Roger Munier poursuit son approche de la pensée humaine avec de nouveaux fragments qui peuvent être entendus « comme la forme en creux d’un verset d’une autre louange ». Le tranchant de la pensée en état d’accueil s’est organisé autour de quatre titres aussi concis que les notations qui les développent. De l’Attente au Proche en passant par l’Obscurément et l’Absent, un Dieu se décline dans toute sa recherche, son affirmation et son incertitude. Un (...)
Sylvie Largeaud-Ortega, Ainsi Soit-Ile : Littérature et anthropologie dans les Contes des mers du sud de Robert Louis Stevenson. Paris : Honoré Champion, 2012.
Le titre de cet ouvrage contient les grandes lignes de son propos, et nous y trouvons d’emblée cette question : « Pourquoi littérature et anthropologie ? Parce que Robert Louis Stevenson était écrivain, et anthropologue du Pacifique. » (p. 13) Sylvie Largeaud-Ortega, en ces pages très denses, n’a toutefois pas l’impression d’avoir épuisé (...)
Thomas Traherne, Les Centuries, traduit de l’anglais et présenté par Magali Jullien, préface de Jean Mambrino, bilingue. Paris : Arfuyen, 2011.
L’œuvre de Traherne (1637-1674) a connu de véritables méandres : quasi absence de publication du vivant de l’auteur, manuscrits égarés puis retrouvés chez un bouquiniste de Londres et attribués indûment à Henry Vaughan à la fin du dix-neuvième siècle, identification de leur paternité en 1903 par Bertram Dobell… Mais les Centuries ne seront publiées qu’en 1908. En (...)
Alain Maumejean, Apologie du silence. Paris : Arfuyen. 2009.
Dans le silence des nuits d’hiver, Apologie du silence est un ensemble de fragments, « comme autant de marches montées derrière la vie », évoquant des pensées qui tournent autour de la langue, de l’absence du rien et le sentiment de n’être personne. L’auteur a pris rendez-vous avec une langue, celle qu’on ne parle pas dans son quotidien, pendant quatre années qui donnent quatre parties du livre, chaque nouveau mois de février entre 2002 et (...)
Anne Mounic, Le Puits du Ciel. Gravures et monotypes de Guy Braun. Paris : Caractères, avril 2008.
« Le forage, voici l’être. » (p.24)
Yves Bonnefoy, dans un poème intitulé « Le puits », belle allégorie du poème, écrit ceci :
« Le voyage de l’homme, de la femme est long, plus long que la vie,
C’est une étoile au bout du chemin, un ciel
Qu’on a cru voir briller entre deux arbres. » (Ce qui fut sans lumière, Poésie/Gallimard, p.35)
Le poème est peut-être en effet ce « puits » dans lequel se (...)
Anne Mounic, Quand on a marché plusieurs années. Paris : Orizons Littératures, 2009.
Ce nouveau roman d’Anne Mounic paraît structuré comme une tapisserie dont la trame et la chaîne seraient le temps et l’espace humains, et la navette l’auteure ; avec pour figures de la tapisserie les « nous » multiformes d’hommes et de femmes qui apparaissent, disparaissent et réapparaissent comme sur une scène médiévale où plusieurs décors co-existaient sur les planches et les scènes s’y déroulaient successivement. (...)
Baruch Spinoza, L’Ethique. Introduction, traduction, notes, commentaire et index de Robert Misrahi. Paris : Le Livre de poche, 2011.
Dans son avant-propos, Robert Misrahi dit sa joie de cette parution en livre de poche d’un « traduction où l’on ne confondrait pas affectus et affectio et d’un commentaire assez détaillé […] pour faire comprendre que Spinoza est un philosophe de la liberté heureuse ». Initialement cette traduction vit le jour en 1993, aux P.U.F., puis fut rééditée aux éditions de (...)
Claude Vigée, Pentecôte à Bethléem, Choix d’essais 1960-1987, éd. Parole et Silence, 2006 (Prix de l’Amitié Judéo-Chrétienne 2006).
Claude Vigée et Sylvie Parizet, Les Portes éclairées de la nuit, Entretiens, essais, cahier, récits inédits 2000-2006 cerf, 2006
Ce sont les dates plus que le contenu des textes proposés qui séparent les deux volumes, même si dans Les Portes éclairées de la nuit le poète livre davantage de sa vie personnelle intime, soit en réponses aux questions de son interlocutrice, soit (...)
Editions érès, collection Po&Psy.
Sôgi, Shôhaku, Sôchô, Trois vois à Minase. Traduction et adaptation de Shinji Kosaï et Françoise Migeot. Toulouse : Erès, 2012.
Federico Garcia Lorca, Grenier d’étoiles. Traduction de Danièle Faugeras. Toulouse : Erès, 2012.
Claudine Bohi, Avant les mots. Dessins de Magali Latil. Toulouse : Erès, 2012.
Nous recevons ces trois petits livres, présentés sous forme de pochettes. Sôgi, Shôhaku et Sôchô sont trois poètes japonais des quinzième et seizième siècles. Ils (...)
Françoise Lison-Leroy, On s’appelle. Mortemart : Rougerie, 2011.
« Dans nos bouches
Les galets fondateurs
Laissent passer les morts »
Neuvième recueil de Françoise Lison-Leroy, avec quelques titres évocateurs :Avoir lieu, L’affûteuse (Prix Delaby –Mourmaux), L’incisive (Prix Charles Plisnier). Ce court recueil (60 pages) ne représente qu’un seul poème aux trois déclinaisons : De nuit, Des premiers jours, De nous,ici.
Dans la première partie (De nuit), Françoise Lison-Leroy actionne les ressorts de (...)
(In memoriam Evy Vigée 22. April 1923 – 17. Januar 2007)
Helmut Pillau, Unverhoffte Poesie – Poetik des Unverhofften. Studien zur Dichtung von Claude Vigée, LIT VERLAG Dr. W. Hopf Hamburg 2007 (Forum Literaturen Europas 4), 232 pages.
Il est un verbe allemand, "sich auseinandersetzen mit", dont celui qui est familiarisé avec cette langue saisit immédiatement le sens et les implications, et qu’il est pourtant malaisé de traduire en français. Il y a là l’idée de "s’exposer à", d’une prise de (...)
Imre Kertész, Journal de galère. Traduit du hongrois par Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba. Arles : Actes Sud, 2010.
Les lecteurs d’Imre Kertész ne maîtrisant pas le hongrois ne pouvaient qu’attendre que soit publiée la traduction du Journal de galère puisque l’auteur s’y réfère dans ses essais et dans l’entretien mené avec Zoltán Hafner en 2003-204, paru chez Actes Sud en 2008 sous le titre de Dossier K. Et nous sommes récompensés de notre attente. Nous pouvons en effet suivre l’évolution du (...)
John Taylor, La Fontaine invisible. Traduction de Françoise Daviet. Saint-Benoist-du-Sault : Tarabuste, 2013.
Dans ce recueil de poèmes en prose s’en trouvent quelques-uns publiés dans Temporel et dans Peut-être, ceux qui concernent les tapisseries de l’Apocalypse, à Angers. Le mode le plus fréquent paraît être celui du questionnement. Ainsi, sous l titre « Profondeurs et surfaces » :
« Penche-toi au-dessus des fraises surgies sur le bord du chemin, au-dessus du fragile coquelicot qui ondule depuis (...)
The Edinburgh Edition of the Collected Works of Katherine Mansfield. Volume 1 & 2. The Collected Fiction of Katherine Mansfield, 1898-1922. Edited by Gerri Kimber and Vincent O’Sullivan. Edinburgh : Edinburgh University Press, 2012.
Ces deux volumes inaugurent l’édition complète des œuvres de Katherine Mansfield, les volumes 3 et 4 étant consacrés aux poèmes et au journal. Dans les deux premiers volumes sont comprises les nouvelles ainsi que les ébauches de romans et de nouvelles qui se (...)
Hélène de Troie dans les lettres françaises. A cura di Liana Nissim e Alessandra Preda. Milano : Cisalpino – Istituto Editoriale Universitario – Monduzzi Editore, 2008.
Ce recueil rassemble les actes du colloque sur la figure d’Hélène de Troie, qui s’est tenu du 13 au 16 juin 2007 à Gargnano di Garda au Palazzo Feltrinelli, sur les rives du lac de Garde, comme cette année la manifestation s’est consacrée à la figure de Jacob. C’est le département de français de l’Université qui organise ces séminaires (...)
Richard Rognet, Dans les méandres des saisons. Paris : Gallimard, 2014.
Le premier volet du recueil de Richard Rognet Dans les méandres des saisons se place, dès le sonnet liminaire, sous la protection des pierres et de leur silence annonçant d’emblée une réflexion sur le temps qui marque l’ensemble du texte. En effet quand le regard n’est pas précis mais quand le mot, lui, l’est trop et nuit à la plénitude des choses, oxymore à l’image de celui qui se formule ici tout au long du texte entre lumière (...)
Robert Misrahi, Le travail de la liberté. Lormont (Gironde) : Le Bord de l’Eau, 2008.
Robert MISRAHI Le Travail de la Liberté envoyé par borddeleau
Voici un ouvrage remarquable, bilan de la recherche d’une vie, bilan d’une pensée qui bat en brèche les certitudes – rebattues – de notre époque. Robert Misrahi oppose en effet, et c’est là sa démarche éthique, la décision du sujet à la nécessité et à toute forme de pensée de l’objectivité, qu’elle soit historique (de Hegel à Marx) ou scientiste. Comme (...)
Paroles rencontres : Ouvrir les archives Henri Meschonnic. Sous la direction de Serge Martin. Mont-de-Laval : Atelier du grand Tétras, 2013.
Cet ensemble d’études sur l’œuvre d’Henri Meschonnic se regroupe selon trois mouvements : le rythme, poèmes et prose, le sujet. A ce dernier mouvement s’attache la question de la traduction. Jean-Claude Schmitt s’intéresse en historien à la notion de rythme, nous disant que la poésie médiévale est accentuée, rythmique, mais non métrique. Annie Gourio met en (...)
Anthony Rudolf, Engraved in Flesh. London : Menard Press, 2007.
Cet ouvrage, qu’Anthony Rudolf publia pour la première fois en 1996 et qu’il republie maintenant avec quelques révisions, se compose d’une étude générale et d’un commentaire plus détaillé d’un livre de Piotr Rawicz, publié en France par Gallimard en 1961, réédité en 1982, puis traduit en anglais sous le titre Blood from the Sky. Selon Anthony Rudolf, il ne s’agit ni d’un compte rendu historique des atrocités nazies, ni d’une autobiographie. (...)
Edwin Muir, Le lieu secret. Anthologie de poèmes traduits par Alain Suied. Tarbes : Le Solitaire, 2013.
Les éditions Le Solitaire publient les poèmes d’Edwin Muir, poète écossais du vingtième siècle, traduits par Alain Suied, qui admirait beaucoup cette œuvre. Pour tisser notre légende du Temps La rime entrelace la rime Intimement, comme une preuve Que rien d’autre ne saurait être Que cette seule tapisserie Où, derrière la trame, luit Un Destin immense, en devenir, Emprisonné et pourtant (...)
Roland Nadaus, Les noms de la ville. Etréchy : Soleil natal, 2006.
Roland Nadaus rassemble ici des « poèmes journalistiques » concernant les noms des rues de Guyancourt, ville dont il fut le maire durant trente ans.
Isabelle Normand, Marie Ketline Adodo, Le planteur de virgules. Bordeaux : Le Castor astral, 2006.
Cet ouvrage se présente comme « guide pratique pour l’atelier d’écriture poétique ». Il retrace l’expérience d’ateliers poétiques dans les écoles primaires du Togo, pays où se côtoient une (...)
Pierre Cendors, Chant runique du vide. Le Mesnil-le-Roi : Eclats d’encre, 2010.
Sous un titre qui place le poème dans une perspective herméneutique, une série de courts poèmes à l’expression fortement nominalisée. On note une allusion au taoïsme (citation de Lao Tseu page 18), mais une légère teinte schopenhauerienne page 43. Une attente face à l’univers.
Hanne Bramness, Le blues du coquillage : Poèmes pour petits et grands. Dessins de Laurie Clark. Traduction d’Anne-Marie Soulier.
Ceci est un recueil de poèmes pour enfants de la poète norvégienne Hanne Bramness, née en 1959.
« Fais un peu de place
pour le soleil dans ta cuiller
et la myrtille pourra
cacher la lune. »
*** Jean-Louis Giovannoni, Issue du retour. Nice : Editions Unes, 2013.
Presque chaque bref ensemble qui a déjà connu une première publication et réécrit pour la présente (...)
Gilles de Obaldia, La langue des oiseaux. Paris : Maison de Poésie, 2012.
On sait que le poème peut être pris pour « langue des oiseaux », car le souffle poétique tient du vol, de l’envol, autant que du rythme et de la mélodie. Gilles de Obaldia ne nous déçoit pas, qui écrit pour l’oreille, ne cède pas à la mode de la nominalisation (statique) et sait que du verbe se déduit la vigueur de la phrase. On entend aussi dans ces poèmes, dédiés à la mère du poète, Mildred Clary, les notes de l’enfance et la (...)
Henri Meschonnic, Demain dessus demain dessous. Paris-Orbey : Arfuyen, 2010.
Ces poèmes, dont une sélection fut publiée dans le numéro 1 de la revue Peut-être, se rythment en une sorte de rebondissement, d’une page à l’autre, du Je et du Tu qui composent ce « nous » qui apparaît dès la première page :
« tu es là et je suis là
les yeux fermés du bonheur
pour voir la vie
qui nous passe
demain dessus demain dessous » (p. 7)
Henri Meschonnic « devient » entre les « cris d’enfants » et sa « voix » (...)
Henri Meschonnic, L’obscur travaille. Paris : Arfuyen, 2012.
Depuis quelques années, l’écriture de Meschonnic laissait entendre le sursis qui pesait sur sa vie. L’année 2008, ponctuée de multiples séjours à l’hôpital, a creusé l’espace vital de manière encore plus récurrente. Une sensibilité au présent imprègne chaque vers. Etre présent à tout ce qui vit demeure le fil conducteur de ce recueil posthume dont chaque texte est scrupuleusement daté. Dans ce journal poétique, nous lisons au 1er mars 2008 :
« je (...)
Jean-Luc Muller, Rouffach : Autrefois, maintenant. Préface de Jean-Luc Nancy. Colmar : Do Bentzinger, 2007.
Les poèmes de Jean-Luc Muller, consacrés à sa bourgade natale de Rouffach, alternant avec d’admirables photos de ses sites anciens, sont lourds du poids des lieux aimés, riches des temps révolus demeurés vivants dans l’âme et ses rêves ; pleins des douces et graves choses dans lesquelles ont vécu jour après jour, au fil des générations, des êtres disparus faits de chair et de sang comme l’est (...)
Jean-Marc Moutout, La fabrique des sentiments. Février 2008. Avec Elsa Zylberstein, Jacques Bonnaffé, Bruno Putzulu, etc.
Ce film, présenté comme une comédie dramatique et réalisée par l’auteur de Violence des échanges en milieu tempéré, nous fut annoncé, dans le cinéma où nous l’avons vu, comme un film sur « la difficulté de trouver l’âme sœur dans notre société consumériste ». « Comment aimer, en effet, dans un monde où règne l’individualisme ? » se demandaient les présentateurs. Comme nous avions aimé le (...)
Marina Tsvétaïéva, Insomnie et autres poèmes. Préface de Zéno Bianu. Paris : Poésie/Gallimard, 2011.
Insomnie et autres poèmes se compose de quatre ensembles qui soulignent la traversée de la vie créative mouvementée de Marina Tsvétaïéva entre 1914 et 1941. Le recueil a l’avantage de proposer un large éventail de son investissement dans l’existence comme dans la création auprès des êtres les plus aimés. La passion dans la vie amoureuse et la vie quotidienne ressentie dans ses fibres les plus ténues sont (...)
Sylvie- E. Salicetti, Je compte les écorces de mes mots. Mortemart : Rougerie, 2013.
D’entrée de jeu comme un scénariste, Sylvie-E. Salicetti pose son décor : d’un côté la Sablière appelée familièrement la Forêt sur les juifs, charnier de Lissinitchi où meurent deux cent mille personnes pendant la guerre de 40, de l’autre elle et ses mots, assistée (comme en écho) de la voix des poètes-victimes (Robert Desnos, Benjamin Fondane, Rose Ausländer) ou des écrivains-témoins (Miguel Asturias, Pierre Morhange, (...)
Vincent O’Sullivan, Ouvrir les fenêtres de la toute dernière maison. Traduction de Martine Tolron. Avignon : Editions universitaires, 2008.
Vincent O’Sullivan, l’un des plus grands poètes néo-zélandais et spécialiste, entre autres, de Katherine Mansfield (voir http://temporel.fr/Katherine-Mansfield-s-Canary-a et http://temporel.fr/Vincent-O-Sullivan-la-main-le), fut invité au quarante-septième congrès de la S.A.E.S. (Société des anglicistes de l’enseignement supérieur) qui eut lieu à Avignon en (...)
Vincent O’Sullivan, Further Convictions Pending : Poems 1998-2008. Wellington : Victoria University Press, 2009.
Ce recueil rassemble les poèmes de Vincent O’Sullivan que l’on connaît, extraits de Blame Vermeer (2007) ou de Seeing You Asked (1998), aux deux extrêmes, et accompagnés de nouveaux, sous le titre Further Convictions Pending (2008), dernier vers de l’ouvrage. L’un des poèmes, « Seeing’s Believing » est un titre qui ne pourrait que plaire à Charles Tomlinson. Voici deux poèmes issus de ce (...)
Yves Leclair, Orient intime. Paris : Gallimard L’Arpenteur, 2010.
Sous ce titre qui suggère à la fois l’ailleurs et l’éveil, mais peut-être ces deux notions sont-elles très semblables, Yves Leclair mène une méditation en sept mouvements : « D’extrême occident ou sur un manche à balai abandonné » ; « Trousse de secours » ; « Proche orient : un coin du voile » ; « Orient extrême : le petit Bashô » ; « Echelle du Levant » ; « Trois gouttes, matin, midi et soir ». Si l’on en croit ce que dit l’auteur page 93, « (...)
Claude Vigée, Rêver d’écrire le temps : De la forme à l’informe. Paris : Orizons, 2011.
Cet ouvrage épais, publié par Daniel Cohen aux éditions Orizons, rassemble les essais majeurs de Claude Vigée, non republiés en 2006 dans Etre poète pour que vivent les hommes : Choix d’essais 1950-2005. L’ouvrage, conformément au mouvement de l’œuvre poétique et critique de son auteur, se compose de trois parties : A l’encontre : Critique de l’idéalisme occidental ; Joute amoureuse : L’événement de la reconnaissance (...)
Gérard Paris, Fragments (3). Laon : La Porte, 2012.
Fragments (4). Dinant : Bleu d’Encre Editions, 2012.
Ces Fragments tiennent chacun en une ou deux lignes. Ils sont fortement nominalisés ; les verbes n’y apparaissent qu’à l’infinitif. Gérard Paris s’y présente comme : « Une voix... parmi d’autres voix... » Ses propositions y prennent un tour énigmatique, comme dés jetés sur la page blanche, à l’essai en quelque sorte.
« A l’origine, un questionnement obscur... » Le poète souhaite (...)
Giacomo Giuseppe Patri, Col blanc (1940). Roman graphique. Paris : La Découverte, 2007.
Cet unique ouvrage de Giacomo Patri, dans le style d’avant-garde de la bande dessinée (le graphic novel), regroupe 128 planches de linogravure qui racontent le cheminement d’un père de famille de la classe moyenne pendant la crise de 1929 aux Etats-Unis. En partie autobiographique, l’auteur nous invite à suivre le parcours de ce personnage, de son ascension sociale à sa chute.
Les gravures en noir et (...)
Henri Meschonnic, L’obscur travaille. Paris : Arfuyen, 2012.
Régine Blaig précise en préambule à ce recueil, dans une note discrète : « Les derniers poèmes d’Henri Meschonnic, écrits du 1er mars 2008 au 26 février 2009 et organisés par lui, sont réunis dans ce livre posthume. » Chaque poème, dans cet ouvrage, surgit en son instant particulier, toujours indiqué par la date et, quelquefois, par le lieu. S’il est vrai que l’hôpital constitue un de ces lieux, Henri Meschonnic ne se plaint ni ne s’épanche dans (...)
Jacques-François Piquet, Que fait-on du monde ? Elégie pour quarante villes. Auxerre : Rhubarbe, 2006.
Dans ce recueil de quarante nouvelles à la première personne, toutes écrites sous le « poids du monde » (p. 10), Jacques-François Piquet dénonce guerres et injustice.
« Paris
Square Chabrol, premier jour du printemps, entre nos immeubles et l’église Saint-Bernard, la police a parqué les sans papiers, verrouillé les gr1illes et maintenant monte la garde cri jouant lit carte du temps : avec la nuit qui (...)
Jean Maison, Araire. Mortemart : Rougerie, 2009.
"Chimères logées dans la présence
Ce qui advient trouble l’intime dessein
Charge le mystère
Et ajourne le pas."
Cerné entre Marie et le Seigneur au jardin de Gethsémani, ce recueil se divise en quatre parties : Tout ce qui ne casse pas ma mort, Ou j’allais boire, Araire, Sentinelles.
Entre l’illusion (d’une existence fatale, d’une neige fine) et la violence déclarée ou sous-jacente ("On a pris sur nous l’habitude de tuer")nous découvrons les (...)
Jean-Claude Pirotte, avoir été. Châtelineau (Belgique) : Le Taillis Pré, 2008.
Passage des ombres. Paris : La Table ronde, 2008. Voici deux recueils de poèmes de Jean-Claude Pirotte, dont chacun porte un titre un peu nostalgique. Le premier de ceux-ci, avoir été, est dû à Henri Thomas, dont quatre vers sont placés en exergue :
« Toujours ce lys devant la fenêtre
Comme passe le vent d’été ;
Ce n’est plus le temps de renaître
C’est celui d’avoir été. »
Le ton (...)
Michel Testut, Et mon cœur continue de battre. Périgueux : La Lauze, 2006.
L’auteur de ce livre qui conte le deuil refuse de se complaire dans la douleur et prône une littérature de la joie : « la joie d’être », en se réclamant de Giono.
« J’avais reçu en viatique une enfance heureuse et une adolescence romantique avec juste ce qu’il faut de révolte à une jeunesse épanouie. En bon petit militant du bonheur, j’avais adhéré à la cause des sens et du rêve au détriment d’ambitions plus rentables. J’étais (...)
Stéphane Mosès, Un ritorno all’ebraismo : Colloquio con Victor Malka. Traduzione di Ottavio Di Grazia. Torino : Claudiana, 2009.
Ottavio Di Grazia nous envoie ce livre, qu’il a traduit, dans lequel Stéphane Mosès s’entretient avec Victor Malka sur l’itinéraire intellectuel qui l’a conduit peu à peu à approfondir la philosophie juive, presque anéantie par la Shoah, et a fait de lui un des plus grands penseurs juifs de la seconde moitié du vingtième siècle. Son amitié avec Gerschom Scholem et sa (...)
Stéphane Sangral, Ombre à n dimensions : Soixante-dix variations autour du Je. Préface d’Alain Berthoz. Paris : Galilée, 2014.
Ce recueil se compose de sept chapitres et revient, pour une suite, au premier, de « je » comme « sujet d’un verbe » à « Je tombe ».. La démarche, qui paraît intellectuelle et déductive, tournant autour d’un point qui, à force d’être fixé, en devient de moins en moins discernable puisque le Je, le sentiment d’être soi, échappe à la connaissance et ne se saisit que dans l’épreuve (...)
Sylvie Parizet (sous la direction de), Lectures politiques des mythes littéraires du XXème siècle. Collection Littérature et poétique comparées. Nanterre : Presses de Paris-Ouest, 2009.
Sous la magnifique couverture reproduisant « L’Ancien des Jours » de Blake, Sylvie Parizet publie les actes du colloque qu’elle a organisé en avril 2005 à l’Université de Nanterre. Sont rassemblés dans ce volume des contributions touchant aux figures de Prométhée, de Phèdre, d’Ulysse, de Caïn et Abel, entre autres, dans (...)
Yves Namur, Ce que j’ai peut-être fait. Choix de poèmes. (1992-2012) Préface Lionel Ray. Castellare-di-casina : Editions Lettres Vives, 2013. (18 €)
Un poème avant les commencements 1975-1990. Châtelineau – Belgique : Le Taillis Pré en coédition avec Le Noroît, 2013. (25 €)
Celui qui pratique la langue autrement, c’est-à-dire en tentant de l’accorder simultanément à son désir d’exprimer et à son âme pensante qui est souffle, rythme, mouvement ovoïde, demeure dans l’inquiétude. Dire ou ne pas dire. Reprendre (...)
Alain Suied, Sur le seuil invisible. Paris-Orbey : Arfuyen, 2013.
Gérard Pfister lui-même, l’éditeur, préface ce recueil « Pour le poète, pour l’ami disparu ». Y sont publiés les poèmes du blog qu’ouvrit Alain Suied en 2007 et qu’il dédia à ses neveux. Le premier répète : « pourtant tu dois écouter la poussière ». Celui qui s’intitule « Sur le seuil invisible » énonce : « Un regard de chair éblouie ». Le poète parle de la « Présence » et énonce son « Art poétique ».
On trouve également dans ce recueil des essais (...)
Bertrand Matot, La guerre des cancres. Préface de Patrick Modiano. Paris : Perrin, 2010.
Voir le temps passer depuis un lieu unique, me fait penser à ces porte-plumes anciens dans lesquels on pouvait, en collant bien fort sa joue contre une minuscule loupe, observer une image enchâssée et déformée par l’étroitesse de l’objet. Retrouvées dans la vieille réserve sous les toits du lycée Jacques Decour, des archives accumulées dans un carton délaissé font ressurgir, si l’on s’y frotte, tel Aladin, des (...)
Claude Vigée et Yvon Le Men, Toute vie finit dans la nuit, Entretiens, Parole et Silence, 2007.
Dès la page titre on est frappé par la ressemblance entre les deux visages rapprochés en médaillon, qui affichent surtout au niveau de la bouche et des lèvres la même détermination bienveillante. Le sujet de l’entretien est au départ le livre d’Yvon Le Men, Besoin de Poème et Claude Vigée ne cache pas son admiration pour le livre. Tout au long de cette promenade à travers le livre, les livres, la culture et (...)
Claude-Henri Rocquet, Chemin de parole. Clichy : Editions de Corlevour, 2007.
Ce livre est une méditation poétique sur certains passages clefs de la Bible : « Lecture spirituelle, écriture d’un poète, « composition de lieu », chemin d’une vie et cheminement à travers l’Ecriture, chemin vers la Voie et le Verbe, ce livre, chemin de parole, est un ouvrage d’herméneutique et l’exemple particulier d’une méthode. » (p. 9)
Claude-Henri Rocquet s’attache tout d’abord, d’un point de vue chrétien, au sacrifice (...)
Clive Sinclair, True Tales of the Wild West. London : Picador, 2008.
Avec sa verve et son humour, Clive Sinclair reprend à sa façon l’épopée du Far West, comme les lecteurs de Temporel ont pu en avoir un avant-goût dans le numéro 3 avec le conte n° 6 : « Billy the Kid tries to Go Straight » : « Some may call the resultant hybrid Creative Nonfiction. I prefer Dodgy realism (you’ll see why). All I can promise is that such liberties as I have taken are true to the spirit of the Wild West. » (...)
Jean-Claude Pirotte, Ajoie. Paris : Table ronde, 2012.
Nous recevons ce recueil de Jean-Claude Pirotte, composé au fil des saisons : « Automne, an neuf », « Printemps, an dix » et « Arrière-été » et agrémenté d’exergues d’Henri Thomas et André Dhôtel. Une note finale nous indique quelle perspective nous ouvre le titre : « On ne sait rien en vérité de la vie de saint Fromond... A-t-il même existé ? Mystère. Il se serait installé, si l’on en croit la légende attestée depuis deux siècles, en Ajoie (ou Elsgau) (...)
Jean-Luc Wautier, Sur les aiguilles du temps. Châtelineau (Belgique) : Le taillis Pré, 2014.
Entre poèmes et proses, ce recueil tend vers une unification rythmique. La vie s’y élève contre la mort avec une ouverture au monde. La main de l’écrivain est menée par une prise de conscience de la nécessité de se tourner vers ce qui fait vivre. L’espace de cette vie est celui du « désert » incarnant le renouveau, l’unité, le possible. « Aujourd’hui, tu roules sur la vie / comme un grand train de nuit / au (...)
Maurice Mourier, On se sent moins jeune par temps pluvieux. Images de Pascaline Mourier-Casile. Préface de François Lescun. Paris : Caractères, 2009.
« Oui, » écrit François Lescun dans sa préface, « ce livre grave et désenchanté est aussi un livre d’humeurs et d’humour. » (p. 10) Il se compose de six parties, aux titres plus ou moins graves : « Mzuh meuh est mort », « Les morts voyagent », « Monde », « Décompte les gouttes », « Ombres », « Ombre », et d’un Post-scriptum, où l’on apprend, dans un joyeux (...)
Richard Wilbur, Quintessence. Corpus poétique des années 1947 à 2004. Poèmes traduits de l’anglais (U.S.A.) par Jean Migrenne. Avant-propos de Daniel Lefèvre. Agneaux : Editions du Frisson Esthétique, 2011.
Dans ce recueil, la poésie apparaît comme art de la transfiguration et le poème, comme « quintessence du temps ». Le poète, Richard Wilbur, né en 1921, et son traducteur, Jean Migrenne, sont devenus amis. Le premier dit de celui qui, dans notre langue, lui donne une voix, transposée mais authentique (...)
Song Lin, Murailles et couchants. Présenté et traduit du chinois par Chantal Chen-Andro. Edition bilingue. Paris : Caractères, 2007.
« La poésie de Song Lin s’articule autour de trois axes : l’émotion (qing), le factuel (sbi), la pensée (li, trois composantes qui, selon le critique des Qing (1644-1911) Ye Xie [1627-1703], sont nécessaires à l’accomplissement du poème. » Le poète, qui n’ignore pas la tradition, ne s’y enferme pas et dépasse les frontières, s’intéressant à la culture occidentale – Borges, (...)
Vincent O’Sullivan, Us, then. Wellington : Victoria University Press, 2013.
Nous retrouvons dans ce nouveau recueil de Vincent O’Sullivan la variété prosodique et l’unité d’observation de son auteur. Nous parcourons un recueil d’instants précis, en différents lieux du monde, jusqu’au dernier poème, où s’impose le vent, ce même vent dont Katherine Mansfield a tiré une de ses nouvelles « Le vent souffle » et qui semble tellement appartenir à la Nouvelle-Zélande. Même s’il ébranle la demeure, il la met en (...)
Wendy Saloman, Chrysalis in the Desert. Exeter : Shearman Books, 2009.
Ceci est un très beau recueil, au rythme paisible et aux allusions diverses. L’Italie y a sa place ainsi que les poètes de l’Antiquité, mais c’est le texte biblique qui nourrit en profondeur cette poésie et lui donne un fondement. Le poème reprend l’œuvre de création :
« Of Beginnings –
Words floating through the white spaces of time
descending – to the place where fear hides
ash-words from which the phoenix may rise (...)
Alain Suberchicot, Moby Dick, désigner l’absence. Paris : Honoré Champion, 2008.
L’auteur, professeur d’études américaines à l’Université de Lyon3, grand spécialiste et traducteur de la poésie américaine, invoquant d’entrée l’opposition de Proust à la critique biographique de Sainte-Beuve, place son essai sous le signe de l’ « absence », c’est à-dire de la volonté pour Melville de sortir de toutes les conventions éthiques (religieuses et sexuelles) et esthétiques (« une écriture exploratoire ») de son temps ; (...)
Armand David Mendelson, Millau, Terre d’accueil des Juifs à l’ombre de l’Occupation, 1940-44. Paris : Orizons, 2010.
Dans cet ouvrage dédicacé à « tous les Millavois qui ont accueilli et protégé les Juifs réfugiés dans leur ville », Armand David Mendelson, qui a passé son enfance à Millau pendant la guerre (p. 11) enquête avec méthode et précision sur la situation des Juifs à Millau durant les années d’Occupation, partant de l’émission consacrée par Arte en 1998 à la rafle de 1942. L’auteur rassemble nombre (...)
Le Chant et l’Ombre
Armen Tarpinian,
Editions La part Commune, 2009.
Le temps a des racines
Dont la poésie est la vigne
(Vendanges)
L’acte de commenter une poésie ne devrait être accompli que par une parole poétique, sous peine d’en altérer la saveur, et je mesure l’humilité qui doit m’habiter pour rendre compte de ces brassées d’images qui nous conduisent au seuil de ce qui transforme le réel en une vibration harmonique.
Armen Tarpinian nous offre en effet un recueil de poèmes, « Le Chant et (...)
Annie Briet, Fresque tressée de fleurs. Bergerac : Les Amis de la Poésie, 2006.
Annie Briet, dans ce joli recueil, est en conversation avec les fleurs, jacinthe, « qui pousse chaque nuit », pivoines, « confiance nouvelle » ou digitales, « chastes vestales pour le feu de juillet ».
**** Annie Briet, Philippe Davaine, Arc-en-ciel d’oiseaux. Monaco, paris : Editions du Rocher, 2007.
Dans ce très élégant livre, poèmes et dessins se mêlent pour nous parler de la mésange bleue, du moineau, du coucou de (...)
Damien Berdot, Le livre des montagnes païennes. Paris : L’Harmattan, 2014.
Un recueil de poèmes sur la région des Vosges.
***
En bref, par Michèle Duclos
Fulvio Caccia, John F. Deane, Voix d’ Irlande et du Québec / Voices from Ireland and Québec. Québec et Dublin : Le Noroît/Dedalus,1995.
Ce volume dont l’ancienneté relative n’affecte en rien l’intérêt est le fruit du festival annuel franco-anglais de poésie qui se tient sous l’égide de la revue La Traductière à l’occasion du Marché de la Poésie (...)
Gérard Pfister, Le Livre des sources. Paris : Pierre-Guillaume de Roux, 2013.
Le roman de Gérard Pfister, réflexion sur le pouvoir et les compromissions qu’il induit et, en regard, sur l’utopie, débute avec un paradoxe, celui de « l’écriture », qui mène un individu à sa propre source : « Dans ces zones dangereuses de la conscience où le mensonge et la contrainte n’ont pas cours. » L’activité humaine se transcende pour ainsi dire elle-même : « Nous nous efforçons toute notre vie vers un but et c’est tout à (...)
Gérard Pfister, Anthologie, (portrait de Jean-Luc Maxence), Le nouvel Athanor. Le pays derrière les yeux, Paris : Arfuyen
A propos de la personnalité de Gérard Pfister, Jean-Luc Maxence écrit dans le bref portrait qu’il dresse : « elle me semble à la fois discrète et pleinement affirmée, parfois joyeuse et iconoclaste, parfois grave, pudique et mystique ». Et ces qualifications se trouvent entre autres complétées par celles portées par Mambrino sur la création poétique du poète quand il dit que c’est (...)
Jean Tournay, Air de la Méhaigne. Paris : Table ronde, 2008.
La Méhaigne est un cours d’eau, affluent de la Meuse ; c’est aussi un nom, comme le souligne Jean Tournay, musicologue et spécialiste du clavicorde, au début de l’ouvrage. Il s’agira donc d’entendre le langage celé dans le paysage en suivant le fil du récit et du cours d’eau : « Dans son jaillissement, la source parle. Elle est figure multiple, complexe, née des formes de l’obscur réseau. Elle devient forme à son tour et dit ce qui s’ouvre et (...)
Joël Vernet, Rumeur du silence. Petit traité de la marche en saison de pluies. Fontfroide-le-Haut : Fata Morgana, 2012.
Dans une langue plus simple, plus dépouillée et plus légère, Joël Vernet rejoint son compatriote Dominique Sampiero dans le sens où tous les deux cherchent une espèce de lumière dans le quotidien qui les entoure, qu’ils contemplent et qu’ils vivent au centre d’eux-mêmes. Une poétique du regard se dessine livre après livre pour l’un comme pour l’autre. Sampiero est charnel dans les (...)
John Taylor, Paths to Contemporary French Literature, Volume 3. New Brunswick (U.S.A.) and London (U.K.) : Transaction Publishers, 2011.
John Taylor nous explique dans l’Introduction que les articles réunis dans ce troisième volume concernent le phénomène très répandu en France de l’autobiographie. Il cite des auteurs très divers ‒ entre autres, Louis Aragon ou Jean-Pierre Rosnay, André Malraux ou Alain Robbe-Grillet, Valéry Larbaud et Georges Henein, né en Egypte, comme Michel Fardoulis-Lagrange. (...)
Pierre Jean Jouve, Despair Has Wings, Selected Poem. Translated by David Gascoyne, edited by Roger Scott. London : Enitharmon,2007.
Les éditions Enitharmon (Londres) publient, sous la direction du professeur Roger Scott spécialiste entre autres de David Gascoyne, et Kathleen Raine, des traductions de poèmes (publiés en revue, ou inédits voire à l’état d’ébauche) et de deux essais de Pierre Jean Jouve, par David Gascoyne qui fut son ami (et aussi l’analysant de Blanche Reverchon Jouve). Né en 1916, (...)
Le poème, une « parole en-trop » ?
Alain Suied, Laisser partir. Paris : Arfuyen, 2007.
« La parole est toujours en-trop.
Même quand nous gisons, affaiblis
écrasés sous le poids de notre illusion
elle trouve une voie
invisible, elle suit le fil inaperçu
où glissera, funambule
le fantôme de notre rêve aboli. »
écrit Alain Suied (1951-2008) dans « La blessure plus lointaine » (p.36), deuxième ensemble de dix poèmes –il y a en tout huit ensembles de dix poèmes qui (...)
Anonyme (1591), Nouvelles d’Ecosse ; Jacques VI roi d’Ecosse (1597), Démonologie. Avant-propos de Pierre Kapitaniak. Traduction, introduction et notes d’humeur de Jean Migrenne. Grenoble : Jérôme Millon, 2010.
Dans son avant-propos, Pierre Kapitaniak situe la Démonologie du roi Jacques dans son contexte, revenant sur les tristement célèbres chasses au sorcières du quinzième au dix-huitième siècles et insistant sur la dimension politique de l’ouvrage dont Jean Migrenne nous offre non seulement une (...)
Charles Tomlinson, Comme un rire de lumière. Poèmes traduits de l’anglais par Michèle Duclos. Préface de Michael Edwards. Dessins de Charles Tomlinson. Edition bilingue. Paris : Caractères, 2009.
Pour Charles Tomlinson, né en 1927 et vivant depuis une cinquantaine d’années dans les Cotswolds, au Sud de Stratford-upon-Avon, la ville natale de Shakespeare, et au Nord de Bath, la poésie est transfiguration. « Je n’ai placé mon espoir en nul autre dieu que toi, / Esprit de transfiguration de la poésie », (...)
Danielle Terrien, Traces vertes. Soligny La Trappe : Vincent Rougier, Ficelle n°99, 2011.
Tout d’abord quatorze illustrations, ce sont des monotypes très vivants, très colorés, sortes de collages apposés sur des lignes courbes évanescentes : ce sont les paysages évocateurs et abstraits de Luce Guilbaud.
Quant au texte de Danielle Terrien composé de trois parties (avec chacune neuf poèmes), il élabore, il cadastre le paysage intime. Dialogue de l’intime entre le « Tu » et le Je » ; sa voix, son rire (...)
Fabio Scotto, Le corps du sable, L’Amourier, 2006.
Par Michèle Finck
S’il est vrai que le poète aujourd’hui est souvent un traducteur, il arrive que le traducteur, surtout s’il est prolixe, soit plus connu que le poète. Aussi Fabio Scotto, qui a déjà derrière lui une imposante œuvre de traduction, en particulier de poésie française contemporaine (Bonnefoy, Noël, entre autres), peut-il enfin être découvert en France comme poète grâce au livre Le corps du sable qui, préfacé par Bernard Noël, réunit, aux (...)
Le débat des cinq sens de l’Antiquité à nos jours. Sous la direction de Géraldine Puccini. Eidôlon, n° 109. Bordeaux : Presses Universitaires, 2013.
Ce livre, riche et varié, est issu de journées d’étude et d’un colloque, organisé par Géraldine Puccini à Bordeaux en 2011 et 2012. Comme le signale Danièle James-Raoul, directrice de la collection Eidôlon, l’approche est pluridisciplinaire et « sans aucune fermeture méthodologique », comme il convient aux « études sur l’imaginaire ». Géraldine Puccini se (...)
Heidi Traendlin, Alfred Dott, ABC en triphonie. Bischwiller : Graph, 2008.
Voici un très original abécédaire, composé, en trois langues – allemand, alsacien et français – par Heidi Traendlin, auteur d’une étude sur la poésie alsacienne de Claude Vigée, et Alfred Dott. Heidi a écrit les textes et Alfred a pris les photographies des sculptures éphémères qui forment chaque lettre. Un très beau livre, original et soigné.
21, rue du Général Leclerc
67240 Bischwiller (...)
John Taylor, Une certaine joie. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise Daviet. Saint-Benoît-du-Sault : Tarabuste, 2009.
Ce recueil, qui s’ouvre sur ce fragment de Montesquieu dans l’Essai sur le goût, placée en épigraphe : « … peut exciter une certaine joie dans notre âme… », rassemble des méditations en prose sur un certain nombre de lieux ordinaires auxquels l’auteur, au fil de ses déambulations, donne un caractère quasiment existentiel. « Depuis un tel lieu, » écrit-il tout d’abord (p. 13), « (...)
Louise Warren, Apparitions, Inventaire de l’atelier. Québec : Editions Nota bene, 2012.
Si l’on a déjà parcouru les livres de Louise Warren, on s’aperçoit sans difficulté que les objets occupent pleinement son territoire scriptural. Le nouvel essai poétique cadastre de manière encore plus précise cette attention extrême que l’auteure porte aux objets. Comme un journal des jours avec arrêt sur image et superposition avec l’enfance, des fragments viennent s’inscrire sur la page avec un souci de brièveté (...)
Rachel, Regain, traduit de l’hébreu par Bernard Grasset. Paris : Arfuyen, 2006.
Rachel Blaustein (1890-1931) est une des grandes femmes poètes de la littérature hébraïque moderne. Née en Russie dans une famille juive croyante et baignée de culture (sa mère connaissait Tolstoï), elle se consacre d’abord à la peinture. En 1909, elle part travailler la terre en Israël, et fait un séjour à Toulouse où elle suit des cours d’agronomie avant de s’installer en 1919 dans un kibboutz près du lac de Tibériade ; (...)
En bref…
Martine Blanché, Sentes et sens. Colmar : Jérôme Do. bentziger Editeur, 2007.
Premier recueil, préfacé par Maryse Staiber, professeur à l’Université de Strasbourg. L’auteur est germaniste et titulaire d’un doctorat. Il s’agit d’un itinéraire, d’une promenade.
« Quand le port se détache de la mer éblouie
Que sa force m’arrime aux destins de l’oubli… » (p. 70)
***
Noëlle Cuny, D.H. Lawrence : Le corps en devenir. Paris : Presses de la Sorbonne nouvelle, 2008.
« Chaque roman de Lawrence peut être (...)
Anthony Rudolf, Silent Conversations : A Reader’s Life. London, New York, Calcutta : Seagull Books, 2013.
Ceci est un imposant volume et, au vu de la photographie, par Sonia Rouve, de son auteur, en 2005, littéralement englouti, chez lui, dans un océan de livres, on comprend l’ampleur de la tâche ‒ retracer, en quelques pages (748, bibliographie incluse), une vie à jouir du plaisir de la lecture. Anthony Rudolf étant aussi traducteur, les premiers chapitres sont consacrés à la « France et (...)
Charles Wright Les Appalaches (Appalachia). Traduit de l’anglais (américain) par Alice-Catherine Carls. Soisy-sur-Seine : Edinter Collection Poésie/bilingue, 2009.
Nous sommes en présence d’une poésie inhabituelle dans sa forme mais plus courante dans son contenu : dans une langue assez prosaïque par le choix des mots, souvent des plurisyllabes abstraits conceptuellement assez flous, un vocabulaire assez familier, un vers libre qui ignore toute contrainte rythmique et rimique mais présente des (...)
Claude Vigée , Mélancolie solaire et Le Fin Murmure de la Lumière.
Claude Vigée , Mélancolie solaire. Paris : Orizons, 2009.
Nouveaux essais, cahiers, entretiens inédits, poèmes (2006-2008)
Avant-propos et édition d’Anne Mounic.
L’essentiel, quantitativement, de ce beau volume est constitué par un long entretien qui a occupé plusieurs rencontres entre les deux poètes Claude Vigée et Anne Mounic ; les chapitres de ces rencontres s’organisent diachroniquement autour de la biographie créatrice de Vigée, (...)
Joël Vernet, Vers la steppe. Corse : Lettres Vives, 2011
« La tache du soleil sur le mur est un signe ». Un recueil poétique qui commence par une réception et une projection de lumière est une promesse pour les pages à venir au milieu d’un pays où la nature s’éveille. Après une pièce de théâtre intitulée « Pourquoi dors-tu, Jonas, parmi les jours violents ? », Vernet renoue avec la prose poétique. Celle-ci prend sa source dans le désir de steppe et son horizon inaccessible. Pourquoi ce nouveau décor qui (...)
Robert Misrahi, Le bonheur : Essai sur la joie (1994). Nantes : Cécile Defaut, 2011.
Cet ouvrage, réédition de l’essai paru en 1994, mais actualisé par un avant-propos de l’auteur et préfacé par Patrick Lang, offre une synthèse très claire de la pensée philosophique de Robert Misrahi. « Nous n’avons rien à changer à notre analyse ni à notre vision des choses », écrit-il en 2011 (p. 15). Et il ajoute : « Nous proposons, par cette référence détaillée à ce qu’est le bonheur en lui-même, de rompre avec le (...)
William Shakespeare, Sonnets. Texte établi, traduit de l’anglais et présenté par Robert Ellrodt. Edition bilingue. Arles : Actes Sud, 2007.
« Shakespeare, » écrit Robert Ellrodt dans sa Présentation à sa traduction des Sonnets, « comme on peut le constater à propos de ses poèmes narratifs, a rarement innové par la création d’un genre ou le lancement d’un style. Mais lorsqu’il s’empare de ce que d’autres ont mis à la mode, il le métamorphose "en une chose riche et étrange" (comme en la chanson d’Ariel dans (...)
Yves Sandre, Le gisant de l’aube, suivie de Losanges. Dessins de l’auteur. Paris : Caractères, 2009.
Ce recueil, dès l’abord, s’inscrit dans l’instant qui « se joue de l’infini » (p. 11). Entre des dessins géométriques prennent place des vers dont certains ressemblent à des aphorismes :
« Voluptueuse et lunatique,
la métaphore s’émancipe
pour le bonheur des sortilèges. » (p. 25)
D’autres évoquent les cadavres exquis des poètes surréalistes :
« La dialectique du cadavre
émerge de son épilogue (...)
Camille Aubaude, Poèmes d’Amboise. Amboise : Les Amis de la Maison des Pages, 2007.
Ce petit recueil de Camille Aubaude célèbre la Maison des Pages du château d’Amboise en des vers qui se souviennent de la poésie médiévale. Le poète, d’ailleurs, se plaît à composer poèmes et rondeaux.
« J’ai enseigné le Mystère des fées
Régénérée par un fleuve d’ambre.
Qui peut m’entendre quitter ma chambre
A Minuit dans la Maison des Pages ? »
***
Yvan Avena, Les quatre saisons de la vie. Goiâna (Brésil), 2009.
On (...)
Bernard Noël, Le jardin d’encre. Paris : L’oreille du loup, 2008.
"tout allait mieux sans le petit cadavre de la réalité
Comment l’enterrer en elle même alors que le caveau de la pensée
N’est que de l’air soufflé en l’air la perte perpétuellement continue
Le rempart de maintenant ne bâtit qu’une margelle autour du vide
Le corps d’un Tu y flotte par le pouvoir très vieux d’un rêve interne"
Romancier, essayiste, critique d’art le poète a publié plus de 50 livres depuis "Extraits du corps"(1958),"Le (...)
Louise Warren, Anthologie du présent. Québec : Editions du passage, 2012.
Neuf recueils se retrouvent réunis sous le titre Anthologie du présent que Louise Warren explique en fin de volume dans l’échange avec son lecteur de toujours, André Lamarre. Les régimes sont divers avec des proses parfois très brèves, des versets beaucoup plus lyriques et des vers libres concis qui, pour certains, auraient pu être des haïkus.
Entourée d’eau, d’arbres et d’herbes, la poétesse prend la mesure de la qualité de la (...)
Marianne Walter, Chemin de la toile et Longitude. Buc : Ed .Tensing, 2013.
Pour revenir tout simplement ici
Au lieu où le temps ne compte
Depuis ses voyages en Amérique et en Extrême-Orient qu’elle nous relate avec finesse et douceur dans Longitude (1973), Marianne Walter a publié six recueils dont le dernier regroupe Chemin de la Toile (2008) et Longitude (1973). C’est indiscutablement Chemin de la toile qui affirme et consacre le mode d’écriture de Marianne Walter qui nous cerne de ses arcs (...)
L’analyste, le mystique et le poète, figures possibles du « sujet sans moi » ?
A lire l’essai de Sean Wilder intitulé Un sujet sans moi, publié aux éditions Epel (collection « essais », 2008) l’on pourrait penser qu’il n’est là question, comme l’indique précisément le sous-titre, que de « psychanalyse et expérience mystique » : « L’essai qui suit est le fruit d’une interrogation personnelle persistante sur les rapports que peuvent entretenir la psychanalyse et la mystique non religieuse, dite « sauvage » ou (...)
Stéphane Vial, Kierkegaard, écrire ou mourir. Paris : P.U.F., 2007.
L’auteur de ce livre, professeur de philosophie à l’école Boulle et psychologue clinicien à l’Hôpital Tenon à Paris, fonde son travail sur la lecture des cinq volumes du Journal de Kierkegaard, publiés de 1941 à 1961 chez Gallimard. Il s’interroge, dans le Prologue, sur la « note secrète » qui, comme le dit Kierkegaard, serait la « clef » de ses écrits, passant en revue certaines hypothèses avancées sur cette question et parlant, dans la (...)
En bref…
Yvan Avena | Jean Bensimon | Marc-William Debono | Daniel Pierre Brivet | Francesca Y. Caroutch | Bernard M.-J. Grasset | Emmanuel Hiriart | Jean-Pierre Naugrette | Gilles de Obaldia | Patricia Proust-Labeyrie | Yannis Ritsos
Revue Anterem, Rivista di ricerca litteraria, n° 77, V serie.
Sous le titre « Forme di vita », ce numéro de la revue accueille Pascal Quignard, Yves Bonnefoy ou Henri Bauchau, entre autres.
« E immaginare un languaggio significa immaginare una forma di (...)
Claude Vigée, La Nostalgie du Père, Nouveaux essais, entretiens et poèmes 2000-2007. Paris : Parole et Silence, 2007.
Claude Vigée, Chants de l’absence/ Songs of Absence. London :Menard/Paris : Temporel, 2007.
Le lecteur des nombreux livres, surtout des essais, publiés par Claude Vigée au cours de la demi-décennie tout juste écoulée se trouve plongé dans un étonnement admiratif car, outre ce quasi-phénomène éditorial, le Poète comme le penseur (et Claude Vigée développe une prose imagée de poète (...)
Israël Zangwill, Enfants du ghetto. Traduction de l’anglais, notes, glossaire et postface de Marie-Brunette Spire. Paris : Belles Lettres, 2012.
Marie-Brunette Spire nous présente ici, aux éditions des Belles Lettres, et nous traduit, l’ouvrage d’Israël Zangwill, surnommé le « Dickens du Ghetto », paru à Londres en 1892, puis aux Etats-Unis, la même année, et comportant le sous-titre, non de « roman », mais de « Etudes d’un peuple singulier ». La version française qui parut en 1918 était une version (...)
Jean Paira-Pemberton, Selected Poems. Strasbourg : Ranam, Hors série, 2010.
Ce recueil de poèmes inédits, publié à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de Jean Paira-Pemberton, qui enseigna la linguistique à l’Université de Strasbourg, débute, outre la présentation d’Albert Hamm, par une introduction autobiographique du poète par elle-même. Née en Angleterre, en milieu rural, dans une famille en partie méthodiste, en partie anglicane, elle reconnaît sa dette envers le Book of Common Prayer, ou (...)
Jean-Luc Wauthier, Les tablettes d’Oxford. Bruxelles : Editions M.E.O., 2014.
Dans ce roman, Jean-Luc Wauthier donne la parole, à la première personne, à Romulus Augustulus, « dernier empereur romain d’Occident », qui, en sa réflexion sur le pouvoir, considère la poésie comme possible salut. L’auteur fait référence dans son avant-propos au Journal d’Hadrien de Marguerite Yourcenar.
« A la mort, à l’absurde, à l’impuissance, j’aurai volé cela : une brève éternité de quarante années de vraie vie. (...)
Salah Stétié, Décomposition de l’éclair en brindilles. La Broque : Ed. Les petites vagues, 2007
« La roseraie est comme la vallée de la mort.
On la traversera. Et des parfums viendront nous assaillir :cristaux coupants .C’est le sang
Qui se mélange au sang.Et c’est la haute justice de l’oiseau :celui qui tient l’épée »
21 reproductions de peintures accompagnent les textes de Salah Stétié. Colette Ottmann nous fait don de ses créations picturales, blocs informes comme voilés, dilués ou vaporisés d’où (...)
Annaig Renault, Le Dieu vagabond. La Riche : Diabase. 2010.
Un conteur nous rapporte aussi simplement que possible l’histoire d’un petit prophète du nom d’Avel choisi comme messager de Dieu dans sa douzième année. Chaque chapitre du livre est une nouvelle étape dans l’existence de l’élu. La voix divine lui commande alors de quitter la maison familiale pour répandre la bonne parole. Mais Avel se heurte à différents obstacles dont le premier est la solitude éprouvante. Cependant, portant en lui le (...)
Jean Witt, La plume du silence : Toi et moi… et Alzheimer. Paris : Presses de la Renaissance, 2007.
Ce livre rassemble des extraits du journal que son auteur amorça au début de la maladie de son épouse Janine, frappée d’Alzheimer. « De mon journal fait de lettres à une Alzheimer, j’ai tiré ce livre. Janine, ma femme, ne le lira jamais. (p. 9) Elle ne le lira jamais, mais toujours il s’adresse à elle : « Ce n’est jamais le « elle », c’est toujours le « tu ». » (p. 10)
L’ouvrage se compose de six (...)
Jean-Pierre Thuillat, Bertran de Born, histoire et légende. Périgueux : éditions Fanlac, 2009.
Illustrations, cartes et plans. Extraits de poèmes en oc et en français, généalogies, bibliographie, index des lieux et des personnages cités.
Il s’agit d’un ouvrage d’érudition magistral qui a demandé des années de recherches patientes et passionnées autour d’un personnage haut en couleur, malmené par l’Histoire puisque Dante l’a voué à l’Enfer en compagnie de Mahomet, mais rédimé par plusieurs poètes et (...)
Joëlle Zask, Participer : essai sur les formes démocratiques de la participation. Lormont : Le Bord de l’Eau, 2011.
Dans cet ouvrage, Joëlle Zask mène une réflexion philosophique sur le souci actuel, voire l’exigence, de participation. L’auteur voudrait « revaloriser » cette notion tout en révélant ses limites : « une participation bornée à ce que les participants s’engagent dans une entreprise dont la forme et la nature n’ont pas été préalablement définies par eux-mêmes ne peut être qu’une forme (...)
Natan Zach, Compte à rebours. Poèmes traduits de l’hébreu par Charlotte Wardi. Préface de Nissim Calderon. Paris : Caractères, 2013.
Né à Berlin en 1930, Natan Zach émigra avec sa famille en Palestine en 1937. Il fut, de 1978 à 2000, Professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem. Sa poésie a transformé la poésie hébraïque dans la seconde moitié du vingtième siècle.
Les poèmes de ce recueil esquissent, par allusion, ou avec un certain humour, la silhouette d’une décision se modulant au gré de divers (...)
Anthony Rudolf, Zigzag. Manchester : Carcanet, 2010.
Ce joli recueil est orné en couverture d’un autoportrait de Johannes Gumpp (1626-1646), qui se trouve à la Galerie des Offices à Florence. Je ne connaissais pas ce peintre, mais le tableau attire l’attention par sa composition tripartite. On voit le peintre presque de face deux fois, à gauche et à droite, et son visage s’oriente un peu différemment, puisque l’un des portraits est pris dans le miroir et l’autre, sur la toile. Le portrait dans le (...)
Francesca Y. Caroutch, Cahiers étoilés d’une légende. Préface de Camille Aubaude. Paris : Editions du Cygne, 2013.
Ce recueil, dédié à la mémoire de François Augiéras, revient sur l’amitié qui lia Francesca Caroutch à ce grand poète que fut François Augiéras. Elle évoqua d’ailleurs ces moments pour nous dans le numéro de Temporel.
***
Thierry-Pierre Clément, Ta seule fontaine est la mer. Préface de Pierre Dhainaut. Bruxelles : A Bouche perdue, 2013.
« Porter le chant », écrit Thierry-Pierre Clément en (...)
Louise Warren, Interroger l’intensité. Montréal : Typo. 2009.
Avec cette réédition, Louise Warren nous offre son approche de l’art, sa pensée sur la création, tout en nous orientant vers son projet personnel. Les deux premières pages font office de présentation d’un livre qui s’est écrit dans la matière souterraine de l’être. « Déterrer, creuser, aller à la rencontre d’une voix logée au-dessous de la [s]ienne », tel est ce qui détermine toute l’en allée vers le monde sorti du « noir domaine » de l’auteure. (...)
Pierre Zehnacker, Paysage des hommes. Paris : L’Harmattan, 2007.
Recueil de poèmes en quatre mouvements, rassemblés sous le signe de l’inquiétude.
« MÉLANCOLIE
En finir, disais-tu, et c’était comme une rêverie
en de neigeuses années, - dans l’ombre
se tourmente un essaim de pensées impures,
et la fièvre des gestes fait songer au murmure
du destin. Chaque instant frémit d’une peur
timide où survit l’amertume d’un automne perdu.
Ainsi l’image te reproche le chemin suivi,
la plainte impardonnable, (...)
Louise Warren, Attachements, Observation d’une bibliothèque. Montréal : L’Hexagone, 2010.
Ce nouveau livre de Louise Warren, dédié à une mère dont l’âge avancé mène à toutes les inquiétudes, nous vient directement de son expérience de lectrice et de cette soudaine interrogation sur ce qu’il reste de ses nombreux entretiens intimes avec des ouvrages lus jusqu’à aujourd’hui. Se séparer d’une partie de sa bibliothèque supposait un tri. C’est en sélectionnant ceux qui lui semblaient essentiels pour elle-même (...)
Lucien Wasselin, Obscurément le cri. Lille : Ed. Des Airelles, 2008
« Le poème est une longue patience
Qui interroge l’inéluctable
Au bout de la vie
Pour ne pas trouver de réponse »
Tout n’est qu’oscillations, qu’alternances dans la poésie de Lucien Wasselin entre la lumière protégée par le souffle et la frange d’obscurité, entre les cris de la gorge des mineurs et l’épaisseur du silence,entre les douleurs de la vie(la silicose des jours) et l’amour qui s’obstine. Du lent labeur du temps à la nuit (...)
Sébastien Allali, Le doux murmure : Essai sur la tolérance et la foi. Paris : Desclée de Brouwer, 2010.
Sébastien Allali, qui est rabbin et enseigne la Bible et le Talmud, nous invite à la tolérance en s’intéressant au passage du Livre des Rois où Dieu répond à l’intransigeance d’Elie par un « doux et subtil murmure » (IRois19, 12). L’auteur commente les chapitres 17, 18 et 19 du Premier Livre des Rois et met en valeur la co-existence, dans la tradition juive, de l’idéal et de la bienveillance, de la (...)
G.K. Chesterton, Robert Browning. Traduction de l’anglais par Véronique David-Marescot. Paris : Le Bruit du Temps, 2009.
Cette publication, la biographie du poète victorien Robert Browning par Chesterton, accompagne la publication, chez le même éditeur, de L’Anneau et le Livre et du livre d’Henry James, Sur Robert Browning.
« Sur l’œuvre de Browning, beaucoup a été dit et beaucoup reste à dire ; sur sa vie, envisagée comme une suite d’événements, il n’y a guère ou rien à dire. Transparente, publique (...)
Vous trouverez ici les liens qui mènent vers d’autres rivages...
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ainsi que deux pages particulières :
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***
Poètes et amis des poètes :
Claude Vigée : http://judaisme.sdv.fr//perso/vigee/
Atelier GuyAnne :http://atelierguyanne.info
Anne Mounic : site personnel avec rubrique mensuelle
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